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couvert de nouvelles couches les os qu’elle a trouvés épars h la
surface; elle a tué et enfoui les individus qu’elle a atteints vivans,
et comme on n’en retrouve plus ailleurs des mêmes espèces, il faut
bien qu’elle en ait anéanti entièrement les races.
Les parties septentrionales du globe nourrissoient donc autrefois
des espèces appartenant aux genres de l’élép h an t, de Y hippopotame
, du rhinocéros, de Yélasmothérium et du ta p ir, ainsi qu’à
celui du mastodonte, genres dont les uns n’ont plus aujourd’hui
d’espèces que dans la zone torride, et dont les autres n’en ont
nulle part.
Cependant, rien n’autorise à croire que les espèces de la zone
torride descendent de ces anciens animaux du Nord qui se seroient
graduellement ou subitement transportés vers l’équateur. Elles ne
sontpasles mêmes; et nous savons, par l’examen des plus anciennes
momies, qu’aucun fait constaté n’autorise à croire à des changémens
aussi grands que ceux qu’il faudroit supposer pour une semblable
transformation, surtout dans des animaux sauvages.
Il n’y a pas non plus de preuve rigoureuse que la température
des climats du Nord ait changé depuis cette époque. Les espèces
fossiles ne diffèrent pas moins des espèces vivantes, que certains
animaux du Nord ne diffèrent de leurs congénères du Midi; Y isatis
de Sibérie, par exemple (canis lagopus), du chacal de l’Inde et
de l’Afrique ( canis aureus'). Elles ont donc pu appartenir à des
climats beaucoup plus froids.
Il y a même pour quelques-unes de ces espèces des preuves
qu’ elles étoient destinées à vivre dans le nord, puisqu’elles portoient
comme tous les animaux du nord deux sortes de poil et une laine
près de la peau.
Cependant ces résultats, qui seront confirmés par ce que nous
aurons à dire dans nos troisième, quatrième et cinquième parties
sur des ossemens d’autres classes enfouis aussi dans les grandes couches
meubles, ne s’appliquent pas aux lophiodons. La plupart d’entre
eux, et probablement tous appartiennent à des bancs pierreux, et
plus anciens, tels que ceux où l’on trouve les animaux que nous
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allons décrire dans notre seconde partie, et nous aurions pu les réserver
pour les décrire en même temps, si nous n’avions cru plus
favorable à la clarté d’en parler immédiatement après les tapirs auxquels
ils ressemblent tant.