Je n'aurai même pas besoin pour cela de tous ceux,
que j’ai moi-même recueillis; il nous suffira d’ouvrir
les savants ouvrages de Dubamel et des autres grands
physiologistes pour y trouver de quoi satisfaire même
les plus sceptiques, il est bien entendu que ces faits,
obtenus et décrits par ces savants, auront besoin d’être
soumis à de nouvelles interprétations ; et il en sera
ainsi de ceux de beaucoup d autres anatomistes qui
nous ont précédés dans la carrière.
J ai déjà plusieurs fois rappelé que le frêne a les
feuilles opposées, et qu il y a toujours un bourgeon
situé dans l’aisselle de chaque feuille.
Si l’on coupe transversalement une jeune tige de
cette plante, au-dessus de deux feuilles, les bourgeons
de celles-ci se développent parallèlement, de manière
à former une fourche au sommet tronqué. Si après
ce la , on enlève un de ces bourgeons, l’autre forme
rapidement un rameau vigoureux. En coupant ce rameau
conservé au-dessus d’une paire de feuilles , les
bourgeons axillaires de ces feuilles donnent de nouveau
naissance à deux rameaux latéraux. En coupant
encore l’un de ces rameaux, l’autre continue la titre.
C’est en procédant ainsi, pendant deux années
(1842-43), que j’ai obtenu la pièce que voici, et qui
nous offre un exemple remarquable des axes alternes,
déviés ou brisés, comme on voudra les nommer.
On conçoit que j’aurais pu prolonger indéfiniment
l’expérience.
Il suffit de jeter les yeux sur cette préparation pour
voii', même à l’oeil nu, les tissus radiculaires du der-
ET LA PHYSIOLOGIE DES MONOCOTYLÉS. 123
nier rameau du sommet descendre, en s’espaçant, sur
tous les autres.
L’Académie reconnaîtra peut-être maintenant que
je n’exagérais pas en disant que la théorie phytologique
que je soutiens donnera l’explication exacte de
tous les faits connus et à connaître de l’organogra-
pbie végétale , et pourtant je ne lui ai encore montré
que des faits pour ainsi dire superficiels. Il faudra
donc naturellement que l’anatomie intérieure vienne
justifier et complètement démontrer l’exactitude de
ces faits. Eli bien, messieurs, c’est ce qu’elle fera et
c’est ce qu’elle aurait déjà fa it, si des circonstances
indépendantes de ma volonté ne s y étaient opposées.
Mais si, pour appuyer ma doctrine phytologique, je
ne puis encore vous apporter des anatomies microscopiques
exactes et faites dans la direction que je
suis, je puis au moins, en attendant, vous montrer
quelques nouveaux faits qui, tout superficiels aussi
qu’ils sont, n’en ont pas moins , selon moi, une très-
grande valeur.
Si, par exemple, et comme je le soutiens, les vaisseaux
radiculaires descendent dans les premiers temps
de la végétation, c’est-à-dire pendant que les feuilles
opèrent leur développement; et si, lorsque ces vaisseaux
sont complètement formés du sommet à la base
de l’arbre , le rayonnement des fluides cellulifères (1 )
(1) Je me sers ici du mot rayonnement, parce que j ’ai un assez
grand nombre d’expériences qui démontrent ce phénomène.
On sait que ces iluldcs rayonnent du centre à la circoni'ércnce ,