Ces os se soudent si bien ensemble tous les quatre, qu’on n’y
aperçoit plus de suture, même à un âge assez peu avancé. On ne
voit point non plus la suture qui distingue l’intermaxillaire du
maxillaire.
Cette construction si solide est sans doute destinée au soutien de
la corne, et doit faire croire que ce rhinocéros l’avoit plus forte encore,
et potivoit s’en servir avec plus d’avantage que ceux d’aujourd’hui.
8°. Derrière cette jonction des os du nez aux incisifs commence
une cloison osseuse qui sépare les deux narines, et qui se porte en
arrière pour se joindre au vomer.
, M. A drien Camper m’apprend que dans son crâne-fossile-de
L ip sta d t, qui provient d’un_ jeune sujet s cette-cloison est soudée
avec les os incisifs, mais qu’elle se distingue1 encore des os nasaux par
une suture. Dans un autre crâne plus âgé de Sibérie ( celui que l’académie
de Pétersbourg avoit donné à son illustre père), la cloison
est soudée des deux côtés; '
Avec l’âge, elle se soudoit aussi au vomer, et ne formoit avec lui
qu’un tout continu. « C ette cloison, de Vépaisseur d’un pouce
» ( m? écrit encore M. Camper ) , passe sous fo rm e d’un mur très-
» so lid e, depuis l ’extrém ité du museau ju sq u ’au vomer, sans
» interruption, et soudée de toute p art aux os du liez,, à ceux
» des mâchoires e t à ceux du palais comme au Vomer. »
Mais avant que cette union fût complétée par l’âge, il restoit pendant
quelque temps un vide assez.considérable, qu’un’cartilage rem-
plissoit pendant la vie. C’est ce vide qui a fait croire à M. Faujas que
toute la cloison n’est qu’un produit de l’âge. Il auroit pu voir aisément,
cependant, que même alors elle n’en resteroit pas moins un
caractère spécifique, puisque les rhinocéros vivons n’en ont de telle
àaucun âge. Notreunicom e, qui est assurément bien adulte, puisque
toutes les sutures de son crâne sont effacées, n’en a pas la moindre
trace;, tandis que le crâne fossile des bords du T ch ik o ï, dont toutes
les dents ne sont pas encore sorties, l’a déjà presque complète.
9°. Il résulte de cette cloison que les trous incisifs sont séparés
l’un de l’autre-; tandis que dans les-espèces vivantes! ils se confondent
en une .vaste; ouverture. Je dois encore cette observation à
M. A drien Camper. Les figures de M.„, P a lla s pensont pas bien
claires sur ce point. On peut en prendre une meilleure idée dans
notre pi. V I I, fig. 5,î et pl. VIII, fig. 12. Chacun de Ges trous
donne un canal - court qui remonte obliquement en; arrière et
un peu . en dehors dans les-narines. G ollini avoit- déjà, fort bien
indiqué cette structure ( Mémoires de M anheim , tome V ). « Il y
» a de chaque coté, dit-il, une.petit» cavité-, et à côté-d’elle-on voit
» un conduit cylindrique -presque -horizontal, qui a un diamètre
» d’environ 6 lignes; chacun de ces conduits a communication avec
» un des naseaux,- par une ouverture qui «e trouve 'entre l’-os dé la
» mâchoire et le -vomer. Ils sont divergens, en-s’enfonçant horizom-
». talement dans,les naseaux,.parce quils suivent la forme de la mâ-
»1 choire, ».On voit qu’il n’y-a- rien là qui ressemble à rhinocéros
vivons.
io°. La longueur de l’échancrure nasale paro-ît avoir! été-la-cause
du reculement de l’oeil, qui.est plus en-arrièredanseé rhinocéros que
dans les autres.. (( Il étoit placé au-dessus de la dernière molaire y au
» lieu qu’il est situé au-dessus de la quatrième dans l’espèce d’Asie, »
m’écrivoit M. A drien Camper, ayant les deux espèces sous les yeux ;
et j’ai pu confirmer sa remarque maintenant que, .gràces-à M. Buck-
land, je jouis du même avantage^ Le bicorne d'Afrique r dont les
molaires se portent plus en avant , n’a l’oeil que: sur la cinquième.
11®. L ’échancrure des arrière-narines -est beaucoup plus larger
Elle ne se termine pas--en pointe en avant-, mais y est presque
coupée carrément.
i2°. Le palais est plus étroit et plus-allongé en proportion, etc.
A cet exposé des principaux caractères distinctifs des crânes fossiles
à narines cloisonnées, il ne me reste qu’à joindre le tableau desdimensions
de leurs diverses parties, tableau qui offre en chiffres
précis ces mêmes caractères.