bleui caractériser quelques rares végétaux croissant
sinon anormalement, du moins dans des conditions
tontes particulières, tout exceptionnelles, comme des
objections, des entraves, des obstacles capables d’arrêter
nos généralisations, nous les recbercherons au
contraire avec empressement ; car ce sera surtout avec
les végétaux qui les produisent que nous tenterons
d’éclairer les voies de la physiologie, encore si étroites
et si obscures de nos jours, qu’on ne peut raisonnablement
les parcourir, ni même, sans témérité, s’y
hasarder.
C’est, en effet, à ces végétaux que, plus particulièrement,
nous demanderons, par exemple, l’explication
des phénomènes les plus essentiels de leur existence
, tels que l’absorption, la respiration , la
circulation, etc., phénomènes qui, tout modifiés que
bien certainement ils sont dans ces groupes, ne s’y
accomplissent pas moins à des degrés divers.
11 nous suffira donc de comparer l ’organisation
et les fonctions générales de ces êtres avec l ’organisation
et les fonctions de ceux qui croissent normalement
sur le sol et au contact direct de l’air, pour
établir les doubles différences qui existent entre eu x ,
et, de proche en proche, remonter jusqu’aux causes
qui les déterminent; et pour prouver que, malgré
les notables différences qu’ils présentent, tous sont
soumis aux trois grandes forces régissant la végétation
: 1° la force individuelle qui préside au développement
des pbytons, et produit l’accroissement
Yertical ou en hauteur; 2“ la force qui détermine
l’organisation et la descension des filets radiculaires,
et de laquelle résulte, conjointement avec la force
de rayonnement, l’accroissement en diamètre ou en
largeur.
Ce travail, je ne me le suis pas dissimulé, sera long
et pénible, et d’autant plus que les végétaux sont
comme d’obscurs oracles dont les réponses ne sont
que des signes , et ces signes eux-mêmes que des problèmes
trop souvent inexplicables.
Vous leur demandez, par exemple, quelle est la
cause de telle ou telle fonction spéciale ou générale,
et ils ne peuvent vous répondre que par tel ou tel
trait spécial ou général de leur organisation; par les
différences ou anomalies qu’ils vous présentent; par
leurs stations infinies, ou, en d’autres termes, par les
milieux dans lesquels ils sont appelés, eux et leurs
parties, à remplir les phases de leur existence.
Ne vous étonnez donc pas, messieurs, si la science
de la physiologie marche si lentement; c ’est que, jusqu’à
ce jour, elle n’a été bien comprise que par de
rares interprètes , lesquels , malheureusement, n’ont
pu lui consacrer qu’une faible partie de leur vie et de
leur talent. Les noms de ces bommes éminents, qui
ont pris la science au sérieux, et en ont fait un second
culte, sont tous au bout de ma plume , et je pourrais
vous les citer; mais vous connaissez trop bien leurs
travaux, ceux surtout qui ont été faits sur les plantes
qui vivent ordinairement au sein des eaux, pour qu’il
soit nécessaire de vous en citer ici les auteurs.
Pour se rendre un compte exact des fonctions des
B o n i t e . — B o ia n iq u e . T om e II. 13