si l’on voulait s’entendre. Or, on ne le veut pas, et
la preuve , c’est que M. de Mirbel, <[ue j’ai vivement
pressé pour cela, n’a pas même voulu voir les pièces
sur lesquelles reposent mes doctrines.
Il est fïicbeux pour la science que, dès qu’on croit
un fait inexact, l’on ne se réunisse pas, dans l’intérêt
de la vérité, pour briser les obstacles qu’il oppose.
La théorie organogénique des tissus de M. de Mirbel
est fâcheuse, parce que, selon m o i, elle est inexacte ;
et si je parle a insi, c’est que M. de Mirbel m’a bien
donné le droit de réfuter ses travaux en se donnant
celui de rejeter les miens.
Elle est fâcheuse, parce qu’elle complique fatalement
la science de l’organogénie, au point même d’eu
former un dédale, tandis qu’il serait bien temps de la
ramener aux lois simples et rationnelles de la nature.
Elle est plus fïicbeuse encore, en ce que, toujours
selon moi, elle compromet l’avenir de la physiologie,
qui ne peut marcher sans l’organogénie, et que la
physiologie, qui n’est encore composée cjue de faits
spécieux ou mal déterminés, mal interprétés, pouvait
peut-être marcher régulièrement et progresser avec la
théorie organogénique des mérithalles, tandis qu’elle
ne trouvera pas un seul point pour s’appuyer avec la
théorie que vient de vous présenter M. de Mirbel, et
encore moins avec celle du cambium, à laquelle notre
savant collègue semble renoncer tout à fait, s’il n’a
l’intention d’y revenir dans la troisième partie de ses
mémoires.
Voilà, messieurs , en grande partie du moins , les
ET LA PHYSIOLOGIE DES MONOCOTYLÉS. 19
motifs qui m’ont fait employer une expression qui
n’est pas plus dangereuse pour les travaux de M. de
Mirbel, que ses dénégations et quelques-unes de ses
expressions ne le sont pour les miens.
Si l ’Académie trouvait qu’elle fût offensante pour
elle ou pour M. de Mirbel, je m’empresserais de la
désavouer, quoique au fond je ne puisse réellement
rien lui reprocher, car je porte au coeur les sentiments
du plus profond respect pour l’Académie et pour
M. de Mirbel lui-même, que j’ai toujours affectionné.
L’intérêt seul de la science m’a dirigé ici. Devant
cet intérêt puissant, toutes les considérations particulières
doivent disparaître.
Telles sont, messieurs, les explications que, dans
l’intérêt de la question soulevée devant v ou s, j’étais
pressé de donner à l’Académie.
Pour accomplir la tâche que M. de Mirbel m’a imposée,
je viendrai le plus tôt possible discuter les
théories nouvelles qu’il a soumises à votre sanction.
Ma voix n’aura pas autant d’autorité, ne sera pas
aussi puissante sur votre esprit que celle de M. de Mirbel,
je le sais; mais, messieurs, vous m’écouterez avec
intérêt , parce que mon langage sera celui des faits et
des expériences simples et faciles. Je parlerai à vos
yeux autant qu’à vos esprits, et vous serez tous,
même ceux qui sont le plus étrangers à cette partie
(le la science , à même de v o ir , de comprendre et de
juger le mécanisme du développement en tous sens
des végétaux, mécanisme qui est admirable, surtout
par sa simplicité.