que tous les sucs organisateurs et tous les tissus qu’ils
forment, passent du tronc dans la racine, que tout
descend, que rien ne monte, si ce n’est la plus grande
partie de l’humidité qui alimente le végétal.
Dans mon premier voyage, je n’avais qu’un microscope
qui renversait les objets et m’opposait, par
cela, des difficultés insurmontables.
Dans le second, j’avais une excellente loupe montée
de M. Charles Chevalier, que je tenais de la bienveillance
de MM. les professeurs du Muséum, et avec
laquelle il me fut facile d’achever mes anatomies.
Ce fut donc dans la campagne de 1830 à 1833, que
j ’arrivai à ce que je crois être la vérité, à reconnaître
1“ que tous les tissus vasculaires qui composent les
racines des mono et des dicotylés proviennent des
bourgeons, et conséquemment se forment de haut en
bas ; 2" que je parvins à formuler la théorie des méri-
tballes et des deux modes de développement en hauteur
et en largeur de tous les végétaux, de ceux qui
sont ligneux et vivaces particulièrement ; 3° que je
reconnus enfin que les lissus radiculaires partent
des bourgeons, ou mieux, de tous les individus ou
phytons qui les constituent; qu’ils descendent en
rampant le long de tous les tissus vasculaires qui les
ont précédés dans l’organisation, en suivant des routes
diverses plus ou moins droites ou sinueuses; qu’ils se
rapprochent de plus en plus de la verticale; qu’ils
s anastomosent, se greffent entre eux, ainsi qu’avec
les autres lissus, d’après des lois organiques qu’il
serait sans doute impossible d’expliquer dans l’état
actuel de nos connaissances, mais qui sont générales,
régulières et constantes pour certains groupes ; enfin
qu’ils se dirigent en convergeant, le long du périxyle
vers les racines anciennes ou nouvelles, et que là ils se
greffent et se confondent de nouveau les uns avec les
autres, et donnent ainsi naissance à ces sortes d’empâtements
ou griffes réticulées, souvent très-épaisses,
qui se produisent à l’origine des racines (1 ).
Ce n’est donc pas des racines, je le répète encore,
que proviennent ces tissus ligneux, mais bien de la
lige et de toutes les parties ou individus qui la composent.
Je pense que si l’on adoptait les idées contraires,
on bouleverserait tout ; on renverserait de fond en
comble tous les principes évidents de la physiologie;
on destituerait les feuilles et les tiges de leurs fonctions
organisatrices des fluides, et l’on ferait rétrograder la
science presque à ces siècles d’ignorance où 1 on
croyait que les racines se formaient les premières, et
que tout naissait d’elles.
Je prouverai, d’ici à peu de temps, par des faits
aussi nombreux que remarquables, que tout se passe
dans les Dicotylés comme dans les Monocotylés, et
jiar conséquent que ce mode de formation est commun
à tous les végétaux vasculaires. Je vous apporterai
les pièces, et vous reconnaîtrez tous avec moi,
messieurs, que sous ce rapport encore la nature est
immuable.