Je n’avois même encore donné aucune attention aux notices publiées
dans quelques recueils sur ces, as de nos environs, par des
naturalistes qui n’avoient pas la prétention d’en reconnoître les espèces
, qui ne semblent pas même en avoir soupçonné les. singularités
(i). C'est à JH. Vuarrn que j’ai du las, premières indications de
ces os dont nos plàtrières fourmillent. Quelques échantillons qu’il
m’apporta un jo u rm ’ayant frappé d'étonnement, je. m’informai.,
avec tout l’intérêt que pouvoient m’inspirer les découvertes que je
pressentis à l’instant,, des- personnes aux cabinets desquelles cet industrieux
et zélé collecteur en avoit livré précédemment. Accueilli
par tous ces amateurs, avec la politesse qui caractérise, dans notre
siëcfe, lés, hommes; écfewés- (a) „ ce- quo je trouvai (Sans- leurs collee-
tiens, ne ht que confirmer mes espérances et excites de- plus en plus
ma curiosité. Faisant.chercher dès-lors de ces ossemens, avec le plus
grand soin,dans toutes les carrières, offrant aux ouvriers des récompenses
propres à réveiller leur attention, j’en recueillis a mon tour
un nombre supérieur à tout.ce que Fon avoit possédé avant moi;
et, après quelques années, je me vis assez riche pourm'avoir presque
rien à désirer du côté des matériaux.
Mais il n’en étoit pas de même pour leur arrangement, et pour la
reconstruction des squelettes, qui pouvoit seule me conduire à une (i)
(i) Guettard annonça leur existence dans un grand nombre de nos carrières à plâtre, en
1768 (Mémoire sur différentes parties des Sciences et des A r ts , t. I , p. 2 ) , et en fit représenter
quelques-uns mal conservés ., la plupart du cabinet du duc d'Orléans. Il y en ajouta
d’autres-en 1786* (Nouvelle ColFect; dû- Mém., t. Hï\ p 297 Err 1760-, Prafon dëerrvit
d’une manière' sommaire'les couebes qui composent d * butta de Montmartre-, et parla-en
général desos qp’ elles -contiennent (Journal de Physique ; octobre 1780). En 1-782 ,,Lam&non
fit çonnoitre un ornitbolite de cette colline., et décrivit des dents, dès vertèbres et une moitié
de tête dont nous parlerons'dans la snrte-, qulrl jugea venir d%ne espèce'perdtied’ampbibie
( Journal de Jti*ysjquef,.mars r7.62;).- Enfin.Pazitmet ÙL connoîlre lamâmefaninée (ibid. , août)-
une-dent,,un,QS .de. carpe et,une petite, vertèbre.. ,'Sfoilà., autant! que je puis le savoir, tout ce
qui avoit paru avant-moi sur ce sujet,
■ (2) J’ ai d û' surtout- beancoup,. dans ces' commerrcemetrs , & M7. dè Drée-, qui - avoit-' auquis;
toute-la-coWectioo-qu’avoât faiteydètcesosfeuM'. de Joubier £ ; àî Mi de Saânt-Genys, propriét-
taire- e*. agronome tcèsr-éclaixé ,. qui. en. avoit recueilli un. grand nombae aux environs de sa,
demèur.e , àPantin ; à.Mi Héricart-de-Thury „ingénieur des mines;.à M. Adrien Camper ;
à Mi Tonnelier, conservateur dû cabinet de l’École des mines, etc.
idée juste des espèces. Dès les premiers momens, je m’étois aperçu
qu’il y avait plusieurs de celles-ci dans nos plâtres ; bientôt après,
je vis qu elles appantenoient à plusieurs genres , et que les espèces
de genres différais étaient souvent de même grandeur entre elles,
en sorte que la.grandeur pouvoit plutôt m’égarer que m’aider. J’étois
dans le cas d’un homme à qui l’on auroit donné pêle-mêle les débris
mutilés et incomplets de quelques centaines de squelettes appartenant
à vingt sortes d’animaux; il fallait que chaque os allât retrouver
celui auquel il devoit tenir ; c’étoit presque une résurrection en petit,
et je n’avois pas à ma disposition la trompette toute puissante ; mais
les lois immuables prescrites aux êtres vivans y suppléèrent, et , à
la voix de l’anatomie comparée, chaque os , chaque portion d’os
reprit sa place. Je n’ai point d’expressions pour peindre le plaisir
que j’éprouvois, en voyant, à mesure que je découvrais un caractère
, toutes les conséquences plus ou moins prévues de ce caractère,
se développer successivement; les pieds se trouver conformes .à ce
qu’avoient annoncé les dents ; les dents à ce qu’annonçoient les -pieds;
les os des jambes, des caisses, tous ceux qui dévoient réunir ces deux
parties extrêmes, se trouver conformés comme on pouvoit le j uger
d’avance; en un mot;, chacune de ces espèces renaître, pour ainsi
dire,, d’un seul de ses élémens. Ceux qui auront la patience de me
suivre dans les mémoires qui composent cette partie, pourront prendre
une idée des sensations que j’ai éprouvées , en restaurant ainsi par
degrés ces antiques monumens d’épouvantables révolutions. J’y présente
une partie de mes recherches, dans l’ordre, ou plutôt dans le
désordre où je les ai faites, et selon que les faits nécessaires au complément
de mes genres se sont offerts successivement, dans l’idée que
cette irrégularité même donnera les démonstrations les plus fortes
de la justesse des principes généraux qui m’ont conduit dès l’abord;
puisque les morceaux venus ainsi après les autres n’ont presque
jamais contrarié ce que les premiers m’avaient fait conclure, et
que le nombre des pas rétrogrades auxquels j’ai été contraint est
presque nul, comparé à celui des pressentimens qui se sont vérifiés.
Cette partie de mon livre offrira sou-s ce rapport aux naturalistes