A r t ic l e s Y et VI.
D u g y p se , de la seconde fo rm a tio n d ’eau douce e t des marnes
m arines.
Le terrain dont nous allons tracer l’histoire est un des exemples
le plus clairs de ce que l’on doit entendre par formation. O n va y
voir des eouches très-différentes les unes des autres par leur nature
chimique, mais évidemment formées ensemble.
Ce terrain que nous nommons gypseux if est pas seulement composé
de gypse, il consiste en couches alternatives de gypse et de
marne argileuse et Calcaire. Ces couches ont suivi un ordre de superposition
qui a été toujours le mê me danà la grande bande gyp-
seùàé que nous avons étudiée, depuis Meaux jusqu’à Triel et Grisy,
sur une longueur de plus de vingt lieues. Quelques coüèhes manquent
dans Certains cantons, mais celles qui restent sont toujours
dans' là mê me position respective.
Le terrain gypseux est placé immédiatement au-dessus du calcaire
marin , et il n’est pas possible de douter de cette superposition. Les
carrières de gypse de Clamart, deMeudon, de Ville-d’Avray, placées
au-dessus du calcaire grossier qu’orr exploite’ aux mêmes lieux; les
Carrières de cés deux sortes de pierres à là montagne dè’Triêl , dont
là‘superposition est encore plus évidente ; un puits creusé dans le
jardin de M. Lopès, à Fontenay-aux-R6ses, et qui a'traversé d’àbord
le'gypse ét ensuite le calcaire; enfin l'inspection que nous avdns
faite par nous-mêmes' des couches que traversent les puits des'‘carrières
à pierre qui sont situées au pied de la butte de Bagneux, sont
des preuves plus que suffisantes de la position du gypse sur le calcaire.
Les collines ou buttes gypseuses ont un aspect particulier qui les
fait rèconnoitre de loin; comme elles sont toujours placées sur le
calcaire, elles forment .comme de, secondes collines allongées ou coniques
très-distinctes, situées sur des collines plus étendues et plus basses.
Nous ferons connoître les détails de cette formation, en prenant
pour exemple les montagnes qui présentent l’ensemble de couches
le plus complet; et quoique Montmartre ait été déjà bien visité, c’est
encore le meilleur et le plus intéressant exemple que nous puissions
choisir.
O n reconnoît, tant à Montmartre que dans les collines qui semblent
en faire la suite, deux masses de gypse. La plus inférieure est
composée de couches alternatives et peu épaisses de gypse souvent
séléniteux (i), do marnes calcaires solides et de marnes argileuses'
très-feuilletées. C ’est dans les premières que se voient principalement
les gros cristaux de gypse jaunâtre lenticulaire, et c’est dans les dernières
que se trouve le silex ménilite. Il paroît que les parties inférieures
de cette masse ont été déposées tantôt à nu sur le sable calcaire
marin coquîllier, et alors elles renferment des coquilles marines,
comme l’ont reconnu à Montmartre M M . Desmarest, Coupé, etc. (2),
tantôt sur un fond de marne blanche, renfermant une grande quantité
de coquilles d’eau douce , et qui avoit d’abord recouvert le sol
marin. Cette seconde circonstance nous semble prouvée par deux
observations faites, l’une à Relleville par M. Héricart de Thury, et
l’autre par nous à la rue de Roehechouart. En creusant des puits dans
ces deux endroits on traverse les dernières couches de la basse masse,
et on trouve dans les parties inférieures de cette masse un banc
puissant de cette marne blanche d’eau douce, dont nous venons de
parler. Au-dessous de ce banc, on arrive soit aux premières assises
du calcaire marin (3), soit au dépôt toujours de formation lacustre
du calcaire siliceux.
On a voulu subdiviser cette masse en deux et établir trois masses
de gypse; mais nous nous sommes assurés que la troisième et la seconde
ne présentent aucune distinction réelle entre elles ; on re- 1 2 3
(1) C’est-à-dire mêlé de cristaux de gypse d’une forme déterminable.
(2) Yoyez dans les sections suivantes, à l’article de Montmartre, les détails relatifs à ces
coquilles. .
(3) On donnera les détails des couches qu’a traversées le puits de la rue de Roehechouart,
dans la seconde section , art. 111.