412 ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE COMPAREES
légomènes (1 ), et ce que nous venons de répéter ici à
satiété, sera, nous l’espérons, suffisant pour faire, sinon
adopter, du moins comprendi’e les principes nouveaux
que nous allons développer et démontrer par
des faits qui, pour nous, sont concluants.
Cejiendant, avant d’aborder les faits de l’anatomie
comparée des Monocotylés, il nous reste encore une
lâcbe à remplir, celle d’expliquer à l’Académie le mécanisme
des agencements des fdets qui constituent la
jiartie ligneuse des tiges ou stipes de ces végétaux.
Rappelons d’abord que, dans tous les Monocotylés,
les pbytons naissent les uns des autres, les uns au-des-
siis des antres , et entièrement les uns dans les autres,
an sommet central des bourgeons, et que , au fur et à
mesure qu’il s’en produit de nouveaux dans ce centre
même du bourgeon, lesquels grandissent succesive-
rnent, les premiers formés, dont les bases vaginales recouvrent
celles de tous les derniers, sont refoulés par
ceux-ci de dedans en dehors, et de haut en bas (2 ),
vers la circonférence, et enfin que tous enveloppent
complètement le point de la tige ou du bourgeon qui
leur sert de support (3).
Relativement à la forme primitive des feuilles, il n’y
a que ceux qui n’ont jamais vu, même dans nos serres,
(1) Voy. Comptes rendus, n” 9 (30 août 1847).
(2) .lusqu’à la base extrême tlu bourgeon.
(3) Ce fait est général. Les feuilles des Dracæna, Cordyline, A s paragus,
L ilium , etc., font, en grandissant, exception à cette règle;
mais ces exceptions ne sont dues qu’à des phénomènes particuliers
de développement que nous expliquerons en parlant de ces plantes.
un Palmier vivant, qui ignorent que toutes les fenilles,
au fur et à mesure qu’elles s’échappent du sommet
axile du bourgeon, apparaissent comme de longues
flèches verticales, et que, selon les espèces et les climats,
ces flèches, qui de loin figurent assez bien celles
des paratonnerres, acquièrent sous cette forme, et dans
cette direction, un, deux, trois et même quatre mètres
de longueur avant d’épanouir leurs folioles rubanées
qui, jusque-là, restent fortement appliquées sur la côte
moyenne ou racbis.
Toutes les feuilles des Palmiers naissent donc au
centre supérieur des bourgeons ; et tandis qu elles acquièrent
verticalement presque toutes leurs dimensions,
leurs bases enveloppantes, incessamment dilatées
sous feffbrt des nouvelles feuilles, s’élargissent
progressivement jusqu’à la circonférence du stipe, où
elles arrivent souvent sans avoir rompu le cylindre
de leur gaine. C’est par l’effet de ce mouvement insensible,
mais continu, qui s’opère sur toute la base
cylindrique des feuilles, et leur fait parcourir de haut
en bas un arc de cercle de soixante, quatre-vingts,
quatre-vingt-dix et même cent degrés, que leurs filets,
en suivant ce mouvement, finissent par former, en partant
de tous les points intérieurs, depuis le centre jusque
près de la circonférence des tiges, les courbures
ou angles divers que chacun peut voir sur ce tronçon
de Dattier, comme d’ailleurs nous le montrerons encore
sur les Cocotiers, les Xanthorrhoea (1), les Liba-
(1) Voy. Gaudichaud, Organographie, pl. 10, hg. 13.