dont les théories sont destinées, selon lui, à renverser
celles que j’ai si largement établies dans le mémoire
qui est aujourd’hui sous vos yeux.
Ainsi donc, les travaux d’organograpbie que j ’ai
faits, ces travaux si consciencieux qui m’ont coûté
tant de veilles, tant de pénibles explorations, tant de
sacrifices de tous genres, sont tous erronés et ne valent
même pas la peine d’être discutés ou réfutés directement
; on les repousse dédaigneusement, on les
condamne sans autre forme de procès. Et M. de Mirbel
a pu croire que j’accepterais un tel état de choses?
Non, messieurs, je ne l’accepte pas.
Il fallait que M. de Mirbel se bornât à faire ce qu’il
m’a souvent conseillé, à lire et à publier son ouvrage
sans attaquer ceux des autres ; ou bien il fallait qu’il
les attaquât complètement. Il fallait enfin ou ne rien
dire, ou tout dire, et l’Académie eût pu juger et son
travail et le mien.
Quel est donc le motif qui a dirigé M. de Mirbel et
qui l ’a fait agir ainsi? Il ne laissera pas, je pense, au
temps le soin de nous l’apprendre.
Quoi qu’il en soit, M. de Mirbel a manqué son but
en se faisant à la fois juge et partie ; j’accepte la partie,
mais je récuse le juge intéressé qui, en déniant
mes travaux, est venu prononcer ici sur une cause
qui est aussi la sienne.
Je pourrais, dès aujourd’hui, imitant l’exemple
qu’il me donne, réfuter tous ses travaux sur l’orga-
nograpbie et la physiologie ; les déclarer inexacts et
assurer que les miens seuls sont vrais de tout point.
m ET LA PHYSIOLOGIE DES MONOCOTYLÉS. 3
Qu’en résulterait-il pour la science? Rien, sinon
un jeu puéril indigne de l’Académie.
Lorsqu’on veut détruire une doctrine qu’on croit
fausse, il faut l’attaquer en face, la combattre jusqu’à
ce qu’elle soit anéantie, et ne pas se borner à lui lancer
quelques traits éloignés qui ne peuvent au plus
que la blesser légèrement.
Moi, messieurs, je vais, tout en me défendant, alta-
(juer franchement les travaux de M. de Mirbel sur
l’organograpbie et la physiologie, en montrer les erreurs
et les dangers pour la science, et je ne m’arrêterai
que lorsque la vérité aura prononcé pour lui ou pour
moi ; car je suis bien décidé à avoir le dessous dans
cette discussion si j’ai tort, ou à avoir le dessus si j’ai
raison.
Je connais tout le danger auquel je m’expose dans
cette lutte : je ne me dissimule ni la force de M. de
Mirbel, ni mon extrême faiblesse; mais j’aurai pour
me soutenir mes profondes convictions, mon amour
pour la vérité, la conscience d’accomplir un devoir,
et, à la place d’une facile élocution et d’une grande
habitude des débats scientifiques, des faits nombreux
qui parleront mieux et plus haut que je ne pourrais le
faire.
Que M. de Mirbel, dans ces débats, me prouve que
je suis dans l’erreur, et aussitôt je passe dans son
camp. Mais s’il ne peut ou ne veut pas le faire, qu’il
poursuive son oeuvre, qu’il cesse de m’attaquer ici et
ailleurs, et qu’il me laisse paisiblement marcher dans
la voie que j’ai tracée ; car cette voie, celle des expéi