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radènc pas. Chacun jouît paidblemenc du {ûcccs de ces illuflons cjuc la cabale
ou la fauflè devotion ajoutent à la vérité.
J e reviens de cette petite digreflîon : tout ce qui concerne l'Ordinatioiî diffère
peu des uiâges de l'Eglifè Grecque, {a) Un Rituel Copte rapporte en détail
les Ceremonies Se les prières qui les (anftifient. Otitre les Ordinations, on
y trouve la benedidion de tout ce qui fert à l'autel, des Images, des Reliques
&: de la cuiller avec laquelle le Prêtre officiant prend le corps facrc du
Seigneur.
Vanjleh rapporte qu'on voit toujours dans l'Egliiè C o p t e , vis-à-vis du Prêtre,
une lampe allumée îufpendue entre deux ceufs d'Autruche, pour l'avertir qu'il
doit être attentif &: vigilant dans fcn minillere. L'origine de cette coutume
vient de l'opinion populaire, qui eft, que l'Autruche couve fes oeufs en les regardant.
J ' a i peu de chofe à ajouter touchant leurs fêtes: mais avant que d'en parler,
il faut dire en paflànt qtte leur année commence le huitième de notre mois de
Septembre, ou le vint-huitième d'Août félon l'ancien Calendrier. Outre les
fetes connues de l'Eglilè Grecque, les Coptes ont l'Epiphanie, qui diffère en
quelque chofe de celle que j'ai décrite. Pour marqiter cette différence je ferai
u&ge de la delcription que fanfleh nous en a donnée, [l) Après l'office de minuit
qui fut dit dans le lieu même, où étoit le reférvoir dans lequel on devoir
Ce p l o n g e r , le Patriarche fe rendit à la (àcrilKe d'où il relTortit un peu après,
revêtu de lès ornemens pontificaux, accompagné d'un Prêtre & d'un Diacre
couvert d'une^chappe. Le Prêtre l'étoit d'une aube, le Diacre portoit une
croix de fer. Arrivés au refervoir, le Patri,irche commença la benediftion de
l'eau pat plufieurs leçons, tantôt en Copte, tantôt en Arabe, tirées de l'ancien
8c du nouveau Teftament. Enfuite il encenlâ l'eau &c l'agita plufieurs
fois en croix avec le bâton paftoral. Les Prêtres qui croient prelèns firent la
même ceremonie après le Patriarche. Te ne dois pas oublier que pendant cette
b e n e d i f l i o n , il y avoit dans l'eau un luftre de fer à trois branches, & de la
hauteur d'un homme, chacune des branches garnie d'un Cierge allumé. Après la
b e n e d i a i o n le peuple eut la liberté de fe plonger dans le refervoir : & comme
les trois premiers qui fe préfcntent ont le bonheur d'être plongés eux
mêmes par le Patriarche, on peut s'imaginer iàns peine tout le delordre de
cette devotion prétendue, où la pudeur n'étoit nullement ménagée. Après
que les hommes curent achevé de fe plonger dans cette eau bciiite, ils fe retirèrent
dans le C h oe u r , & les femmes vinrent à leur tour participer avec la
même indecence à cette devotion impudique qui mérité bien d'être comparée
aux fêtes l i c e n t i e u f c du Paganifme.
La fête de l'aparition des Saints n'eft pas moins l'effet d'une ignorance crrof
fiere. (c) Les Coptes croyent que cette apparition fe fait dans l'Eglife de Gmaiie.
La dilpofition d'une Chapelle de l'Eglile & la maniéré dont les objets y
font refléchis donne lieu à la fuperflition des Coptes. P.ir une fuite ordinaire
de l'entêtement qui accompagne le caraflère luperftideux, les Coptes ne
choififlènt parmi les objets réfléchis, que ceux que le hazard fiiit rencontrer avec
leur imagination prévenue. Ainfi l'ombre d'un homme à cheval s'applique
à S. George, parce que ce Saint eft reprefenté à cheval. Cette apparition dure
trois
( a ) Rltuale Cophtitamm inter ^lUtii OpiifciiU,
(é) Tiré du P. Vnnfithi qui di-crit celle qu'il vit au vieux Caire,
( c ) yiaijleb ubi fup.
