§ III. Craie du nord eï de Vest.
Nous allons maintenant suivre, dans les parties orientales et septéntriônaïes de
l’Europe, la craie bien caractérisée et assez généralement reconnue pour telle.
Nous l’avons quittée à l’orient de la France, dans les dépattemens du Nord. Nous'
la retrouvons en entrant dans le royaume des Pays-Bas ; mais, si elle ne présente
plus ici la couleur, la texture ni aucun des caractères minéralogiques qu’on a l’habitude
d’attribuer à la craie, elle offre tous ceux qu’on peut tirer de sa Structure en
grand, et des corps organisés fossiles qu’elle renferme.
On peut sans aucun doute rapporter à la formation de la craie la montagne de1 2 3
Saint-Pierre près Maeslricht, ou , au moins, Une grande partie de ce terrain, car
il Seroit possible qu’il fut recouvert dans quelques points par des dépôts plus ou
moins épais de calcaire grossier. La roche qui compose les parties inférieures de
cette montagne,. s’éloigne de la craie blanche par sa structuré grenue, sa consistance
friable, sa couléur jaunâtre, mais elle ressemble d’autant plu’s par là à la craie-
tufàu. On ne remarque ici aucune stratification distincte • la formation sëdimentaire
horizontale^est indiquée par de nombreux lits de silex qui appartiennent plutôt
aux silex cornés qu’aux pyromaques , autres caractères propres à là craie tüfâu.
Delùc avoit déjà remarqué ( i) l’analogie dë cette roche avec la craie, et tout en
1 appelant sable à cause de sa texture grenue et de sâ consistance friable , il fèsoit
observer que ce sable étoit entièrement disSôlüble dans l’acide nitrique. Les coquilles
sont inégalement distribuées dans cette masse.' Il y a des bâties qui n’én
contiennent aucune j les silex, dit ce judicieux géologue, y Sont disposés exactement
comme dans la Crâie, et les bélemnites différentes de celles du Calcaire compacte
alpin ressemblent à celles de la craie. MM. Defrànce et de Schlotheim, e tc .,.
admettent îa mêïne analogie.
Près du bourg de Fauquemont, de l’àutrë côté dé la Meuse, presqu’en fàeê de
Maestricht, les Collines sont de craie tufau à leur base et de sable quarzêux à leur-
sommet (à)..--'
On remarque dans cette masse puissante de crâie friable, dès canaux à peu près;
verticaux ouverts à la surface du terrain de Craie,. et par lesquels S’écoule, lorsque
les circonstances le permettent, le sable qui recouvre ce terrain et qui forme le
sol superficiel de la colline de Saint-Pierre ; M. Bory de Saint-Vincent a décrit ce tte
particularité remarquable sous le nom d’orgue géologique (3);
(1) Lettres géologiques sur la terre et sur l’homme, t . I V , le t t r e s L X X X I I I , p . 553, e t
X C , p . u î , 121 , 123/
(2) Idem, t. I V , p. ï 3 i .
(3) D e s c r ip t io n d u p l a t e a u d e S a in t ^ i é r r e d e M a ë s t r i c h t , p a r M . Bory dé Saint- Vincent,.
A n n . d e s S c . p h y s . d e B r u x e l l e s , 1 . 1 , 1 8 1 9 . 1
Malgré la description que M. Faüjas a donnée de cette colline et les nombreuses
figures de fossiles qu’il en a publiées, il est encore difficile de former une liste
un peu étendue des coquilles fossiles qu’elle renferme, déterminées avec assez
d’exactitude pour qu’on puisse les reconnoître avec certitude ; nous né pouvons
indiquer que les suivantes :
Ostrea vesicularis. Lam. Faux.
Thecidea radians. D efR. Fauj. tab. X X V I I , fig. 8.
Thecidea hieroglyphica. D efr.
Spatangus bufo. A . Br. ( p l . V , f ig . 4* ) — Fauj. p l . X X X , f ig . 2 .
En s’avançant davantage vers l’e s t, la craie se montre sur une étendue plus
considérable et avec des caractères qui n’ont jamais permis d’hésiter sur sa nature.
Il paroi t qu’elle forme le fond du soi des, pays d’Ôldenbourg et de Hanovre, du
Holstein,, du Danemarck et de toutes ses île s , parmi lesquelles on a fréquemment
indiqué et d é c r it, comme exemple remarquable de cette roche, la Séelaude
et l’ile de Moens , ainsi que celle de Rugen vis-à-vis la côte de Poméranie.
Dans ce point les deux rivages de la Baltique en sont composés, car sur le rivage
du nord, tous lés géologues qui ont étudié ou visité la Suède, MM. Debuch,
Hausman, et en dernier lieu M. Wahlenberg, citent les environs de Malmoë
comme appartenant à la formation de craie *, sur le rivage du sud, le sol fondamental
du Mecklenbourg,- de la Poméranie, des environs de Dantzick, e tc .,
appartiennent aussi, sans aucun cloute, à la craie. Cette roche n’est pas toujours
visible dans les lieux que nous venons de citer , parce que des terrains de transport
d’une nature quarzeuse et d’une origine particulière , la recouvrent dans
beaucoup de points; mais elle s’y manifeste, soit en perçant ces terrains, soit
en fournissant les rivages des silex et des coquilles remplies de silex qui lui appartiennent
et que la mer a détachés de sa masse, .
La eraie ne compose pas seulement le fond du sol des rivages de la Baltique,
elle s’étend presque jusqu’au pied des montagnes du Harz, de la Saxe, de la
Silésie et des Krapacks, car on la voit très-distinctement à Grodno e tà Cracovie.
Mais notre but n’est pas de présenter l’énumération de tous les terrains de craie
qu’on peut connoître en Europe. Ceux que nous venons de citer suffisent pour
donner une idée de l’étendue de ces terrains. Nous avons seulement l’inlention
de faire remarquer que cette craie est souvent semblable en tout à celle de France
et d’A n g le te r r e en rapportant quelques faits particuliers qui tendent à le prouver
et qui ont été observés dans différens points des pays que nous venons de citer.
Le spatangus corcmguinum, cet échinite que nous avons si souvent désigné
comme propre à la craie , a également frappé un observateur qui exerce sa sagacité
dans un pays bien différent et bien éloigné du nôtre : M. Wahlenberg lè
cite comme indiquant des lits de craie sur les rivages de la Scanie (1).
| i | Act. Soc. regice,■ Sc. vpsal, v o l . Y I I I , p.- 5 i