avant l’arrivée, sur la partie supérieure, des vaisseaux
radiculaires des nouveaux individus qui s’engen-
draient ou qui achevaient de se constituer dans ces
bourgeons.
J’ai eu beaucoup de peine à détacher l’écorce du
bois, surtout dans la partie inférieure, où elle adhérait
aussi fortement qu’en hiver.
Si vous voulez bien examiner cette pièce, vous ne
trouverez pas un seul vaisseau radiculaire à la surface
de la partie supérieure, et encore moins à sa partie
inférieure.
Voici maintenant une nouvelle pièce préparée à la
même époque (15 août 1843) et recueillie le 9 mai,
au moment oû presque toutes les feuilles étaient en
voie de développement. Toute sa partie supérieure est
couverte de vaisseaux ligneux radiculaires, et, comme
vous pouvez vous en convaincre, il n’y en a pas de
traces à la partie inférieure.
Le bord inférieur de la plaie était fortement tuméfié
par la présence d’une masse considérable de tissu
cellulaire qui, plus tard, eût infailliblement produit de
nombreux bourgeons.
Vous voyez, messieurs, que puisque nous connaissons
aussi bien les causes et les effets de ces développements
divers, nous pouvons, en multipliant et en
combinant bien nos expériences, obtenir tous les résultats
que la nature peut produire , puisqu’elle s’est
pour ainsi dire mise à notre discrétion , et qu’elle
marche au gré de nos désirs ; puisque nous pouvons
prédire d’avanee quels seront les résultats de toutes
ET LA PIIYSIOr.OGIE DES MONOCOTYLÉS. t0 3
les expériences que nous pourrons faire. 11 ne nous
faut donc plus que du temps pour arriver à la démonstration
complète du phénomène de l’accroissement
des couches.
Avant de quitter la série des expériences de décortications
circulaires, rappelons que de fortes ligatures
produisent des effets analogues (1 ), et citons
encore quelques exemples remarquables.
En voici un qui mérite peut-être 1 attention de 1 A-
cadémie.
Tout le monde a vu ces arbres à rameaux pendants
et dont les extrémités atteignent souvent le sol : les
saules, les Sophora, et les frênes pleureurs ou en parasol.
J’ai enlevé un anneau d’écorce sur les rameaux de
ces arbres, et le bourrelet s’est encore formé au bord
supérieur réel de la cicatrice, quoique, par la position
renversée des rameaux , ce bord supérieur fût placé
au-dessous de l’inférieur. Ce fait est assez important,
en ce qu’il prouve que la force qui produit les développements
ligneux réside dans les bourgeons, et que,
quelle que soit la position des végétaux ou de leurs
parties, elle agit toujours dans le même sens, c est-à-
dire du sommet organique à la base.
Voici des expériences qui ne sont pas moins dignes
d’intérêt.
La première nous est fournie par un jeune saule
sur lequel j’ai fait trois décortications circulaires assez
(1) Vov. Gaudichaud, Organographie, pl. t 6 , lig. 1, 2 , 3, 4.