s’élève en masse immense pour former au milieu de la chaîne des Alpes , des montagnes
extrêmement] hautes (p ar exemple leR ig i q u ia environ 2000 mètres ) ,
je présume que ces terrain^ sont de la même époque de formation, c’est-à-dire ,
des memes temps géologiques et dus aux mêmes causes que nos terrains de sédi-
mens supérieurs.
Ce n’est point ici le lieu de développer les preuves de cette opinion ; d’ailleurs ce
rapprochement qui pouvoit paroître très-hasardé au moment où je crus l’apercevoir
en 1817, et où j ’osai en faire part à plusieurs naturalistes, a beaucoup moins besoin
de preuves actuellement qu’il est admis par plusieurs géologues qui ont observé
ce terrain dans différens temps, et dont l’opinion est pour moi d’un grand poids.
( M . Beudant, en Hongrie, M. Prévost, aux environs de 'Vienne en Autriche,
M . B u c k l a n d , eu Suisse.) Il ne reste donc quà rechercher maintenant de quelle
partie du terrain de sédiment supérieur il peut être plus particulièrement rapproché
, quelle est la valeur des différences frappantes qu’on trouve entre ces deux
terrains, et à quelles circonstances sont dues ces différences ; mais l’examen de toutes
ces questions nous éloignerait trop de notre sujet, et leur solution n’est pas
absolument nécessaire pour arriver au résultat que nous voulons obtenir ; il nous
suffit donc d’avoir montré que le terrain de psammite molasse de la Suisse (Nagelflue Sand), et de poudingue polygénique qui le recouvre f alterne avec
lui ou au moins l’accompagne, peuvent être rapportés avec la plus.grande probabilité
aux terrains de sédimens supérieurs ( terrains tertiaires ), pour en conclure
que les couches de lignites de Saint-Saphorin, de Paudé, et de Koepfnach, qui sont
. situés pu milieu du psammite molasse, ou même au-dessous de cette roche, sont
dans une position géologique analogue à .celle des lignites du bassin de Paris.
Nous allons voir actuellement que les circonstances minéralogiques et géologiques
de détails concourent également à établir cette analogie de formation, et
je vais dans cette intention donner une courte description de chacun de ces gîtes :
A Saint-Saphorin, près Vevay, Je lignite qui y a été autrefois exploité avec
avantage, présente encore des afïleuremens très-instructifs dont la coupe ( pi. H, B,
fig. s) donnera une idée suffisante. De Vevay à Saint-Saphorin, la partie supérieure
du sol est composée de poudingues polygéniques {Nagelflue qui varie par la
grosseur de ses parties, et un peu par leur nature ; ce sont généralement des
cailloux de calcaire compacte , gris de fumée, de silex corné noirâtre, d’eurite, e tc .,
fortement aggrégés par une breceiole çalçaréo-calcaire,, ^est^-dire à ciment calcaire,
et traversé par des veines de ealcaire spathique quelquefois très-épaisses.
Au-dessous de ce poudingue se voient des bancs peu puissans d’une roche très-
dure que je rapporte aux psammites caleaires compactes, c’est-à-dire, aux roches
argilo-calcaires micacées.
C’est entre les assises et les fissures de cette roche que se vbyoit en 1817,
exactement comme la coupe le représente, un lit de matière charbonneuse et
bitumineuse que je rapporte au lignite.
Au-dessous de ce lit de lignite on trouve une couche assez puissante d’une argile
endurcie, fragmentaire, ou marne argileuse dure ; et encore au-dessous, presque sur
les bords du la c , des bancs puissans de psammite calcaire compacte et assez solide ;
je 11’y ai vu aucun débris de corps organisés (mais je tiens de M. de Charpentier des
échantillons de cette même mine, pris lorsqu’elle étoit eu exploitation au moyen
de la galerie dont on voit encore l’ouverture un peu au-dessus du niveau dulac. Ces
échantillons qui sont du calcaire compacte marneux et bitumineux, brun de chocolat,
et du lignite terreux fissile, soutremplisde débris delimnéès etdeplanorbes.
Un peu avant Lausanne, entre cette ville et L u t r i, auprès du village dé Paudé,
on retrouve la même formation, c’est-à-dire un autre dépôt de lignite qui se montre
dans une assez grande étendue sur les bords coupés verticalement du ruisseau de
Paudeze. Ici il n’y a plus de poudingue et le psammite molasse est bien mieux
caractérisé. En allant de la surface du sol à la plus grande profondeur, on remarque
la succession de roches suivantes (voyez pl. I I , B , fig. 3) :
t°. Un gros banc de psammite calcaire d u r , semblable au banc le plus inférieur
du gîte de St.-Saphorin, et recouvert par un petit lit d’argile.
2°. Un gros banc de psammite molasse (1) gris verdâtre, tendre, calcaire, présentant
quelques impressions de végétaux.
3». Un banc d’environ deux décimètres d’un calcaire compacte marneux bitumineux,
d’un.brun de chocolat, semblable'én tout à celui de St.-Saphorin, pénétré
de veinules de lignite charbonneux et recouvert d’un lit d’argile endurcie, qui
néanmoins se ramollit dans l’eau.
4°. Un banc d’environ deux décimètres du même calcaire compacte brun, présentant
comme -le précédent des lits minces de lignite charbonneux ; mais surtout
de nombreuses empreintes de coquilles fluviatiles, planorbes et limnées, trop altérées
pour qu’on puisse les déterminer ou les décrire.
Encore au-dessous un lit d’argile endurcie.
C’est dans cette argile endurcie que j ’ai reconnu des fragmens de coquilles
bivalves, qui appartiennent sans aucun doute au genre Anodonte. 5°. Enfin au niveau du ruisseau un psammite mollasse gris , verdâtre, micacé ,
dont on ne connoît pas l’épaisseur.
(1) C e n om in d iq u e le s c a r a c tè r e s su iv an s :
R o c h e d a g g r e g a t io n , a p e t it s g r a in s , p e u so lid e , q u e lq u e fo is m êm e f r i a b l e , c om p o sé e d e
q u a r z s a b le u x , d ’ a r g ile e t d e c a l c a i r e , c ’ e s t - à - d i r e , d e m a rn e ta n tô t c a l c a i r e , ta n tô t
a r g i le u s e , su iv a n t l a p r é d om in a n c e d e l ’ u n d e s d e u x c om p o sa n s , e t d e m i c a e n p a ille t te s
d is t in c te s p lu s o u m o in s a b o n d a n t . L e p s am m i te m o la s s e n ’ e s t p o in t d é c r i t d a n s m o n E s sa i
d e C la s s ific a t io n d e s R o c h e s m é la n g é e s ; m a is d a n s l a n o u v e lle é d i t io n c ette- e sp è c e y s e r a
p la c é e d an s u n n o u v e a u g e n r e , q u i r é u n i r a to u s le s p s am m i te s c a lc a i r e s sous. l e n om d e
M a c ig n o , n om em p lo y é d ep u is lo n g - tem p s p a r le s n a tu r a lis te s i t a lie n s -pour d é s ig n e r ces
r o c h e s . L e p s am m i te c a l c a i r e p r o p r em e n t d i t n e d iff é r é d u p s am m i te m o la s s e q u e p a r c e q u ’ il
e st p lu s c om p a c te , t r è s - s o lid e e t à g r a in s p lu s fin s .