bourgeon latéral, soit adventif, soit normal, soit
greffé (1), une sorte dégriffé, formée de vaisseaux radiculaires;
et ayant trouvé plus tard, dans les boutures,
une griffe analogue à l’origine de chaque racine
adventive (2 ), il me vint à la pensée que le
végétal avait la faculté de former des bourgeons à ses
deux extrémités (3), et que ceux de la base, destinés
a descendre vers le sol, modifiés dans leur organisation,
et appelés à remplir d’autres fonctions, avaient
aussi leur système radiculaire qui alors se dirigeait de
bas en haut en tous sens, autour de la tige principale,
pour y porter l’humidité puisée dans le sol.
Un fait très-curieux, et que je n’ai pu expliquer
jusqu’à ce momsnt, m’autorisait en quelque sorte à
former cette supposition.
J’avais remarqué, ainsi que beaucoup d’autres
voyageurs, que plusieurs racines aériennes de plantes
Monocotylées ligneuses des régions chaudes , spécialement
des Moluques et des Mariannes, celles des Palmiers
et des Pandanées particulièrement, se couvraient
à leur pointe, ou extrémité inférieure, de
petites écailles foliacées imitant assez bien celles des
bourgeons à fleurs des mêmes plantes (4).
(t) Voy. Gauilicliaiui, Organographie, ¡il. b, lig. 8, 9, 14.
(2) I d . , ib id ., jA. 3, % , 4 ; pl. 9, fig. t , 2, 3 et 4 ; pl. 12,
fig. 17 et 1 8 ; pl. 13, fig. b, 6, 7, 8.
(3) Voir Dupetit-Thouars, U'Es.sai, etc.
(4) Ces écailles sont renversées de bas en haut sur le corps de
la racine, ce que j’attribue à la faculté qu’ont tous les appendices
foliacés de se redresser vers la lumière.
Ce qui m’autorisait encore à penser ainsi et ne
contribuait pas moins à m’abuser, c’est que j’avais reconnu
une analogie parfaite entre le mode d’emboîtement
des tissus ascendants de la racine, et des tissus
descendants du bourgeon; et que les uns et les autres,
étudiés au microscope, m’offraient exactement la
même organisation.
De même aussi que les lissus radiculaires qui partaient
du bourgeon, montaient souvent au-dessus du
point de départ de ce bourgeon, pour redescendre
ensuite ; de même les tissus ascendants de la racine
descendaient quelquefois pour remonter après.
Les uns elles antres rampaient en sens divers parmi
les tissus vasculaires précédemment formés, avec lesquels
ils se greffaient et finissaient par se confondre.
Que devenaient-ils les uns et les autres, et comment
s’agençaient-ils ensemble? Je 1 ignorais.
Je n’avais alors aucun des moyens nécessaires pour
m’en assurer par des dissections complètes.
Ce ne fut que dans le voyage de 1830 à 1833, que
je fis sur la frégate l’Herminie, avec l’honorable capitaine
de vaisseau, M. Villeneuve de Bargemont (1), et
spécialement pendant les quinze mois de mon séjour
à Rio de Janeiro, que je parvins à éclaircir ce point
important de la science. J’acquis alors aussi la preuve
(1) C’est aux facilités sans nombre que me procura cet ami
éclairé des sciences, des arts et de la littérature, que je dois d’a-
voir accompli ma tâche.
Qu’il me soit permis de lui en témoigner ici toute ma reconnais
sancc.