
 
		qu’au  contraire  tout se  passe exactement comme dans 
 les  autres monocotylés. 
 Ainsi  donc,  pour moi, la  loi  du  développement des  
 monocotylés n’admet pas  une  seule  exception,  même  
 en  y  comprenant  les  Dattiers  jeunes.  Viennent  les  
 vieux  maintenant,  e t ,  si  je  puis  m’en  procurer  u n ,  
 j’espère  bien  qu’il  ne  fera  pas  mentir  la  nature,  et  
 qu’il  nous  offrira,  à  de  légères  modifications  près  
 peut-être,  exactement les mêmes caractères. 
 Permettez-moi  donc,  messieurs,  de  redire  encore  
 une  fois  cette  grande  vérité  :  il  n’y a qu’un  seul mode  
 de développement pour  tous les végétaux  vasculaires,  
 malgré  les  grandes différences  organiques qui existent  
 entre  leurs  types  divers. 
 Cependant,  n’ayant pu me procurer encore un  Dattier  
 de  dix-huit mètres  soixante  centimètres  de  hauteur, 
  je ne  puis dire d’une  manière absolue  que  le  fait  
 organogénique  observé  par M.  de  Mirbel  sur un Dattier  
 de cet âge  et de cette dimension  n’existe pas ; mais  
 ce  que je  puis  d ire,  et  ce que  j’assure  avec  une profonde  
 conviction, c ’est que le phénomène,  en tant que  
 fait  normal,  est physiologiquement impossible. 
 Si les  choses  se passaient,  dans le premier  développement  
 des  feuilles,  comme M.  de  Mirbel  l’indique;  
 si  une fente  se  formait  dans  le  tissu  utriculaire  qui  
 compose  le  centre  et  le  sommet  du Palmier ;  si la petite  
 lame  cellulaire  qui  en  résulte  se  soulevait  en  ampoule  
 ;  si  cette  ampoule  se  détachait  à  sa base  dans  
 une  grande partie  de  sa circonférence;  si  elle  se  relevait  
 ensuite de manière  à  former  un cuilleron ; et  si  ce 
 ET  LA  PHYSIOLOGIE  DES  MONOCOTYLÉS.  65  
 cuilleron,  ou  limbe  fulur,  ne  tenait  plus  au  végétal  
 que  par  le lambeau pétiolaire persistant,  ou  isthme, la  
 partie  vaginale  de  la  feuille se  développerait  donc  secondairement  
 ,  et  viendrait plus  tard  se  relier  au  pétiole. 
  Jamais, messieurs, jamais phénomène  semblable  
 n’a  eu  lieu  dans  le  règne  végétal ! 
 J’affirme ,  au  contraire ,  que  cette  partie  vaginale,  
 qui  forme  la base de  la  feuille,  se  développe  toujours  
 la première,  qu’elle  reste  fixée  au  végétal par  toute  sa  
 base pendant  le  temps  que  la feuille met à se  développer, 
   et  souvent même jusqu’au  moment  de  sa  chute,  
 et  que le pétiole  et  le  limbe  n’en  sont  que les prolongements  
 naturels. 
 D onc,  si  le  fait  qu’on  a  si  minutieusement  décrit  
 existe  réellement,  ce que nous ne pouvons maintenant  
 révoquer  en  doute ,  puisque  nous  n’avons  pas  vu  de  
 hauts  Palmiers,  ne  le  considérons  plus ,  messieurs,  
 que  comme  une  anomalie,  un accident,  ou,  si  vous le  
 voulez,  comme une  erreur de la nature,  et nullement  
 comme  le  type normal du  développement des  feuilles  
 dans  les végétaux monocotylés. 
 Nous  avons étudié  sous  ce  rapport les  phénomènes  
 du  développement  des  monocotylés  dans  des  embryons  
 naissants,  dans des  embryons  en  repos,  et  tels  
 qu’on  les  trouve  dans  les  fruits mûrs, dans des germinations  
 de  tous  les  âges,  dans  des  Palmiers  de  un  à  
 dix  ou  douze  an s,  et partout  nous  avons  trouvé  les  
 mêmes causes  et les mêmes  effets  (1 ). 
 (I)  J'ai  étudié,  dans  mes  voyages, les  bourgeons  de très-grands  
 B o m t b .  —  Botanique. Tome I I .  ^