A r t ic l e IX .
D un bassin du va l d’Am o.
C’est encore pour prendre note des moindres vestiges qui peuvent
indiquer des espèces fossiles, que je mentionne ici ce morceau; Je.
l’ai acheté de ces paysans du val d’Arno qui recueillent les os d’élé-
phans et d’hippopotames dont leurs campagnes abondent, en sorte
que je n’en connois pas bien la position. Il est incrusté en partie
d’un sable collé par un ciment très-dur, et dans lequel on voit de
petits grains de quartz roulés et des parties ferrugineuses.
Ce bassin, entièrement inconnu et différant beaucoup de ceux des
chevaux, des boeufs, des chameaux et des autres animaux avec lesquels
il a quelques rapports de grandeur, ne ressemble aussi que
médiocrement à celui du tapir, bien qu’il s’en éloigne moins que
d’aucun autre. La partie ischiale est trèsdarge et très-concave en dessus,
mais peu allongée. Le trou ovalaire est aussi long que large. Son plus
grand diamètre est oblique d’avant en arrière et de dehors en dedans,
Ce qui reste de la partie évasée de l’os des îles est fort concaye en
dehors. La fosse cotyloïde est plus large que haute. Son échancrure
est profonde et large , mais se prolonge peu en arrière, etc.
Il est au reste bien difficile d’exprimer, dans une description, des
caractères et des nuances qui ne peuvent être bien saisis que par
une comparaison intuitive.
L ’animal auquel ce bassin a appartenu devoit surpasser encore
considérablement notre tapir des Indes, et demeurer.de très-peu
au-dessous de la taille du boeuf.'
J’ai donné les figures de ce morceau, pl. IX , fig. 3 et 4 , à moitié
de leur grandeur naturelle, et je ne puis qu’engager les naturalistes
toscans à rechercher les autres parties d’une espèce qui ne manquera
pa? de leur offrir des caractères remarquables.
A r t ic l e X.
Jtésumé de ce chapitre.
Il résulte de toutes les recherches exposées dans ce chapitre, que
les animaux voisins du genre des tapirs sont très-nombreux parmi les
fossiles;
Que ceux de ces animaux qui paroissent se rapprocher le plus de
ce genre sont d’une taille gigantesque , et forment peut-être deux
espèces ;
Que les autres peuvent déjà être considérés comme un genre à
part, auquel j’ai cru devoir donner le nom de lophiodon, à cause
des collines dont Ses dents sont relévées.
Les caractères génériques des lophiodons' consistent :
i°. En six incisives et deux canines à chaque mâchoire; sept molaires
de chaque côté à la mâchoire supérieure et six à 1 inférieure,
avec un espace vide entre la canine et la première molaire : points par
lesquels ils ressemblent aux tapirs.
2°. En une troisième colline à la dernière molaire d’en bas; laquelle
manque aux tapirs.
3°. Eh ce que les molaires antérieures d’en bas ne sont pas mûmes
de collinés transverses comme dans les tapirs, mais présentent une
suite longitudinale de tubercules ou un tubercule conique et. isolé.
4°. En ce que les molaires supérieures ont leurs1 collines transverses
plus obliques, et se rapprochent parla du rhinocéros, dont
elles diffèrent par l’absence de crochets à ces mêmes collines.
Ce que l’on connoît du reste de l’ostéologie des lophiodons, annonce
des rapports sensibles avec les tapirs, les rhinocéros, et à
quelques égards avec les hippopotames.
Mais l’on ignore encore plusieurs points essentiels de cette ostéo-
logie, et nommément le nombre dés doigts à chaque pied et la forme