08 NOTES SUR L'ANATOJIIE
Ainsi donc, en un mois de temps, j’ai déterminé la
formation d’un millier peut-élre de liourgeons, qui,
pour la plupart, se sont développés et ont formé d’assez
gros rameaux.
Les [irolongements radiculaires de ces bourgeons
naissants et de ces rameaux ont produit sur cette hase
un acci'oissement ligneux plus considérable que celui
de la partie supérieure qui recevait les tissus ligneux
de l’arbre entier.
Mais je dois dire, pour être toujours vrai, que
l’arbre avait uii peu souffert de l’opération et peut-être
aussi de la chaleur, et qu’au moment où j’ai fait
l’expérience, les feuilles, étant presque toutes développées,
avaient antérieurement envoyé sur le tronc
tous leurs tissus radiculaires.
Un second exerrqile a été obtenu de la même manière,
et dans des circonstances tout à fait semblables,
sur un jeune ormeau.
Les rameaux qui couronnaient le bord inférieur de
la décortication ayant acquis une assez grande vigueur,
il me vint à la yiensée de couvrir de terre toute sa
plaie, de manière à ne laisser au-dessus du sol que
l’extrémité des rameaux. Un mois environ après, j’arrêtai
l’expérience, et je trouvai au bord supérieur un
grand nombre de racines qui descendaient vers le sol
en se croisant sur la cicatrice avec les rameaux. Ces
racines ont été coupées ou brisées, mais on en voit
distinctement les bases.
Celle expérience prouve deux faits déjà parfaitement
établis par Duhamel du Monceau et par ntoi, à savoir
ET I.A PHYSIOLOGIE DES MONOCOTYLÉS. 99
que les lissus ligneux radiculaires du bord supérieur
produisent des racines, el les tissus cellulaires du bord
inférieur des bourgeons.
Mais il est des expériences fort simples qui démontrent
la descension des tissus radiculaires ligneux, de
manière à lever tous les doutes et à forcer toutes les
convictions.
Voici des pièces qui, à elles seules, résument toute
la question.
Au mois de septembre 1841, j’ai fait, sur un rameau
de frêne, une décortication circulaire. A cette
époque, les feuilles étaient fanées par vétusté, et commençaient
même à se détacher de l’arbre : la végétation
annuelle de cet arbre était donc achevée. Ce qui
le prouvait bien encore, c ’est que son écorce adhérait
déjà assez fortement au bois, .le parvins cependant,
quoique avec peine, à la détacher complètement; puis
j’abandonnai pendant l’hiver cette expérience à l’action
du temps.
Le 15 avril 1842, au moment où les feuilles commençaient
à se développer, et où quelques-unes seulement
étaient déjà formées au sommet du rameau,
je détachai ce rameau de l’arbre ; j’enlevai son
écorce, qui alors se séparait avec facilité du bois, et le
mis quelque temps à macérer dans l’eau fraîche.
Sur cette pièce, on voit distinctement, en outre
d’un accroissement ligneux considérable qui s’est
opéré à la partie supérieure, un grand nombre de
vaisseaux radiculaires qui descendent tout le long de
ce bois jusqu’au bord supérieur de la cicatrice, et uni