pbytons clivers naissent, croissent et fonctionnent isolément,
cjuel que soit d’ailleurs leur mode de réunion,
et, qu’une fois engendré, cbacun d’eux vit avant tout
de sa vie spéciale sans rien emprunter d’organisé au
végétal qui ne lui sert, pour ainsi dire, que de terrain,
et dans lequel il peut envoyer ses racines.
Est-il une seule personne, ici, qui n’ait mis vingt
fois en sa vie soit de jeunes rameaux chargés de bourgeons
(1) à feuilles, soit de jeunes rameaux chargés
de bourgeons à fleurs dans l’eau ou dans la terre humide
et convenablement éclairée, et qui n’ait vu les
premiers donner leurs feuilles , les seconds épanouir
leurs fleurs et jusqu’à un certain point leurs fruits
[Scilla nutans), organes qui existaient à l’état rudimentaire
dans ces bourgeons divers, et qui n ’ont
fait que se développer par l’action des agents essentiels
de leur vie, mais dans lesquels il n’a évidemment
rien monté, ni des racines, ni des collets, puisque
ceux-ci n’existaient pas ?
Ces organes étaient engendrés, tout formés, mais à
l’état rudimentaire ou de foetus.
Alimentés par l’eau et en quelque sorte fécondés
par la chaleur et la lumière, ils se sont développés
avec tous leurs caractères naturels de forme, de dimension,
de couleur, et avec les fonctions dévolues à
leur organisation.
Ne savons-nous pas bien q u e , non-seulement des
(1) Tout le momie sait que même un simple bourgeon, placé
clans clans de semblables ecmclitions, s’é])anoiiit et produit un nouvel
être.
rameaux, mais encore des bourgeons, même de simples
feuilles détacbées de leur tige, placés dans les circonstances
précitées, achèvent leur développement
et, de plus, donnent naissance à de nouveaux phytons,
à des fibres radiculaires, etc. (1)?
Tout concourt donc, et à l’envi, à démontrer que
les pbytons se développent à la fois dans toutes leurs
parties , comme êtres distincts , individuels ; que rien
(t) Voy. Mandirola, Agricola, Agriculture p a r fa ite , e tc .. Bonnet,
4® mémoire, p. 2 0 6 , pl. 27 : Expériences sur la multiplication
desplantes p a r le s feuilles (Haricot, Chou, Belle-de-nuit et
Mélisse).
Ce moyen de multiplier les plantes par les feuilles est connu de
presque tous les habitants des régions intertropicales oi'i les plus
petits fragments végétaux vivants jouissent de la faculté d’engendrer
des bourgeons.
L’usage des bourgeons leur est aussi parfaitement connu. Il est
vulgairement pratiqué au Brésil pour multiplier les Choux, beaucoup
d’autres légumes herbacés et même les graminées fourragères.
Dans les parties basses et chaudes de ce dernier pays, où les
Choux montent rapidement, ne produisent généralement pas de
bonnes graines et ne pomment jamais, on n’emploie, pour les
usages domestiques, que les feuilles v e rtes; et ces feuilles sont
cueillies au fu re t à mesure qu’on les utilise. Chaque carré de cette
plante est pour ainsi dire établi en coupe réglée : en sorte qu’il
n’est pas rare de rencontrer, dans les jardins des environs de Rio-
.Taneiro, de ces cai-rés entiers couverts de longues tiges de Chou
en grande partie dégarnies de leurs feuilles.
Comme dans l’aisselle de chacune des feu illes, de la base au
sommet des tig e s, il se développe un ou plusieurs bourgeons, on
coupe ces tiges par petites rondelles et on les plante, ainsi que le
bourgeon terminal.
Ces boutures croissent avec une rapidité inconnue dans nos climats,
et qu’on poui'rait nommer tropicale.
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