n o t e s s u r E’ANATOMIE
N est-il pas évident pour tous les esprits que les mérithalles
tigellaires ou persistants, dès qu’ils sont privés
de leurs mérithalles pétiolaires et limbaires, ou
autrement dit de leurs feuilles, ont perdu une partie
de leurs fonctions primitives et en ont acquis de nouvelles
?
Tous les physiologistes, même ceux qui sont le plus
opposés à la théorie des mérithalles, m’accorderont
certainement ce principe, qui, d’ailleurs, sera démontré
plus tard daus ma Physiologie. Je ne le donne ici
par anticipation que pour l’intelligence de mes notes,
en faisant remarquer une fois encore que nous ne
pourrons faire de la physiologie dans la véritable acception
de ce mot que lorsque les principes de l’orga-
nograpbie seront bien arrêtés, bien connus (1).
Envisageons donc ici autant que nous le pourrons
tous les faits sous le seul point de vue organographi-
que, en n abordant les principes de la physiologie
qu autant qu’ils deviendront indispensables.
Qu’est-ce donc, dans l’origine, qu'un végétal monocotylé,
par exemple, un Dattier?
C’est une cellule animée qui produit un embryon
ou un bourgeon.
Un embryon, tous les botanistes le savent aujourd’hui,
est un bourgeon libre, isolé, indépendant.
Cet embryon, ou pbyton primitif, est un individu
distinct ayant son organisation et ses fonctions à part.
ft) Je prie l’Académie de me pardonner toutes ces redites indispensables,
et celles que je ferai forcément encore dans mes notes,
jusqu’à ce que ma doctrine organographique soit adoptée.
ET LA PHYSIOLOGIE DES MONOCOTYLÉS. 49
Ce premier individu en produit bientôt un second,
le second un troisième, le troisième un quatrième, et
ainsi de suite pendant toute la vie du végétal.
De même que l’embryon a son organisation et ses
fonctions normales particulières, de même les individus
qui naîtront de lui et de tous ceux qui lui succéderont,
auront les leurs à part, c'est-à-dire modifiées
selon leur degré de développement et leur âge par la
greffe immédiate et permanente du second sur le premier,
du troisième sur le second, et successivement
pour tous les autres.
Le premier individu , l’embryon, tire les principes
de son existence des corps extérieurs, c’est-à-
dire de l’eau, de l’air, de la lumière, de la chaleur et,
avant tout, de son périsperme, lorsque ce corps existe,
périsperme qui se lactifie et se résorbe ; le second est
alimenté par le j)remier, le troisième par le second et
le premier, le quatrième par les Lrois autres, ainsi
que parles éléments précités; d’où il résulte, lorsque
ces phytons sont entièrement développés, que le premier
est très-faible, le second un peu plus fort, le troisième
plus fort encore, et que tous ceux qui leur succèdent
sont de plus en plus vigoureux et complexes
dans leur composition, et conséquemment dans leurs
fonctions, jusqu’à la feuille normale, qui possède le
plus haut degré d’organisation.
D’après les théories anciennes, c’était par le dédoublement
des vaisseaux du premier individu que se formait
le système vasculaire du second, et successivement
pour tous les antres.
B o y n E .— Botanique. Toms l. I