Non, monsieur de Mirbel, ce n’est pas moi qui ai
des idées préconçues !
Tandis que je cherche à simplifier, M, de Mirbel
cherche à tout compliquer, et à tel point même, que
si je ne connaissais aussi bien la noblesse de son caractère
et son amour si évident pour la vérité, je me
serais peut-être laissé aller à croire que le but de notre
savant collègue était de rendre cette partie de la
science incompréhensible.
A quoi cela tient-il donc? à la direction que suit
M. de Mirbel, qui, pour trouver le cambium, par
exemple, le cherche dans des anatomies microscopiques
de tissus, faites sur des coupes horizontales,
verticales et obliques de tous les organes, et qui cherche
encore aujourd’hui le mécanisme des développements
dans les parties les plus complexes et les plus
inextricables des végétaux.
Peut-on expliquer l’origine des fleuves sans remonter
aux sources?
Peut-on reconnaître les eaux de celles-ci lorsqu’elles
sont mêlées et en quelque sorte combinées ?
Assurément non.
Je soutiens donc que M. de Mirbel ne peut davantage
reconnaître les sources de l’organogénie, de l’or-
ganographie et de la physiologie dans les matériaux
qu’il a choisis, dans les moyens qu’il a employés, pas
plus que dans les idées qui le dirigent généralement.
J’ai protesté contre toutes les théories qui, successivement,
ont été établies sur le cambium, parce que
toutes ces théories sont vagues et incertaines ; parce
ET LA PHYSIOLOGIE DES MONOCOTYLÉS. 17
que toutes se contredisent et se démentent; en un
mot, parce que, selon moi, le cambium, comme corps
déterminé, n’existe pas.
J’ai activement cherché la démonstration de ce
corps ou principe dans les écrits des chefs de la
science , et principalement dans ceux des Malpighi,
des Grew, des Duhamel, et de tous ceux qui se sont
sérieusement occupés de ce sujet, jusqu’à M. de Mirbel
inclusivement, et je déclare que je ne l’ai pas trouvée.
Ne trouvant rien qui fût démontré dans les écrits de
ces savants, j’ai de nouveau cherché le cambium dans
la nature, et n’ai pas été plus heureux.
J’ai bien trouvé plusieurs substances qu’à la rigueur
on pourrait nommer cambium, une, entre autres, qui
abonde dans les végétaux, et qu’il est facile d’extraire
et d’étudier ; mais cette substance ne justifierait en
aucune manière la théorie organogénique du cambium,
théorie contre laquelle je m’élève, parce qu’elle
est spécieuse, parce que depuis bientôt deux siècles
qu’elle règne sur la science, elle ne lui a fait faire aucun
progrès, et qu’au contraire elle en a, selon moi,
paralysé tous les efforts ; enfin , parce qu’elle tend à
détruire les lois naturelles de l’organisation, et à entraver
les progrès de l’organogénie et conséquemment
de la physiologie.
J’ai dit, messieurs, que toutes les théories nouvelles
de M. de Mirbel sont fâcheuses pour la science, parce
(jue je regarde comme une chose déjà très-fâcheuse la
dissidence complète qui existe entre les physiologistes,
et que ce désaccord n’existerait peut-être pas
B o b i t e , — Botanique. Tome II. 1