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iSo III. DISSERTATION SUR LA
» I'Eglifc : a u lieu <jue h coutume de dire un fi grand nombre de Meflès dans
„ l'Eglife Làtini; eft tres-nouvelle , & à été principalement introduite par
„ les Moines Mcndians, ainfi qu'il a été remarqué par le Cardinal Bona j la-
„ quelle coiitume s'efl: beaucoup fortifiée depuis I'lntroduftion du Droit noii-
, , veau. Cell aufli un ulàge trrâ-ancien , que ceux qui fervent & affiftent
>, à la Meflè en irccitent une bonne partie ; & cela, parce que la Liturgie
„ eft une aftion publique qui regarde le peuple , aulïi bien que-le Prêtre,
„ comme il eft même .lifc de le prouver par les prieres de la MeHè Latine.
„ IX. Il eft vrai que les Neftoriens & les autifes Orientaux fe font relâ-
„ chés de l'ancienne Difcipline pour ce qui regarde les Ordres, & qu'ils ne
„ g,irdent point l'âge requis par les Canons : mais fi cela àvoit befoin d'être
„ reformé, aufli bien que ce qui app.utient au mariage des Prêtres , cette
„ reformation devoir être prife de leurs l o i x , plutôt, que de celles de Rome.
„ Tout le monde f a i t , que dans l'Eglife Orientale il elt permis aux Prêtres
„ de fe marier avant leur Ordination. C'eft Ce que l'Archevêque Menefés
„ devoit confiderer en les reformant , & ne pas rompre les mariages des
„ Prêtres, pour fe conformer à quelques Statuts établis dans les Synodes te-
, , nus à Goa par les Millionnaires Latins.
„ X.^ Menefes tie paroit p.is avoir raifon, de mettre au nombre des erreurs,
„ la coutume de ne point reciter le Breviaire hors de l'Eglife; parce que cet
„ ufig;e eft nouveau, 6e que le Breviaire n'a pas été établi pour être recité en
„ particulier.
„ XL Je doute qu'on puiflè appeller fimonie la taxe que les Prêtres Nes-
„ toriens font pour l'adminiftration des Sacremens, parce que cela leur tient
„ lieu de Benefice ; & on pout leur appliquer ce qui a été dit ci-defliis en par-
I, lant des Grecs.
„ XIL On ne doit p a s , ce me fèmble, mettre au honibre des erreurs la
, , (bumiflion que les Neftoriens ont pour leur Patriarche ; parce que les Orien-
„ taux regardent tous les Patriarchats, même celui dé R o m e , comme des Puif-
„ fances établies par le Droit p o f i t i f : & fi on leur reproche l'averfion qu'ils
„ ont pour le Pape, ils repondent que le Pape s'attribue des droits fur les E-
„ glifes d ' O r i e n t , que ces Eglifes ne reconnoiflènt point. Pour ce qui eft
j , qu'ils n'ont ni Curés, ni Vicaires, mais que le plus ancien Prêtre prefide à
„ leurs Aflèmblées;on ne peut point raifonnablement traiter cela d'erreur : au
„ contraire, c'eft une excellente Difcipline, & il fooit à fouhaiter qu'elle fût
„ établie dans toute l'Eglife, afin de rettedier à plufieurs abus qui font au-
, , jourd'hui dans les Benefices.
, , XIII. Enfin la plupart de ce que Menefes appelle abus dans les Nefto-
„ riens ne l'efi point en effet, fi ce n'eft dans l'imagination de quelques Mis-
„ fionnaires, qui règlent la Religion fur ce qu'ils ont appris dans leurs Eco-
„ les. Dira-t-on, par exemple, que c'efi une erreur parmi ces peuples & les
„ autres Chrétiens du Levant, de manger de la viande le Samedi, qui eft un
„ jour de fête parmi eux conformément à l'ancien uCige de l'Eglife > Dira-t-
„ on a u f l i , que les Neftoriens errent en ce qui regarde le M.ariagc, parce
„ qu'ils s'adreflènt au premier Prêtre qu'ils trouvent pour les marier ? On doit
5, favoir, que dans l'Eglife Orientale le Prêtre ne fert p.is de témoin pour le
„ Mariage; mais il en eft le feul & véritable M i n i f t r e , comme des .autres S.v
„ cremens & Ceremonies.
