Dans lies tranches faites successivement de bas en
haut, on observe qu’au-dessus du méritballe tigellaire,
qui est très-court, ces traces vasculaires se ramifient
en montant, et se portent de plus eu plus vers la circonférence
; de façon que , vers le sommet du limbe,
ile sont presque superficiels et très-nombreux (I).
Il est, je pense, inutile de dire que les coupes longitudinales
conduisent aux mêmes résultats.
Je demande pardon à l’Académie d’entrer ainsi
daus les minutieux détails de ce procédé d’analyse. Je
me serais abstenu si je ne le croyais d’une absolue nécessité.
Les moyens de faire ces expériences une fois indiqués,
tous les observateurs, et fort heureusement ils
sont nombreux aujourd’bui, pourront facilement arriver
aux résultats que je viens de décrire , et constater
l’un des faits les plus importants de l’organographie
et de la physiologie. Sans ces moyens, l’étude de l’embryon
des Monocotylés , spécialement des Palmiers ,
est extrêmement difficile, sinon impossible.
11 est donc aussi important, selon moi, de faire
connaître les procédés qui mènent aux faits que les
faits eux-mêmes.
S’autoriser d’un fait unique ou très-rare dans la
nature, et presque impossible à trouver, pour fonder
une doctrine scientifique quelconque, est, à mon avis,
(1) Voy. Gaudichaud, Organographie, pl. d , (ig. d 3 , / . Dans
cet embryon, on ne voit que les vaisseaux pétiolo-limbaires. Ceux
du méritballe tigellaire sont plus au centre, et ne peuvent se voir
par transparence.
ET LA PHYSIOLOGIE DES MONOCOTYLÉS. 69
très-nuisible à la science et à la vérité. La science ne
se fait pas par un seul homme ; elle exige le concours
de toutes les intelligences; elle appelle surtout la vérification
et le contrôle, sans lesquels elle ne peut
réellement pas exister. N’employons donc jamais que
des matériaux aussi nombreux que faciles à se procurer.
Les dattes sont communes ; chaque fruit porte son
embryon. Tout le monde peut donc s’assurer de
l’exactitude du fait que je viens de signaler.
Je reviens encore et je m’appesantis sur ce sujet,
messieurs, parce qu’il est de la plus haute importance.
En effet, si l’observation prouve que l’embryon, ce
petit être isolé , n’est primitivement composé que de
tissus cellulaires, et que ces tissus, par le seul effet de
leur action physiologique, engendrent des tissus vasculaires;
que ces tissus vasculaires commencent dans
le méritballe tigellaire, puis dans les mérithalles pétiolaire
et limbaire; qu’ils sont tout formés, ou au
moins fortement ébauchés, dans toutes les parties méritballiennes
avant de se montrer dans le mamelon
radiculaire, l’analogie seule vous prouvera qu’il doit
en être ainsi pour l’organisation de tous les autres
individus, quels qu’ils soient, que produira le végétal.
Ce fait, messieurs, je le réitère, est capital et digne
de vos méditations.
J’y suis revenu déjà plusieurs fois, et je compte y
revenir encore, parce que, selon moi, il est la clef de
r organographie végétale, que lui seul résume la tbéorie
des mérithalles que je défends, et infirme toutes les
autres.