R E L I G I O N D E S GRECS. 19^
trois jours ,,& pendant ce tems-là chacun invoque le Saint auquel fe rapporte le
plus l'ombre mii paroît dans l'Eglife. La dévotion eft mélée de cris de joyev
& d é d i a n t s à l'honneur des S a i n t s ,& fuivie d u p l a i f i r de fe r e g a l e r , p a r où finit
ordinairement la devotion des toutes les fêtes.
Le jour de l'Exaltation de la Croix eft diftingué chez les Coptes par la ben
e d i a i o i i d'une croix que l'on jette enfuite dans le Nil pour le faire décroître»
DU plutôt comme pour le remercier de ce qu'il a crû. On fait que cet accroilfement
contribue à la ferrihté d'une grande partie de l'Egypte : l'accroiflèment
commence le i z . du mois de J u i n des Coptes. Autrefois cette ceremonie
le faifoit par le Patriarche avec beaucoup de magnificence. Elle eft toute
^mple aujourd'hui, & telle qu'elle eft, c'eft toujours une fuperftition qui a
liiccede a d'autres. Sous le Paganifme on immoloit tous les ans une jeune
fille pour reconnoitre les bienfaits du Pleuve, & pour l'engager à les continuer.
On prétend que cette coutume barbare aduré jufqu'à la dorriination des
Mahometans, (a) La maniéré dont elle fut abolie eft contée différemment:
mais quoi qu'il en foit, fous le regne de ceux-ci on a fubftimé quelque chofe
de plus religieux en apparence à cette ceremonie inhumaine. C'eft une maniéré
d'Autel qu'on nomme la R a u ß , fur lequel on répand des fleurs. Le premier
Autel qui fut érigé après l'abolition du facrifice d'une jeune fille fiir honoré
d'un miracle. Une branche d'olivier y prit racine. A ceci j'ajoute les PnaoftKs
: les Coptes donnent ce nom i deux puits qui font dans deux de leurs Eglifes.
Ils croyent pouvoir alfurer par le moyen de l'eau de ces puits à quelle
hauteur le Nil doit monter. Cette prédiftion eft l'effét de la vertu que la
prédidlion eit leiret ae la vertu q u el
Sainte Vierge a bien voulu communiquer à l'eau <les deux puits, après y
avoir lavé les langes de N. S. Pour faire cette p r e d i a i o n , on laiffe defcendre
une corde de nattte dans l'un des puits la premiere nuit du mois de J u i n,
jufqu'à ce qu'elle foit à fleur d'eau. Enfuite on ferme le puits & l'on célébré
la Melfe. Après la Meflê on tire la corde. Supdfé qu'il y ' e n ait feize pouces
de mouillés, le Nil croîtra feize piques. La proportion, à ce que les Coptes
prétendent, s'y trouve toujours. Mais, ajoute L m a i , qui me fournit cette
ceremonie fupcrftitieufe, ce que les Coptes prennent pour miracle eft M ' e t d'une
filtration naturelle. J e renvoye à F m ^ h pour le Puits d'Argems, qui reffemble
fort à ces deux puits de huM!. Il eft fâcheux pour cet Ecrivain, qu'il
ne paffe pas pour un voyageur fcrupuleufement véridique. Selon F a M l'a premiere
nuit de la g o û t e , o u ce qui eft la même chofe, de l'accroilfement du N i l»
„ un [h) Cadi & l'ancien du village vont à l'Eglife portant un petit cordon de
. „ coton marqué de huit noeuds éloignés d'un pouce les uns des autres. Au
j , bout du cordon, il y a un plomb attâché. On met ce cordon à l'orifice
„ du puits en préfence d'une grande foulle de peuple, de maniéré que le
„ cordon touche la furface de l'eau. Après cela ils ferment bien la bou-
„ che du puits, y appofant même leur cachet ôc attendent dans l'Eglife juf-
„ qu'au matin, pour voir de combien l'eau du puits aura crû la n i t .
„ d'abord que le jour commence, on leve le cachet, on ouvre le puits", oii
„ rente la c ^ d e , & ils reconnoiflint. . . . par le nombre des noeuds qui
„ font mouilles, de combien de bras croîtra la même année le Nil au delà
„ de feize, comptant pour chaque noeud un bras &c. " J e rapporte ce récit
de
® Esyp« P- î>7- du Tom.prem.
{b) Juge Mahometan.
C c c 1
« m B n