DEUXIÈMES NOTES (1)
J’ai dit que tous les corps organisés commencent
par une cellule. Cela est surtout évident pour les végétaux.
Je pourrais répéter ic i, à ce sujet, tout ce que j’ai
avancé dans les principes généraux d’organogénie
que j’ai communiqués l’an dernier à l’Académie (2),
et rappeler à votre souvenir les faits principaux qui
m’ont conduit à admettre que la cellule animée, soit
d ’un fragment isolé de végétal, soit d’un végétal entier
, soit enfin d’un ovule , produit toujours im premier
individu, simple dans les Monocotylés, double
ou multiple dans les Dicotylés; que cet individu primitif
(pbyton), quel que soit le nom qu’on lui donnera,
tel que bourgeon, bulbille, embryon, sera toujours un
être à part, isolé ou greffé, ayant son organisation et
sa vie propres, indépendantes ; que cet individu, simple
ou double, c’est-à-dire monocotylé ou dicotylé,
dès qu’il sera arrivé à un certain degré d’organisation,
donnera naissance à un second individu, simple
ou double, puis à un troisième, un quatrième, etc.,
de plus en plus petits, et au centre desquels on trouvera
facilement la cellule animée destinée à continuer
le végétal (3).
(1) Voy. Comptes rendus de l ’Académie des sciences, séance du
9 octobre 1843.
(2) Ih id ., t. XIV, p. 973.
(3) Des physiologistes, fort habiles d’ailleurs, se sont fortement
Prenons donc le bourgeon, quels que soient son
origine, sa forme et le nom qu’on lui donnera.
Prenons surtout aujourd’hui un bourgeon de plante
monocotylée, et spécialement un embryon évidemment
formé d’éléments organisateurs qui, successivement
, se sont constitués au sein de la cellule embryonnaire.
L’embryon, comme on le sait maintenant, comrécriés
lorsque j’a i , pour la première fo is, exprimé cette graude
vérité.
J’abusais, disaieut-ils, de la liberté qu’ou a de faire des théories
iraagiuaires.
Comme s’il y avait autre chose que des observatious et des faits
daus cette manière d’expliquer les phénomènes de la nature.
Ces physiologistes admettent, cependant, que les bourgeons les
])lus réduits tirent les principes de leur vie des corps extérieurs ;
des périspermes, lorsqu’ils en on t, e t, dans le plus grand nombre
de cas, spécialement celui des graines sans périspermes, d’éléments
météoriques étrangers à leur nature, comme l’eau, l’étlier, la chaleur,
la lumière, etc.
Tous admettent, sans doute aussi, qu’un bourgeon de plante
étrangère, greffé sur un végétal ind ig ène , se colle à lui et s’identifie,
pour ainsi dire, avec ses diverses fonctions.
Et ils ne sauraient comprendre la greffe n atur elle, normale ou
symétrique, anormale ou adventive, des individus qui se forment
incessamment sur le végétal qui les produit; et cela, parce que
ces individus naissent tout greffés, parce que la cellule qui s’anime
est naturellement unie à des cellules de sa nature et fécondée en
quelque sorte par le lait de sa propre m è r e , qu’on me passe cette
expression.
Mais ce qu’ils n’admettent pas aujourd’hui, et ce qu’ils n’admettront
sans doute jamais, d’autres le feront pour eux. Pour moi, je
suis certain <jue les générations futures l’adopteront.
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