dire la ténacité dont je suis capable, m’en ont enfin
dévoilé le mystère.
J’ai reconnu qu’an fur et à mesure que les tiges
grossissent par l’adjonction de nouveaux filets à la circonférence
, ceux du centre qui sont tous fixés par
leur sommet, mais qui rampent par leur base, sont
successivement détachés et isolés les uns des autres
par du tissu cellulaire qui se développe et s’interpose
entre eux; qu’à mesure que la partie extérieure du
bois se solidifie et devient de plus en plus dense par
l’accumulation et le greffement des filets radiculaires
nouveaux, la partie intérieure devient de plus en plus
spongieuse par le développement de la médulle et l’é-
cartement des filets de cette partie.
L’accroissement en diamètre de ces tiges n’est donc
pas uniquement dû à l’adjonction incessante des tissus
radiculaires à la circonférence du corps ligneux, mais
aussi à rorganlsation d’une abondante quantité de
tissu cellulaire q u i, naissant entre les filets intérieurs
de la région intermédiaire ou ligneuse, tend de plus
en plus à les isoler entre eux e t , en quelque sorte, à
les refouler vers le centre, et peut-être aussi à pousser
en dehors tout le reste de ce corps ligneux.
Dans ce curieux phénomène on voit les premiers
filets radiculaires internes du corps ligneux ou, autrement
d it, de la région intermédiaire, passer à la région
centrale ou médullaire. De ces faits il résulte que
les arceaux de la région centrale, qui sont primitivement
très-courts, deviennent de plus en plus longs ;
que le canal médullaire, (pii est d’abord très-étroit.
s'élargit progressivement, au point de tripler ou quadrupler
son diamètre primitif, et qu’en apparence, du
moins, les filets de la région centrale semblent se
multiplier et s’allonger; ce ([ue j’aurais pu croire s’ils
n’étaient tous invariablement fixés par leur sommet.
C’est donc par la base qu’ils se détachent les uns
des autres et les uns après les autres, du centre vers
la circonférence, par l’interposition du tissu médullaire
qui s’engendre d’une manière incessante entre
eux. Ce phénomène d’écartement et en quelque sorte
d’allongement des filets s’opère de labase au sommet du
végétal, la preuve , c’est qu’ils sont constamment très-
courts, comparativement dumoins, près du bourgeon.
Le raisonnement seul aurait dû me conduire à ce
résultat si naturel et si simple. En effet, puisque, d’un
côté , les filets de la région centrale sont invariablement
fixés par leurs sommets aux corps ligneux, précisément
aux points oû ils pénètrent dans les feuilles,
puisqu’en ces points ils ne peuvent s’allonger que de
quatre à six millimètres, c’est-à-dire de la longueur
de leurs méritballes tigellaires qui n’ont que cette dimension,
ils ne peuvent donc aussi ni changer de
place ni arriver là, postérieurement à la chute de ces
feuilles ; tandis que, du côté inférieur, oû ils descendent
parallèlement d’abord, puis en se recouvrant les
uns les autres, jiisqn’à l’extrémité du tronc et même
des racines, ils doivent tout naturellement s’allonger,
en s’écartant entre eux, non-seulement dans le tronc,
mais encore dans les racines ; c’est, en effet, ce qui a
beu. Ce sont donc particulièrement les arceaux qui