Attendons-les donc, messieurs; mais pour le moment,
déclarons avec franchise, et en assumant toute
la responsabilité de nos paroles, que presque tous les
principes d organographie et de physiologie établis
jusqu a ce jour dans la science sont de tout point contraires
à la vérité ; que les quatre cinquièmes au moins
ne reposent que sur des idées spécieuses; qu’ils sont
conséquemment sans bases, sans preuves, sans rien qui
puisse les étayer ni les démontrer, et qu’ils s’évanouissent,
pour la plupart, devant la moindre analyse
sérieuse qu’on en fait. On a d on c , du moins selon
m o i, enseigné jusqu’à ce jou r , et bien sans le vouloir
sans doute, l ’erreur à la place de la vérité.
Voyons maintenant, seulement par quelques mots,
ce que c ’est que le tissu générateur.
Aussi longtemps qu’on ne s’est occupé que de l’organisation
des Dicotylés , on s’est tiré d’affaire , tant
bien que m al, avec un être de raison nommé caîi-
BIUM.
Mais dès qu’il a été question d’étudier les Monocotylés
et qu’on a vu l’impossibilité de leur appliquer ce
nom, on s’est bien vite empressé d’en créer un autre
qui, à mes yeux, a exactement la même valeur. Je
veux parler du tissu générateur q ue, depuis assez
longtemps, M. de Mirbel a introduit dans la science.
Nous n’avons que faire de rechercher dans quelles
circonstances ce nom a pris naissance, ni quel rôle
on lui a déjà fait jouer ailleurs ; nous y reviendrons
en temps plus convenable.
Nous le prendrons tel qu’il nous a été donné dans
le mémoire sur le Dracæna australis (Cordjline
australis), qui nous occupe en ce moment.
Pour cela, suivons textuellement M. de Mirbel.
« Depuis que j’ai porté mon attention sur le Dra-
« cæna, dit M. de Mirbel (Comptes rendus de l’Aca-
« démie, 7 octobre 1844, page 697, ligne 34), je me
« suis fort préoccupé de celte couche utriculaire
« mince, délicate, transparente, qui, d’un côté, tient
« à fé c o r c e , e t , de l’autre, à la région intermé-
r< diaire. »
Nous sommes ainsi déjà fixés, par ce peu de mots,
sur la nature et la position du tissu générateur, puisque
c’est le corps auquel nous avons donné le nom
de périxyle et qui limite fécorce dans sa partie intérieure,
et le bois dans sa partie extérieure.
Continuons nos citations : « L’oeil (Comptes rendus,
(( page 6 9 8 , ligne 2), à l’aide d’un puissant mi-
« croscope, ne tarde pas à découvrir çà et là, dans la
(( p artie la plus excentrique de ce tissu, de très-petits
« espaces vagues et nébuleux. Quelquefois aussi, dans
« certaines places, il semlile qu’il y ait eu déformation
« ou même dissolution de membranes utriculaires. Là
!( se produisent et s’accumulent confusément des gra-
« nules d’une extrême petitesse. A cette espèce de
« chaos succèdent bientôt l’ordre et la symétrie. Les
(( granules se meuvent, se rencontrent, s’ajustent en-
t( semble comme si elles étaient animées, et, si j’ose
« le dire, bâtissent des utricules qui ne diffèrent de
(( celles qu’on voit communément que parce que leurs
« parois sont mamelonnées , et il n’est pas rare q u e ,