RECHERCHES ANATOMIQUES
SÜR LA TIGE DU R A V E N A L A (1),
DE LA CLASSE DES MONOCOTYLÉS;
PAR CHARLES GAUDICHAUD (2).
Tout le monde connaît aujourd’hui l’arbre du voyageur,
le Ravenala des Madécasses (3), d’Adanson et
de Sonnerat; YUrania de Schreb. et de L. C. Richard
; et cbacun sait qu’il suffit de percer la base
dilatée des feuilles de cet arbre, pour en voir couler
aussitôt une abondante quantité d’eau fraîche et suave
comme celle d’une source vive ; ce qui a fait donner à ce
curieux végétal, par les premiers navigateurs qui ont
visité Madagascar, le nom qu’il porte, et sous lequel
il est généralement connu, celui d'arbre du voyageur.
Mais ce que n’ont peut-être pas dit ces navigateurs,
et ce qui résulte pourtant de renseignements que tout
m’autorise à croire exacts, c’est que le Ravenala ne
croît jamais naturellement qne dans les terrains bu-
(t) Ravenala Madagascaricnsis, Adanson, Sonnerat;
Ravenala speciosa, 'Wîlld. ;
Urania speciosa, Schreb., L. C. Richard, Persoon, etc.
(2) Voy. Comptes rendus de. l ’Académie des sciences, séance du
18 août 184S.
(3) Cet arbre, qui provient de Madagascar, a été porté à l ’Ile de
France en 1 7 0 8 , par M. Rochon, et de là à l’île Bourbon, dans
l’Inde, etc. C’est le Travellers tree des Anglais.
RECHERCHES SUR LA ÏIGE DU RAVENALA. 283
mides, et ordinairement sur les bords des torrents et
des rivières, où l’on trouve de l’eau plus limpide encore,
plus fraîche, plus abondante et surtout plus facile
à se procurer.
Cet arbre, du groupe des Musacées, au tronc simple,
droit, légèrement conique, comme celui de tous
les Monocotylés unibourgeonnés ; aux feuilles et aux
panicules élégantes, distiques ; aux fleurs irrégulières;
aux fruits ligneux, capsulaires, à trois valves allongées,
éburnées et cloisonnées au centre; aux graines
nombreuses, lisses, bisériées dans chaque loge, rougeâtres
et résineuses à la circonférence, pâteuses ou
farineuses au centre, munies d’un arille foliacé, membraneux,
fimbrié et de la plus belle couleur azurée ;
enfin, aux embryons légèrement foliacés, horizontaux,
courbés, etc. ; cet arbre, dis-je, est trop bien connu
des naturalistes pour qu’il soit nécessaire d’en tracer
ici plus complètement les caractères botanicjues.
Le but que je me suis proposé dans ce premier
mémoire, est de faire connaître les principaux traits
de l’anatomie générale ou organographique de la tige
de ce singulier végétal; anatomie réelle et bien distincte
pour moi, cbacun le sait maintenant, des études
microscopiques des tissus organiques divers auxquels
d’autres botanistes appliquent exclusivement ce nom.
.Te me suis assez nettement expliqué sur ce point, pour
qu’il ne soit plus nécessaire d’y revenir.
Lors de mon passage à Calcutta, en 1837, et dans
la visite que je fis, au jardin de la Compagnie anglaise,
à noire célèbre confrère M. le docteur Wallicb, 1 un