En effet, dans le tapir d'Amérique,?à compter de la seconde,
toutes les molaires ont leur couronne divisée en deux collines transversales
d’égale largeur; et l’on voit que dans l’animal fossile, les trois
premières dents ont eu, au lieu de collines, des espèces d e pointes ou
de pyramides dont l’antérieure étoit plus large que cellequi la suivoit.
Mais en comparant avec attention la mâchoire fossile avec celle
dn tapir vivant, il fut facile d’y voir d’autres.différences qui confirmèrent
celle des>dents, et ne laissèrent aucun doute sur celle qui
existait entre ces:espèces.
La principale est, à la partie antérieure du museau, beaucoup plus
étroite et plus allongée dans le tapir ordinaire que dans notre 'animal.
La longueur de cet intervalle vide, promenée sur celle des six molaires,
1 y va plus de cinq fois dans l’animal fossile,' et*pas tout-à-fait
deux et un quart de fois dans le vrai tapir. ,
Les molaires du tapir adulte 'sont à peu près de longueurs égales
entre elles. Dans l’animal fossile elles vont en diminuent de longueur
depuis la dernière jusqu’à la première, i
Un coup-d’êeil jeté sur les fig. r et a de'notre pi. I et de la pi. II,
et une comparaison aveclesfig. i ; 3 et 7 de là pi. I I de Kostéologie
des tapirs, fera sentir en un instant des différences* plus Vivement
qu’aucune mesure. -
Je me crus donc* autorisé à conclure d’après -ces pièceè* que les'
pentes de la Montagne Noire recéloient des restesd’une espèce voisine
du tapir, mais qui n’étoit pas précisément la même. C’est ce que
j annonçai dans le Bulletin des Sciences de nivôse an V I I I , n°. 34*
Quelque temps après M. Dodun, ingénieur en chef des ponts et
chaussées du dcjcntement du ! a rn . adressa à la Société philomatique
un Mémoire intitulé N o tice surdenom breuxfossiles osseux trouvés
le long des dernières pen tes de la Montagne N o ire, aux environs
de Castelnaudari, dans lequel il donnoit un dessin très-exact de
cette même mâchoire que j’ai représentée dans mes planches 1 et II,
et où il nous appren'oit que c,’étoit lui qui l’avoit trouvée en 1784 et
quil avoitdonnée en 1788 à M. de Joubert. Outre les deux morceaux
dont je viens de parler, l’auteur représentoit encore une dent canine
et Une molaire séparées, et un fragment de mâchoire inférieure contenant
les deux dernières* molaires du côté gauche, en tout semblables
à leurs correspondantes dans la mâchoire que j’ai fait graver.
M. Dodun ayant bien voulu confier à mon examen la plus grande
partie des morceaux qu’il avoit recueillis, j’en ai reconnu plusieurs
de’ notre animal, qui ont beaucoup contribué à compléter la connois-
sanee que j’en avois. '
Il s’y trouva entre autres une portion de mâchoire inférieure du
côté droit, contenant l’arrière-molaire à trois collines, nullement
usée, telle que je l’avois déjà vue dans la mâchoire du cabinet de
M. de Drée.
Cette partie de mâchoire est représentée pl. III, fig. 1, de moitié'
grandeur, et la dent, à part, de grandeur naturelle, fig. 2. Cette
dent est longue de o,o43, et large de 0,023.
On voit encore dans ce morceau les racines des quatre dents qui
précèdent celle-là, assez entières pour pouvoir être mesurées. La
pénultième a o,o3 de long; l’antépénultième o,oa3; celle qui la précède
OjOa!; ét la première du morceau qui devoit être la seconde en
rang de la mâchoire 0,017*. Les Cinq ensemble occupent un espace
de 0,14-Vis-à-vis la dernière, la mâchoire est haute de 0,057 ; vis-à-
vis la première où finissoit la symphyse de 0,04 ; son épaisseur est
de o,o3 : dimensions toutes à peu près les mêmes que celles de la première
mâchoire que nous avons décrite.
Il reste en avant une racine d’une dent qui devoit être la première
de toutes les molaires , en sorte qu’il s’en trouve six comme dans le
tapir. Cette mâchoire est plus plane à l’extérieur et moins grosse
vers le bas que celle du tapir. L ’espace occupé par les cinq dents y
est plus long qu’au tapir sans qu’elle soit plus haute. Les trous mentonnière
y sont un peu différens de ceux de la fig. 1 , pl. II. A la
vérité il y en a de même les restes d’un grand, sous la première
molaire ; mais on en voit un autre sous la quatrième, et même il
semble qu’il y en ait eu un sous la cinquième. Mais dans le tapir
lui -même ces trous sont sujets à varier.
11 n’y avoit point encore dans tout cela de molaire supérieure,