chacune cinq dents molaires. Elles furent trouvées en 17 83 sur
la terre dans le Comminge, du côté de B ein g , à cinq lieues du
château d’A lla n qui étoit la résidence des évêques du Comminge,
près la rivière <îe Louze. Elles avoient probablement été extraites
en construisant un chemin de communication entre des villages. Le
chasseur de l’évêque du Comminge en fît la découverte, et cassa
chaque moitié en deux pour en faciliter le transport. Acquises'par
feuM. de Joub ert, trésorier des Etats de Languedoc, qui les décrivit
et les représenta dans les Mémoires de l ’Académie de T oulouse,
t. III, p. n o , pl. VII— X , elles ont passé depuis dans le cabinet de
M. le marquis de Drée.
J’ai fait représenter, aux quatre cinquièmes de leur grandeur
naturelle, les deux séries de dents, dans une planche dont on a distribué
quelques épreuves avec le Bulletin des Sciences de nivôse
an V I I I , et que je reproduis ici pl. V.
Quant a la mâchoire même, ainsi qu’on peut en juger par les
figures de M. de J o u b ert, elle est tellement mutilée et masquée par
le sable qui l’enduit, qu’on auroit peine à savoir si elle est l’infé-'
rieure ou la supérieure : c’est ce qui m’a empêché de la faire regraver.
C’est non loin de là, dans le Couserahs près de S t.-L a r y , que
MM. G illet LaUmont et Lelièvre trouvèrent un quatrième morceau
dont je donne la représentation pl. IV, fig. 4- C’est encore une molaire
qui paroît avoir eu trois collines, mais déjà usées,-et qui est
fort mutilée.
M. R o u x , juge au tribunal d’Aùch , en a donné au Muséum un
cinquième, qui est un germe encore entier, comme paroît l’avoir
été la dent de L yon, et dont les collinés sont crénelées. Il est presque
carré, et n’a que deux collines et un talon. On l’a trouvé dans les
propriétés de ce magistrat, dans un banc de sable à six pieds de profondeur,
sur les coteaux d’A rbeichan , entre A u ch et Mirande
département du Gers. La matière qui l’incruste est composée de
gros grains de quartz roulés, et d’une pâte marneuse jaunâtre. On ne
l’a pas gravé parce qu’il ressemble en tout à un autre d’origine inconnue
, représenté pl. IV, fig. 3.
- Enfin, défunt M. Faujas en possédoit un sixième morceau: c’étoit
une molaire à trois collines, pareille à la première des environs de
Vienne, mais à demi-usée: elle avoit été déterrée à Grenoble aux
bords de l’Isère, dans un sol d’alluvion, en creusant les fondations
d’un bâtiment qui appartenoit aux Cordeliers. M. D ucros, l’un de
ces religieux, et depuis bibliothécaire de la ville de Grenoble, l’avoit
donnée à M. Faujas. Après le décès de ce dernier elle a été acquise
par M. Robert Bdkew ell, savant géologiste anglois. Nous en donnons
la figure pl. III, fig. 7.
Tous ces morceaux, comme on voit, sont de France. Le germe
semblable à celui d’A rbeichan , déposé depuis long-temps au cabinet
du roi, pl. IV, fig. 3, est d’une origine inconnue, mais il venoit d’un
terrain différent des précédens, car il est teint en noir et encore enduit
en partie d’une ocre jaunâtre très-fine.
Cette espèce paroît être assez rare dans les autres pays. Tout nouvellement
cependant M. Soemmering a fait remarquer dans un
Mémoire lu à Y Académie de M u n ich , en janvier 1818, qu’il falloit
y rapporter une dent décrite sans détermination en 1780, dans les
Mémoires de la même Académie, t. IV, pl. II, fig. 6 , par Ildefonse
Kennedy. Elle avoit été trouvée, en 1778, près de la petite ville de
F urth en Basse-Bavière, sur la rivière de Cham, dans une sablonnière.
M. Soemmering ajoute qu’il existe dans le cabinet impérial' de
Vienne, deux mâchoires inférieures garnies des mêmes dents, déterrées
près du Feldsberg, non loin de la frontière de Moravie. Ce fait
lui a été attesté par M. de Schreibers, savant naturaliste et directeur
de ce cabinet.
Ce sont là toutes les pièces appartenant clairement à ce grand
animal, dont on avoit connoissance avant la présente édition de cet
ouvrage.
A la vérité M. F a u ja s, E ssais de G éologie, t. I I, p. 376, en
rappelant ce que j’avois dit de cette espèce dans mon programme
sous le titré de Tapir gigantesque, ajoutoit que M. de Drée en
possédoit une tête pétrifiée et bien conservée.
Malheureusement M. de Drée et M. de Joubert n’ont eu que les