TROISIÈME PARTIE (i).
Je vous ai montré, messieurs, sur une tige de Cor-
dyline australis, que rien de ce que vous a annoncé
M. de Mirbel, concernant la décurrence et la
décussation des fdets de la région centrale de ce végétal,
n’est conforme aux descriptions qu’il en a faites ;
que, loin de se croiser dans le centre de la tige, ces
blets s’insèrent, par leurs deux extrémités, assez exactement
sur un seul de ses côtés, et qu’ils ne se ramifient
jamais à leur sommet.
Mais, comme je crains qu’on n’élève quelques doutes
sur l’identité spécifique de la tige disséquée que je
vous ai montrée dans la dernière séance, je viens aujourd’bui
vous apporter des anatomies faites sur la
base de l’arbre même qui a servi aux expérimentations
de M. de Mirbel. Par ce moyen , le doute ne sera plus
permis.
J’ai éprouvé d’assez grandes difficultés à me procurer
des tiges de Cordjline australis. On sait que cette
plante, qui se cultive dans les serres, est assez rare.
Quelques amis de la science, qui avaient deviné
mon embarras et la nécessité on je pouvais me trouver
de combattre sans armes suffisantes, ont bien
voulu m’envoyer plusieurs tronçons desséchés de cet
arbre ; mais ces bois étaient arrivés à un trop grand
(I) Voy. Comptes rendus de l ’Académie des sciences, séance du
26 mai 184b.
degré d’altération pour qu’ils pussent utilement servir
aux expériences que j’avais à leur faire subir.
D’un autre côté, le Muséum, qui avait déjà sacrifié
un sujet de cette plante, ne pouvait disposer d’im second.
Je me trouvais donc réduit, pour réfuter les assertions
de notre savant confrère et contredire tous
les faits qu’il a avancés ,. faits sur l ’inexactitude desquels
j’étais d’avance parfaitement fixé, au seul tronçon
que j’ai décrit et que je vous ai montré dans la
dernière séance ; lorsque le hasard me fit rencontrer,
dans les serres du Muséum, le reste du tronc du Cordjline
amtralis dont M. de Mirbel avait employé le
sommet pour faire ses études anatomiques.
Ce tronc, coupé depuis assez longtemps à environ
un mètre soixante-quinze centimètres de sa base, était
mort dans ses ving-cinq centimètres supérieurs, mais
parfaitement vivant dans tout le reste de sa longueur ;
il portait même, au sommet de cette dernière région,
trois jeunes bourgeons, qui s’étaient développés depuis
l’époque du retranchement de sa partie supérieure.
Ces trois bourgeons me furent donnés avec soixante-
quinze centimètres de la tige, et M. le jardinier en
chef voulut bien y joindre une très-jeime bouture de
la même plante. Ce sont les matériaux que j ’ai étudiés,
que je vais successivement décrire et faire passer
sous vos yeux.
Je crus devoir commencer mes études par l’ordre
de distribution des feuilles, qui, alors , étaient représentées
par leurs cicatrices ou impressions.
Je trouvai, en partant d’une feuille (pielcoiique,.