■ Ç6 ELASMOTMîRIUM
Cette mâchoire dan? son état actuel a quatre dents toutes molaires
qui vont en augmentant de grandeur depuis la première jusqu’à la
quatrième, et l’on commence à voir l’alvéôle d’une cinquième; ees
dents sont prismatiques, comme celles d’un cheval dans la force de
l’àge, et le bas de leur fust n’ est pas encore divivé en racines.
La longueur de leur couronne est le double de sa largeur, et il
paroît que toutes les sections transversales que l’on ferait à leur
fust, donneraient des figures semblables.
Ces figures résultent de la coupe d’une lame verticale qui monte
le long de la face externe de la dent, et donne trois bandes trans-
versèsrabliques, lesquelles vont gagner la face interne ; une en suivant
le bord antérieur de la dent, une en traversant son milieu;! et
la troisième au bord postérieur ; celle-ci se recourbe^ en avant par son
extrémité interne et prend ainsi une forme de croissant plus prononcée.
Ces bandes résultent Corinne celles des dents d’éléphant, comme
celles qui figurent des croissans aux dents inférieures du rhinocéros,
de doubles lames d’émail, interceptant entre elles de la substance
osseuse, et qui paraissent s'être unies avec les'bandes voisines par du
cément ou troisième substance, comme dans l’ éléphant. On voit aussi
que les courbures quelles affectent ne s’éloignent pas beaucoup de
celle des molaires inférieures de rhinocéros que nous retrouverbns
dans les palæothériums et lés anoplothériums; maisee qui différencie
notre élasmothérium de tous les animaux, c’est i°. que les lames
forment un'fust tres-élevé , qui croit comme celui du cheval, en
conservant long-temps sa forme prismatique, et qu elles descendent
verticalement dans toute la hauteur de ce fust, ne se divisant- en
racines7 qu’après un long espace de temps, tandis que dans ces autres
animaux elles s’unissent promptement en un seul corps osseux -qui
lui-même sé divise bientôt en racines.
2°. Que les lames d’émail sont cannelées sur toute leur hauteur,
de' sorte que leur coupe a ses bords festonnés comme ceux des
bandes transversales des molaires de l’éléphant des Indes. J
: i Cei, deux caractères, quel que soit luge de l’individu dont cette
mâchoire provenoit, et le nombre réel des dents qu il pouvoit avoir
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dans son état d’accroissement parfait, ne permettent point de douter
qu’il n’ait été d’un genre particulier, et même que son régime n’ait
été plus complètement graminivore que celui du rhinocéros , et
plus semblable à celui du cheval et de l’éléphant.
Il est très-probable d’ailleurs qu’il avoit d’assez grands rapports
avec Je rhinocéros et avec le cheval, et que pem^être il formoit entre
«es deux genres un chaînon intermédiaire.
Malheureusement on ne connoit encore que ce seul morceau d’un
genre.si intéressant; et il est impossible de vérifier les conjectures
qu’il fait naître.
Cet animal étoit à peu près de la taille du rhinocéros, comme le
prouvent les dimensions de sa mâchoire.
Longueur ( à-B) depuis le condyle jusqu’au bord anterieur.................................... 0,72
Hauteur à l’apophyse coronoïde.. . . » . . . . . . . . ................................... 0,18
Hauteur prèsdesla molaire antérieure........................................ ............................... 0,08
Hauteur près de la molaire postérieure...................................................................... o, u
Épaisseur de la branche horizontale........................................................................... 0,081
Longueur du condyle........ ............. ................................................................ o, 124
Longueur de la symphyse.. . .....................................• .............................................. o, i5
Largeur. »........... «...................................................... ...........................• » o, 10
L ’émail des dents est d’un beau blanc et très-dur; il fait feu avec
le briquet. La substance osseuse est jaunâtre à la couronne, brune
vers le dessous; elle fait effervescence avec les acides ainsi que le
cément.
La troisième dent, que M. Fischer a fait représenter à part(voyez
fig. 5, 6 et 7 ), a son fust haut de 0,06, sa couronne longue d’avant
en arrière de 0,9, et en travers de 0,04.
On voit que cette mâchoire égale pour la taille celles des plus
grands rhinocéros fossiles; elle surpasse d’un septième celle du crâne
que nous avons représenté, pl. II, fig. 1, qui n’a du condyle au bord
incisif que 0,6.
Quel étonnant animal ne devoit-ce donc pas être que cet élas-
mothérium !
O11 ne sait pas de quel canton de la Sibérie venoit ce précieux reste
de l’ancien monde.
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