A r t ic l e V.
D 'une dent d’origine inconnue, qui paroît de la grande espèce
de lophiodon du Bastberg.
Depuis long-temps on possédoit au cabinet du roi, sans en con-
noître l’origine, un germe appartenant évidemment à la grande espèce
du Bastberg, et qui devoit être celui de l’antépénultième molaire
parce qu’il est aussi large, et seulement de très-peu moins long que
la pénultième du morceau précédent. Nous le donnons, pl. I , fig. 3.
Ses collines, toutes ses parties saillantes sont encore parfaitement
intactes, aussi ses racines n’ont-elles pas encore commencé à se
former. Il peut donner une idée juste de la forme primitive des dents
de cet animal, et même des dents de tapir, surtout de eelles du
tapir de l’Inde, auxquelles il ressemble presque parfaitement.
Le reste de gangue qui lui est attaché, est un sable lin,, grisâtre
et un peu micacé, en sorte qu'il ne peut venir ni du Bastberg,
ni d’Argenton, mais il ne seroit pas impossible qu’il eut été trouvé
dans le voisinage de la dent dont j’ai parlé dans l’article précédent.
A r t ic l e VID
es ossemens de lophiodon des environs d ’Orléans.
Montabusard, lieu célèbre par les nombreuses espèces d’animaux
inconnus dont ses carrières recèlent les ossemens, est un hameau de
la commune iU ngré, département du Loiret, à une lieue à l’ouest
d Orléans, et à une demi-lieue de la Loire; il est situé sur un plateau
qui forme du côté de la Loire le premier échelon par lequel on
monte à la haute plaine de laBeauce , et qui n’est séparé que par un
petit vallon sans eau du coteau qui règne le long de la Loire, et sur
lequel est Orléans. Ony exploite des bancs d’une pierre marneuse, ou
d’une sorte de marné durcie, pénétrés de toute part de coquilles d’eau
douce, et surtout de limnées et de planorbes, qui y sont même plus
abondans qu’à Argen tôn et àBuchsweiler. Cette couche marneuse de
cinq à six pieds de puissance, est dite reposer sur un lit d’une sorte de
craie qui pourroit bien n’être qu’une autre variété de marne; elle est
recouverte de douze à quinze pieds de pierre semblable à elle, mais
divisée en petits fragmens, et d’une couche de terré végétale mêlée
de ces mêmes fragmens et épaisse de deux à trois pieds. C’est dans
le plein banc de pierre que se trouvent les os d’animaux terrestres,
en sorte qu’ils sont à une profondeur d’environ 18 pieds.
Je ne doute guère que ces bancs de calcaire d’eau douce ne passent
sous les immenses lits de sable et de grès sans coquille, qui
constituent le fond de toute la plaine de Beauce, et qu’ils ne se
rattachent par conséquent à cette ancienne formation d’eau douce
dont nos plâtrés de Paris font partie.
M. D e fa y , négociant d’Orléans, fort adonné à l’histoire naturelle,
et qui a rempli pendant quelque temps avec honneur la
chaire de professeur d’histoire naturelle à l’école centrale de cette
ville , est le premier qui ait recueilli avec attention ces intéressans
débris, et il a donné une liste de ceux qu’il possédoit, dans son ouvrage
intitulé : L a nature considérée dans plusieurs de ses opérations
, imprimé en 1783 : liste vague où rien n’est déterminé quant
aux espèces.
Ayant quelque temps après communiqué sa collection à Guettard,
celui-ci en fit graver grossièrement quelques morceaux, en 1786 ,
dans le VL . volume de ses mémoires sur les sciences et les arts,
Mém. X , pl. VI et V i l , sans rien dire de plus que Defay, de leur
nature et des espèces auxquelles ils pouvoient se rapporter.
M. Defay m’a aussi envoyé, il y a quelques années, cette même
collection, et j’en ai pris des dessins. Il m’a paru que tous les morceaux
n’étoient pas de la même couche, et je doute par exemple