D E S C R I P T I O N G É O L O G I Q U E
mer tranquille , puisque ces fossiles s’y trouvent par couches régulières;
qu’ils ne sont point mêlés, et que la plupart y sont dans un
état de conservation parfaite, quelque délicate que soit leur structure,
puisque les pointes même des coquilles épineuses sont très-
souvent entières; 2°. qnè ces fossiles sont entièrement différons de
ceux de la craie; 3». qu’a mesure que les couches de cette formation
se déposoient, les espèces ont changé, qu’il y en a plusieurs
qui ont disparu, tandis'qu’il en a paru de nouvelles, ce qui suppose
une assez longue suite de générations'd’ariimaüx marins; enfin, que
le nombre des espèces de coquilles a toujours été en diminuant,
jusqu’au moment où elles ont totalement disparu. Les eaux qui déposoient
ces couches, ou n’ont plus Tenfermé de coquilles;mu ont
perdu la propriété de les conserver.
Certainement les choses se passoient dans ces mers bien autrement
qu’elles ne se passent dans nos mers actuelles : dans celles-ci il paroit
qu’il ne se forme plus de couches solides; les espèces de coquilles y
sont toujours lès mêmes dans les mêmes parages. Par exemple,
depuis que l’on pèche des huîtres sur la côte de Gancale, des avi-
cules à perles dans le golfe Persique, etc., on ne voit pas que ces
coquilles aient disparu pour être remplacées par d’autres espèces (1).
A r t ic l e IV.
25n calcaire siliceux.
Ce terrain est formé d’assises distinctes, de calcaire tantôt tendre
et blanc, tantôt gris et compacte, et à grain très-fin, pénétre de silex
qui s’y est infiltré dans tous les sens et dans tous les points. Il est
'(,) L’un 3 e nous a Tait quelques recherches sur la connoissauca qu’on peut acquà-ir de la
nature de certain, fonds de mer dans les temps historiques les ,plus reculés. Ces recherches
qu’on ne -peut faire connoter ici, paraissent prouver que depuis environ deux mille ans
fond de ces mers n’a point changé, qu’il n’a été recouvert par aucune couche et que le.
espèces de coquilles qu’on' y pêchoit alors, y vivent et s’y pechent encore au,ourd hui.
fréquemment caverneux. Ces cavités sont souvent assez grandes,
irrégulières, se communiquant dans toutes les directions ; tantôt
elles sont cylindroïdes , mais sinueuses, et quoiqu’encore irrégulières
elles conservent entre elles une sorte de parallélisme. Le
silex, en s’infiltrant dans ces cavités, en a tapissé les parois de
stalactites mamelonées, diversement colorées , ou de cristaux de
quarz très-courts et presque sans prisme, mais nets et limpides.
Cette disposition est très-remarquable à Champigny. Ce calcaire
compacte, ainsi pénétré de silex, donne, par la cuisson, une chaux
d’une très-bonne qüalité.
La position de ce terrain et son origine sont très-difficiles à re-
connoître. Nous avons fait depuis 1810 de nouvelles recherches pour
déterminer ses rapports avec les autres terrains, et elles nous ont
conduit, non pas à changer la place que nous lui avions assignée
d abord, mais à la déterminer avec plus de précision.
C ’est la seule modification que nous ayons à apporter à notre
premier travail, et encore l’avions-nousïdéjà fait pressentir à la page
107 de notre première édition, en disant que nous,soupçonnions que
les marnes calcaires, dures, infiltrées de silice et de quarz qui recouvrent
les dernières assises du calcaire marin à Passy, Neuijly,
Meudôn, Sèvres, etc., appartenoient à la mê me formation que le
calcaire siliceux de Champigny, etc. Nous avions néanmoins placé
ce terrain pour ainsi dire hors de rang*, et nous avions supposé qu’en
certains lieux il remplaçait le calcaire grossier. Cette proposition ne
seroit fausse que si on la prenoit d’une manière trop absolue. Le calcaire
siliceux ne paroît pas remplacer entièrement le calcaire grossier,
il lui est supérieur; mais quand il,se présente en dépôt très-épais ,
il semble n’acquérir cette puissance qu’aux dépens du calcaire grossier
qui devient alors très-mince et dispàroît presque entièrement oumênîe
toüt-à-fait sous ces masses considérables de calcaire siliceux.
Lorsqu’au contraire c’est le calcaire grossier marin qui est dominant,
le calcaire siliceux semble avoir disparu : mais il est bien rare
qu’il ait été complètement effacé. Il suffit d’observer avec soin pour
remarquer quelquefois des lits assez distincts de ce terrain au-dessus
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