Si je n’en ai pas parlé, cela tient à ce que je considère
ces organes comme des êtres anormaux, distincts,
isolés, et pour ainsi dire étrangers aux conditions essentielles
de l’existence des plantes; comme des sortes
de parasites naturels de l’organisation générale, mais
dont l’organisation et la vie ordinaires des végétaux
peuvent facilement se passer ; en un mot, comme des
cryptes excréteurs plus ou moins permanents, nés
sous l’action de certaines conditions elimatériqnes,
mais qui, sous d’autres conditions, peuvent disparaître
sans inconvénient (1). Cela tient enfin à ce que ces organismes
spéciaux, dont les fonctions sont exceptionnelles,
appartiennent à un ordre de faits entièrement
distinct de celui qui a motivé ma communication.
Je n’ai pas été, je l’avoue, assez explicite dans les
quelques mots que j ’ai prononcés devant l’Académie;
mais c’est qu’alors je ne pensais qu’aux organes essentiels,
directs, généraux des plantes, et non aux poils,
aux glandes et autres corps aériens et fugaces de l’épi-
derme de quelques espèces assez rares dans la nature ;
ni encore moins aux prétentions, peut-être mal fondées,
de notre confrère sur des découvertes très-contestables,
puisqu’il n’a pas fait celle de l’acidification
générale des organes de la végétation, celle des pefeuilles
d’un grand nombre de végétaux vivants et morts pour obtenir
des réactions alcalines, etc.
(t) Tous les botanistes savent que certaines plantes velues des
montagnes, deviennent glabres dans les plaines, et vice versa; tous
connaissent l’action directe des terrains, de l’exposition, de la chaleur,
de l’Innnidité, e tc ., sur ces sortes de productions accessoires.
lits corps glanduleux et microscopiques qu’il n’a étudiés
que sous l’inspiration de Meyen, ni enfin celles
des réactions alcalines spéciales de ces corps et de
ceux du Mesernbrianthemurn cristallinum,, etc.
Mais si je n’ai pas été assez positif une première
fois, je le serai davantage aujourd’bui, en déclarant
qn’il résulte des expériences nombreuses que j’ai faites
avec les papiers cbimiques sur les tiges, les racines,
les feuilles et les parties des fleurs et des fruits, que
tous les fluides séveux ou nutritifs de la circulation
générale des végétaux sont acides, et que je n’ai rencontré
de réaction alcaline que dans les plantes en décomposition,
et (pour satisfaire notre confrère et les
observateurs qui nous ont précédé), dans les poils
glanduleux de l’épiderrne de quelques plantes exceptionnelles,
etc. (1 ).
(t) On sa it, d’après MM. Chevalier et Lassaigne, que le Chcno-
podium vulvaria dégage de l’ammoniaque; d’après MM. Chevalier
et Boulay, que plusieurs fleurs produisent le môme gaz ; et, d’après
Springel, que les plantes marines exhalent du chlore, etc. Je n’ai
pas encore été à même de répéter ces expériences.
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