portés par un moignon de racine, et des éléments
humides et gazeux qu’il puisait dans l’atmosphère , a
produit sur l’extrémité tronquée et aérienne de cette
racine un accroissement considérable (|ui ne pouvait
provenir ni de la partie supérieure de la racine qui,
tout en s’accroissant, est, comparativement du moins,
restée grêle, ni de l’inférieure, qui, suspendue dans
l’air, n’avait plus le moindre rapport avec le sol?
Voici un fait très-curieux produit par une tige de
frêne de trois centimètres de largeur.
.T’ai coupé cette tige au-dessus de deux jeunes branches,
puis j’ai retranché l’une de ces branches ; l’autre
s’est développée avec une grande vigueur. Je l’ai coupée
à son tour au-dessus de deux jeunes rameaux, et
j ’ai aussi retranché l’un de ces rameaux.
Il est donc resté de cet arbre la tige, une branche,
et, sur cette branche, un rameau. Celui-ci a poussé
avec une étonnante rapidité: et, quinze ou vingt jours
après, j ’ai cueilli la pièce entière.
Elle a été préparée par les moyens ordinaires, qui
consistent à enlever l’écorce, à faire macérer dans
l’eau fraîche et à sécher.
Les résultats que cette expérience m’a donnés sont,
je le réitère, fort curieux.
Afin de les bien faire comprendre, je suis encore
obligé d’emprunter quelques fails à ma Physiologie.
Ces faits, les voici :
L’expérience m’a démontré que, pendant les mois
de mars, avril, mai, |uin et juillet, on voit très-dislinc-
ET LA PHYSIOLOGIE DES MONOCOTYLÉS. lliT
lemeut, à la surface du corps ligneux des arbres de
nos climats, les vaisseaux radiculaires qui descendent
des feuilles, tant que celles-ci se développent ; mais
que, passé ce temps, ces vaisseaux disparaissent de
plus en plus sous une sorte d’exsudation cellulifère
(¡ui se produit de haut en bas, et du centre a la circonférence
du corps ligneux par les rayons médullaires
de toutes les parties. En sorte que, vers la fin de septembre,
ces vaisseaux radiculaires ou descendants ont
complètement disparu sous cette sorte de pâte cellulaire
ligneuse, et ne reparaissent plus qu’au printemps,
c’esl-à-dire au moment de la pousse des bourgeons a
feuilles.
Ce phénomène est général dans les végétaux ligneux
que j’ai observés.
11 paraît pourtant offrir quelques rares exceptions
dont je parlerai plus tard.
Il est parfois produit, dès le mois de juillet, dans
plusieurs végétaux de nos régions, spécialement dans
ceux qui commencent de bonne heure et accomplissent
promptement leurs phases végétatives.
Si, comme je l’assure, ce sont les feuilles qui produisent
et envoient, de haut en bas, les tissus radiculaires,
on doit naturellement les retrouver à la surface
des troncs, au moment de la végétation connue des
cultivateurs sous le nom de séve d'aoàt. C’est en effet
ce qui a lieu; et ces vaisseaux sont d’autant plus distincts
que ceux de la végétation ¡irintaiiière sont plus
complètement enfouis sous la cellulation ligneuse précitée.