(Les Chrétiens de St. Thomas fe difent tous defcendus d'un certain Mar
Thmas, ou Thmms Cima Négociant Arménien, qui s'établit dans le Crangcnior,
Ce
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Ce Mar Ihomas époula deux femmes qui toutes deux lui donnèrent des cn-
6ns. Ceux de la premiere femme hëriterent des biens qu'il pofledoit vers 1E
midi du Royaume de Crmganor, Se ceux de la fécondé, qui étoit uneefcbve
Naïre converde au Chriltianiûne, Eirent héritiers de l'érabliflement que leur
pere avoit au Nord. Dans la fuite ces defcendans fe multiplièrent confiderablement
& firent deux bninches qui ne s'allient point enlèmble. Les defcendans
de la premiere femme, qui font la branche des Nobles, portent le mépris
äc l'averfion pour les Chrétiens de l'autre branche, jufqu'à ne vouloir pas
communier avec eux, ni fè fervir de leurs Prêtres. Mar Ihmas, que ces Chrétiens
regardent comme leur Pere commun, vivoit felon l'opinion generale au
dixième fiecle : mais Mr. la Croze croit qu'il vivoit avant le fixième fiecle.
Dans la fuite du tems ces Chrétiens jouirent de grans privileges , fous
les Princes du Païs, &: devinrent enfin fi puifTans, qu'ils élurent des Rois de
leur Nation & de leur Religion. Cette indépendance dura jufqu'à la mort
d'un de leurs Princes, qui n'ayant point lailTe d'enfans adopta pour fuccef^
feur un Roi Idolâtre fon voifin.
Malgré les revolutions que les Indes Orientales ont fôuffertes depuis deux
fiecles, les Chrétiens de St. Thomas occupent encore aujoiud'hui plus de quatorze
cens Bourgs foumis à un feul Evêque, qui leur étoit envoyé par le Patriarche
de B.abyIone avant la reunion plus forcée que volontaire de ces Chrétiens.
Cet Evêque auquel les Portugais ont donné le nom d'Evêque de la Siena,
c'eft-à-dire des Montagnes, parce qu'Jtigamak, oii il a toujours refidé, eft fituée
dans les Montagnes, jugeoic fans appel de toutes les c<iufès, tant pour le
temporel que pour le fpirituel. Aujourd'hui encore , dit Mr. la Croze, les
Evêques de ces Chrétiens „ font juges .nés dç toutes les caufes civiles ec-
„ cléfiaftiques de leur Diocefe. En vertu de leurs privileges, qui ne font
„ point conteftés, les Princes Se les Juges Payens n'ont rien à voir chés e ui
„ fi ce n'eft en matiere criminelle.' Outre le tribut qu'ils p,ayent à leurs Prin-
„ ces, ils ne font obligés qu'à leur fournir un certain nombre de troupes pen-
„ dant leurs guerres Leur nombre (de ces^ Chrétiens) ne peut aller
„ qu'en augmentant, les Prêtres n'étant point engages au célibat, & n'y ayant
„ parmi eux ni Moines ni Religieufes, & ces Chrétiens ne s'établifTant que
„ très-rarement, hors de leur païs ".
L'Auteur de cet extrait nons donne auffi le cara£tere de ces Chrétiens du
M a l a b a r , d'après les Relations de quelques Miflionnaires. J'en rapporterai quelques
traits. Ces Chrétiens font generalemenc dociles & refpedlueux : ils ne
s'alfeyent jamais dev.int leurs Supérieurs, pas même devant leurs fireres ainés,
qu'on ne le leur ordonne, & l'ordre de s'affeoir leur ét,ant une fois donné, ils
ne fe relèveront pas qu'on ne leur dife de fe relever. Dans leurs alTemblées
il n'y a que les plus anciens &; les plus élevés en dignité qui parlent, les autres
fe taifènt jufqu'à ce qu'on les interroge. Un enfant devant fon pere, un
dilciple devant fon maitre tiennent la main g.iuche devant la bouche ; ce qui
eft une marque de refpea. Lors que deux perfonnes d'inégale condition
fe rencontrent, l'infcrieure avance le bras ôc tend la main en s'inclinant devant
l'autre. Ces Chrétiens, continue t o n , font curieux & fuperftitieux. La
premiere qualité les rend avides d'apprendre, l'autre les rend credules, & les
porte à confulter les augures & les préfages. Le Mardi & le Vendredi paflènt
chez eux pour des jours malheureux. Ils fe marient de bonne heure, & l'on
veut que cela contribue à leur chafteté. Chez eux tout le monde laifte croître
fes cheveux, e.xcepté les vieillars, ceux qui renoncent au mariage & ceux
Tome III. Part. I. Zz qui
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