Mais si la feuille primordiale et toutes celles qui
s’engendrent successivement par elle envoient leurs
prolongements radiculaires sur l ’embryon , ce qui
arrive dans la pluralité des cas, celui-ci persiste et
fait naturellement partie de la tige. Autrement il en
e.st exclu.
Tous ceux qui ont étudié la germination des graminées,
comme d’ailleurs de beaucoup d’autres monocotylés,
savent bien que non-seulement l’embryon,
mais aussi la feuille primordiale, n ’a en général qu’une
existence éphémère, et que la tige réelle ne part le
plus souvent que de la feuille secondaire, c ’est-à-dire
de la troisième en comptant le cotylédon.
Dans ce cas, toute la vitalité du jeune végétal se
réfugie au sommet, dans le troisième individu, ou
pbyton.
Faites maintenant l’application de ce principe à la
vie des végétaux, et vous aurez la preuve que ces
êtres ne perpétuent leur existence que par la vie particulière
des individus qui, selon le climat, se forment
annuellement ou d’une manière incessante à leurs
extrémités, et que c ’est cette vitalité se répandant de
haut en bas sur tout le végétal qui lui donne la faculté
de traverser des siècles. Ce principe nous conduira
tout naturellement encore à l’explication de la faiblesse
de vitalité des plantes herbacées et autres.
Faites développer, par des moyens aujourd’bui
très-connus, des bourgeons sur une plante dite herbacée
ou annuelle, mettez cette plante dans des conditions
favorables de chaleur et d ’humidité, et vous la
ET LA PHYSIOLOGIE DES MONOCOTYLÉS. 53
convertirez en plante vivace. Ce procédé d’horticulture
est connu de temps immémorial.
La vie active des végétaux, cette vie qui produit
l’accroissement et les fonctions générales, réside donc
dans les individus ou phytons, et non dans le végétal
tout entier privé de bourgeons.
Celui-ci peut vivre encore, mais seulement d’un
reste de vie active, d’une sorte de vie lente, en un
mot d’une vie cellulaire qui ne lui permet de former
que des cellules et tout au plus d’en animer quelques-
unes.
Coupez transversalement une tige de Monocotylée,
et elle périra promptement s’il ne lui reste p.is assez
de force ou de vitalité pour animer quelques cellules
et les convertir en bourgeons.
Si elle est encore assez vive pour produire des
bourgeons, elle reprendra immédiatement toute sa vigueur
première, parce que la vitalité des bourgeons
se répandra aussitôt dans tout le reste du végétal.
Mais si vous enlevez les bourgeons au fur et à mesure
qu’ils se produiront, la plante ne tardera pas à
cesser de vivre ; tandis que les bourgeons détachés de
ce végétal, mis en terre et tenus dans des conditions
favorables, végéteront avec force et rapidité.
Lue vieille plante ne vit donc plus que de la vitalité
des individus qu’elle engendre.
La vie est, sans nul doute, un principe unique ;
mais ses manifestations nous autorisent à la diviser,
comme nous l ’avons déjà fait dans notre Organogénie,
en vie lente, ou cellulaire, et en vie active, ou