laires, monocotylés et dicotylés, chaque couche
annuelle de bois a ses racines propres, distinctes ou
confondues, sous forme de zones concentriques, avec
les racines générales.
Les coucbes annuelles, dans les Monocotylés, surtout
dans ceux qui proviennent des régions tropicales,
sont généralement peu marquées et ne se séparent
que difficilement; mais elles sont très-évidentes dans
les Dicotylés, où nous voyons que chaque couche ligneuse
est très-distincte et produit ses racines ou ses
élongations partielles de racines.
Je n’ai, en ce moment, sous la main qu’un seul
exemple de ce fait à vous montrer; mais il suffira
pour vous faire comprendre le singulier phénomène
d’emboîtement des couches annuelles, l’indépendance
de celles-ci, et, si je puis m’exprimer ainsi, l’isolement
parfait dans lequel vivent ces couches, leurs rameaux,
et surtout leurs racines respectives.
Dans cette bouture de CordyUne australis, comme
maintenant vous le concevez, il n’y avait pas de collet
générateur; conséquemment, pas de filets montant
par un bout et descendant par l’autre; pas de
racines non plus, pour envoyer de bas en haut, des
filets sur la jeune tige ; il n’existait qu’un faible bout de
vieux bois vivant et un bourgeon qui, en grandissant
, c’est-à-dire en engendrant incessamment de
nouveaux pbytons, a formé un rameau.
Mais on y trouvait cette cause universelle qui fait
constamment naître des individus les uns des autres
et les uns au-dessus des autres. Dès qu’ils sont arrivés
à un certain point de développement, ils envoient des
filets radiculaires ou ligneux qui descendent successivement
et d’une manière incessante en dehors de tous
ceux qui les ont précédés dans l’organisation , depuis
le bourgeon jusqu’à la base de la jeune tige, jusqu’à la
base de sa souche qui ne tarde pas à se former et enfin
jusqu’à celle des racines qui apparaissent immédiatement
après. Ce sont donc les mêmes filets radiculaires
qui, après avoir accru le diamètre de la jeune tige,
sont descendus sur le fragment de l’ancienne, et q ui,
ayant entouré et vivifié celle-ci, ont continué régulièrement
leur marche descendante jusqu’à l’extrémité de
la souche et des racines.
Excepté le système ascendant q u i, par la superposition
des mérithalles tigellaires de tous les individus
ou phytons nés du végétal, a produit Faccroisseinent
en hauteur, tous les développements ont donc eu lieu
du sommet de la jeune plante à sa b ase, sans collet,
sans souche et sans racines, puisque ces parties n’existaient
pas et qu’elles n’ont pu se constituer que sous
l’empire du bourgeon.
Veuillez, je vous en prie, messieurs, examiner cette
bouture disséquée où vous reconnaîtrez facilement :
I ” Le petit fragment d’où est sorti le bourgeon et
qui porte maintenant la tige sur l’un de ses côtés (1);
(t) Il est bien inutile de rappeler ici ce que j’ai dit dans mes
principes d’organogénie, d’organographie et dans mes notes, sur
la faculté qu’ont de simples fragments encore vivants de parties
végétales quelconques, de perpétuer longtemps leur existence cellulaire
par l ’action vivifiante des individus vasculaires ou pbytons.