l’un des côtés. Un bourgeon s’est formé sur le bord de
la partie inférieure, et envoie naturellement son torrent
ligneux vers la base de la racine.
Examinez toutes ces pièces, qui sont plus ou moins
profondément entaillées, ou qui ont été complètement
divisées, et vous trouverez partout la preuve matérielle
de la descension des tissus ligneux.
Vous verrez que tous descendent verticalement
jusqu’à la lèvre supérieure des plaies, et que lorsqu’ils
ne peuvent les franchir, il se dévient à droite et à
gaucbe pour aller chercher un passage libre dans les
autres parties, qu’ils tendent à se rapprocher au-dessous
de la lèvre inférieure, où cependant ils laissent
presque toujours un vide plus ou moins grand. S’ils
montaient, l’effet contraire aurait naturellement lieu.
,1e me suis attaché, dans le cours de mes recherches,
à répéter toutes les expériences des grands physiologistes
des deux derniers siècles. En voici une qui
m’a été indiquée par Duhamel du Monceau, et qui paraîtra
au moins fort curieuse.
En 1839, je fis une expérience sur une racine de
peuplier dénudée de terre dans la partie moyenne de
sa longueur. Cette racine, exposée à l’action de l’air,
tenait par sa partie supérieure à la base du tronc, et
par sa partie inférieure au sol. Elle était nue dans une
longueur d’un mètre soixante centimètres. Je fis avec
la scie trois ou quatre entailles profondes sur la partie
aérienne de cette racine, et laissai 1 experience
marcher jusqu’au printemps de l’annee suivante.
En 1840, j’enlevai la partie de cette racine sur la-
ET LA PHYSIOLOGIE DES MONOCOTYLÉS. 447
quelle j’avais opéré, et laissai le lambeau supérieur fixé
au tronc, et l’inférieur dans le sol.
Le supérieur, qui pendait le long de la berge, avait
donné naissance à plusieurs petits rameaux. Je les
coupai tous, à l’exception d’un seul, le plus vigoureux.
Celui-ci, malgré la soustraction de la partie inférieure
de la racine, n’en continua pas moins sa végétation
jusqu’au 5 juillet 1842, epoque a laquelle j enlevai
la pièce pour ma collection.
Une expérience du même genre et de la même
époque est encore aujourd’hui en activité. Le petit
arbre qui en est résulté a maintenant de trois à quatre
mètres de hauteur.
Je ne puis entrer ici dans les détails théoriques de
ces expériences ; la description de ce fait, envisagé a
ma manière, prendrait toute une seance de 1 Académie,
et je n’abuserai pas à ce point de son temps. Je
me bornerai donc à faire remarquer qu’un gros rameau,
un petit arbre s’est développé et a végété pendant
quatre ans (et un autre pendant cinq ) , à 1 extrémité
flottante d’une racine tronquée; que le tronc de
cet arbre est plus gros que la racine qui lui sert de
support et qui le nourrit, et que ses tissus radiculaires
ont triplé le diamètre de cette partie inférieure de la
racine.
Ne trouverez-vous pas, messieurs, dans ce fait isolé,
une démonstration complète de la doctrine pliytolo-
gique que je soutiens? Ne verrez-vous pas que cet
arbre tout entier, qui ne vivait que des sucs ap