Une seconde expérience, qui marchait depuis longtemps,
m’a fourni la pièce qui y est jointe (I).
Ces deux anatomies étaient assez concluantes, puisqu’elles
prouvent manifestement que les vaisseaux
radiculaires, rares et très-courts d’abord, se sont multipliés
et allongés régulièrement, de haut en bas, sur
toute la tig e , qui s’en est considérablement accrue,
surtout vers la base.
Mais je ne me suis pas arrêté à ces deux premiers
faits.
.l’ai détaché le sommet d’une tige de Dracæna encore
chargée de feuilles, et longue de six à huit centimètres.
.l’ai coupé les feuilles assez près de la tige,
j)uis je l’ai plantée.
De nouvelles feuilles se sont formées au sommet,
et, un mois et demi après, j ’ai retiré cette bouture de
la terre (2).
Par la macération, elle m’a donné le résultat suivant
, que je mets aussi sous les yeux de l’Académie
(3).
Les nouvelles feuilles formées par le bourgeon terminal
ont envoyé des vaisseaux radiculaires, qui, arrivés
à la base du rameau, ont donné naissance à
quatre racines. Toute l’histoire des boutures est renfermée
dans ce fait.
Enfin j’ai pris plusieurs boutures de tiges de la même
(t) Voy. Gaiulichaïul, Organographie, pl. 5, lig. 6.
(2) 1,1., ibi,l., pl. 12 , lig. 17.
(3) I d ., ib id ., pl. 12, lig. 18.
E't LA PHYSIOLOGIE DES IMONOCOTYLÉS. 2>J
piaule, (|ui ii’avaienl ni bourgeons, ni feuilles, ni racines,
et je les ai plantées.
A leur sommet, il s’est développé plusieurs bourgeons
dans les cicatrices des feuilles anciennes.
.l’ai procédé comme pour le premier exemple, c’est-
à-dire qu’à l’exception d’un seul bourgeon , je les ai
tous détruits.
Le bourgeon conservé m’a donné, sur une première
bouture, des vaisseaux radiculaires qui atteignaient
à peine le tiers supérieur de la longueur (1 ).
Sur une seconde, observée plus tard, ces vaisseaux
dépasssaient le milieu.
Sur une troisième, étudiée plus tard encore, ils
descendaient jusqu’à la base de la bouture, mais sans
donner encore de racines.
Une quatrième et dernière, qui resta quelque temps
de plus en terre, avait formé un assez gros rameau et
deux racines principales rameuses. C’est l’exemple
que j’ai l’honneur de montrer à l’Académie (2).
Le Dracæna est peut-être, de toutes les plantes mo-
nocotylées ligneuses, celle qui se rapproche le plus,
par ses phénomènes de développement, des Dico-
tylées.
Ses rameaux, ses tiges et ses racines, s’accroissent
en diamètre exactement de la même manière.
Dans ces plantes, on voit clairement, même à l’oeil
nu, les vaisseaux radiculaires du rameau passer sur la
(1) La première pièce (voy. Gaudichaud, Organographie, pl. 5,
lig. 8) en donne exactement la forme.
(2) Voir cette pièce aux galeries de botanique du Muséum.