de ses molaires ; le lamantin et le kanguroo sont dans le même cas.
Dans le kanguroo, on voit deux collines, et même il y a une ligne
descendant obliquement au bord interne, comme celle du germe de
la pl. IV, fig. 3.
Cet animal a aussi les molaires au nombre de.six dans la jeunesse
et la première comprimée et triangulaire.
Le lamantin a neuf molaires, dont la première seule est triangulaire ;
les autres sont carrées, à deux collines crénelées, comme notre animal,
et à deux talons, un devant et un derrière.
Mais ce qui me détourne de rapprocher notre grand animal de ces
deux genres, c’est le radius qui a été trouvé au Carlat-le-Comte avec
les dents que nous avons décrites.
Bien que privé de ses deux tètes il a e,35 de longueur; sa largeur
parle bas,.où il est le plus gros, est de 0,11 ; sa forme courte et
arrondie ne répond qu’à celle du tapir ; sa grandeur est avec celle
dés dents dans une proportion à peu près analogue à ce qui se voit
dans le tapir, car il a deux fois et demi la grosseur du radius de
tapir.
Le lamantin a cet os beaucoup plus triangulaire, et sa grosseur supposerait
un lamantin beaucoup plus grand que celui qui auroit porté
ces dents, parce que dans les cétacés toutes les parties de l’extrémité
antérieure sont fort rappetissées.
Il est inutile de songer au radius du kanguroo, dont les formes
grêles sont entièrement différentes.
Tout concourt donc jusqu’à présent à rapprocher notre animal
des tapirs, et tant que nous n’aurons pas la preuve que ses dents
inciâves et canines ne correspoodoient pas à celles de ce genre, nous
serons autorisés à l’y rapporter.
Nous lui conservons donc le nom spécifique de tapir gigantesque|
que nous lui avions donné depuis long-temps.
L’espèce, ou si l’on veut la variété, à laquelle appartenoient les
grands germes semblables à celui de la pl. IV, fig. 3, si l’on en juge
par comparaison avec nos tapirs vivans, notamment avec celui de
1 Inde,, devoit avoir au moins dix-huit pieds de longueur sur onze
pieds de hauteur, ce qui L’égaloit à de très-grands éléphans et au
grand mastodonte d’Amérique.
Les autres individus, ceux de Carlat et de Chevilly, dévoient être
un peu moindres ; mais ils formoient certainement encore des animaux
très-formidables.
Il paroît que ces tapirs gigantesques datent de la même époque
que les mastodontes et les éléphans fossiles, qu’ils vivoient avec eux,
et qu’ils ont été détruits par la même catastrophe ^puisque leurs os
se trouvent dans les mêmes couches, et quelquefois , comme à
Chevilly et à Avaray, pêle-mêle avec les leurs (1).
..(1) Je reçois à l’instant un Mémoire lu par M. Lockhart à la Société royale des Sciences
d’Orléans, sur les os fossiles d’Avaray. Il y est dit (p. 3)'que « ces ossemens se trouvent
» placés hors de la vallée de la Loire , entre la grande route et le village,d’Avaray ; ils. ne
» sont pas renfermés dans des couches pierreuses régulières. On les trouve dans un lit de
» sable qui est immédiatement porté par le banc calcaire d’eau douce qui constitue en grande^
» partie les départemens du Loiret et de Loir-et-Cher. Ce lit . est formé d’un sable très-
» varié, composé de petits fragmens calcaires et de quartz roulé,i de grosseur et de couleur
» différentes, etc. Ce lit est surmonté par la couche de terre végétale. »