!1L
Il .'.i
«■(i;'
1,
'il
»
ii
envoient des vaisseaux radiculaires d’abord sur les
tissus ligneux de cette bouture, puis dans les racines
qui se sont produites à sa base ; à plus forte raison
prouverons-nous qu’on obtiendra les mêmes résultats
d’une greffe , c’est-à-dire de bourgeons tout formés ,
entés naturellement sur les jeunes rameaux d’un individu
, et que nous enlèverons pour les transporter et
pour ainsi dire les planter sur un sujet différent, mais
de nature analogue, au lieu de les mettre en terre
pour en former des boutures. Une greffe n’est donc
autre chose qu’un bourgeon qui, an lieu de naître naturellement
sur un sujet végétal, y est porté tout formé
et s’y lie au moyen de ses tissus cellulaires et de toutes
ses productions radiculaires.
Il n’y a donc, sous ce rapport, aucune espèce de
différence dans les phénomènes organograpbiques qui
se [>roduisent entre les bourgeons qui naissent naturellement
sur un végétal et les bourgeons qui y sont
greffés.
Seulement, si l’on greffe du bois rouge sur du bois
blanc, toutes les parties qui se trouveront dans les limites
de la greffe seront rouges et jjroduiront des
])ourgeons à bois rouge, tandis que les autres restè-
ront blanches et ne produiront jamais que des bourgeons
à bois blanc.
Dans notre Physiologie, où ce curieux phénomène
est traité très au lon g, nous prouverons , mieux que
nous ne l’avons peut-être fait encore, que ce sont les
mêmes vaisseaux qui couvrent les deux sortes de bois,
el que leurs colorations différentes ne sont qu’ajipa-
ET LA PHYSIOLOGIE DES MONOCOTYLÉS. 93
rentes, et dues seulement aux milieux divers qu’ils
traveisent.
Voici des greffes desséchées de bois rouge sur bois
blanc, mais qui ont en partie perdu leurs couleurs par
la dessiccation et le temps ; mais je vous en apporte
aussi de fraîches, sur lesquelles le phénomène est fortement
marqué.
Que l’Académie me permette de lui rappeler que,
dans le temps, j’ai fait des injections dans ces greffes,
et que même j’ai introduit des cheveux dans le bois
rouge , et qu’ils sont allés sortir par le bols blanc, et
vice versa (1).
Maintenant que nous savons qu’une bouture quelconque
, soit de rameau, soit de tige, de racine, de
feuille ou de n’importe quelle autre partie végétale
vivante ( 2), peut produire des bourgeons ; maintenant
que nous savons que ces bourgeons commencent par
une cellule, et que cette cellule animée produit un
premier pbyton double dans les Dicotylés, que ce
premier pbyton en produit un deuxième, le deuxième
un troisième, etc.; maintenant enfin que nous connaissons
ces phytons, leur système ascendant qui produit
l’accroissement en hauteur, leur système descendant
qui, avec le rayonnement des fluides cellulifères,
produit l’accroissement en largeur, nous pouvons
aborder franchement tous les phénomènes connus de
(1) Voy. Gaudichaud, Recherches sur lés vaisseaux tubuleux
(Annales des Sciences naturelles, mars 1 8 « ) .
(2) Voy. id .. Organogénie (Comptes ren d u s, t. X IV , p. 773
et suivantes).