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300 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
dans leurs ctendars des devifcs convenables aux motifs qui les armoient. On remarque
fur-tout celle du Roi de Dancmarc ; Tes libérateurs ^viendront àu Septentrion
; devife très convenable dans l'idée des Procellans aux païs, d'où la Reforme
eft venue, & où elle a pris de fi profondes racines, que d'autre côte les
Catholiques l'ont nommée à caufe de cela l'HereJie du Nord. Cette guerre fut
de&vantageufe aux Proteftans. Charles V. vidorieux voulut les obliger de fc
foumettre au Concile, & peut etre que les Proteftans (ê {croient rendus, fi le
Concile eut été libre & fi le Pape n'y eut point prefide. A ces deux points il
en fout ajouter un troifième que les Proteftans rebatoient fans cefTej c'étoic de
decidcr les queftions par l'Ecriture & les Peres : mais quels Peres ? ceux des
premiers fieclcs. Ces trois articles croient le refrein perpétuel des Douleurs de
la Reforme : ils les avoient fi bien apris à leurs peuples, qu'il étoit impolCble à
ceux-ci de les oublier.
Telle étoit la difpofition des efprits chez les Allemans Sedlateurs de la Reforme
, lorfque Charles V. fit drefler le fameux Interim par trois célébrés Théologiens
Allemans, PflugEvcquede Naumbourg, Heldin^ tirulaire de Sidon, ôc
Agricola Predicateur Lutherien de l'Elecîteur ^e Brandebourg & Chef de cette
efpèce de fanatiques connus (bus le nom ^Antinomiens y dont je parlerai dans le
dernier volume de ce Recueil de Ceremonies Religieufes. (a) Cet Interim fiit public
au mois de Mai de l'année 1 5 4 8 . comme devant être obfèrvé en tout ce qu'il
établit fur les dogmes &c. jufquà ce qu'un Concile general eut decide de la
croyance & déterminé la foi des Chrétiens. VInterim fiit également blamc & chargé
d'injures par les deux partis. L'Empereur fut accufé par les Catholiques de vouloir
changer la Religion, plufieurs Ecrivains de la Communion Romaine & principalement
des Religieux decrierent ce formulaire. A la vérité il n étoit en plufieurs de
jfes articles qu'un palliatif tant des Opinions Catholiques que des Protelhntes. Les
Lutheriens [h) ne le décrièrent pas moins. Calvin l'attaqua comme les autres,
& Bucer dit, que l'Intérim allait ramener le Papifme. Cependant cela n'empêclia
pas que ce formulaire ne divifat les Lutheriens en deux partis, les uns le rejetterent
ôc fuivirent rigidement la Dodrine de Luther & la Confeffion d'Augsbourg:
les autres acceptèrent les adouciffemens propofées par l'Intérimj ou plutôt
l'indecifion de certains points qui y font raportés (ans explication. Melanchton
fut un de ceux (c) qui par crainte ou autrement le declarerent pour l'Intérim,
(d) avec des reftrictions. Dans cette divifion du Lutheranifme il fë fit encore
une (libdivifion i . d'Impériaux,qui n'étoient Lutheriens que fur le mariage
des Prctres & les deux efpeces z. d'InterimiJles y qui mêlerent laDoârine Catholique
avec le Lutheranifme.
En la menie année le Lutheranifiiie commença de s'établir dans la Pologne.
Il commençoit aulïi de s'établir dans la Republique de Venifè, ou plutôt le
Socinianifme, mais quoiqu'il en foit les Vénitiens arrêtèrent le progrès des
nouvelles opinions. Beze commença de fe faire connoitre & devint bientôt
un fécond Cahin. En l'année 1 5 5 0 . Charles V. publia un Edit {èvere contre
tous ceux qui feroient profeiïion d'une autre Religion que de la Catholique.
Cet Edit regardoit principalement les Pays-bas, ou la Dodlrinc des Reformateurs
avoitdcja pris racine. Comme il y faifoit beaucoup de tort au commet-
( a ) Hojpln, Hiftor. Sacr. p. altm p. feq.
Ci) Voy. Hofpinie» ubi fup. il y e 11 appelle deteßable, imp!$, ahominAbU &c.
(c) Voy. Hofpin. ubi fup. qui dit que l'on céda majoris psriculi rjr dmni v'ttandi eatt/a, inrer qm
Philippus (A/eUnchte») pracipftus fuii.
( 4 ) y4l>olita tarnen omni fuperßiiione &C. Hofptn. ubi fup.
RELIGION DES PROTESTANS. 301
ce> l'Empereur l'adoucit en faveur des étrangers. Le Concile fut repris d
Trente fous Jules III. au mois de Mai de l'année i j j i . Un peu auparavant
Bucer, un des Chefs de la Reforme, étoit mort en Angleterre, (a)
Ce Théologien fut d'abord Lutherien , enfuite Zwinglien: il n'avoit ni la
fougue de Luther, ni la roideur de Calvin. Celui-ci étoit aux prifèsà Geneve
avec Jerôme Bolfec qu'il traitoit de Pelagien : auffi le fit il bannir de Geneve
& de toute la SuilTe.
En l'année 1 5 5 1 . les Proteftans confédérés firent la guerre à l'Empereur,
pendant que le Concile de Trente fc tenoit encore. Un des principaux motifs
de cette guerre fut de prévenir l'opprefTion de la Religion Proteftante. Le Roi
de France entra dans la ligue. C'eft ainfi que la politique lui faifoit afiifter les
Proteftans (h) pour fes propres intérêts, tandit qu'en France il oppofoit le fer
& le feu aux progrès du Calviniûne. Le Pape lùlpendit le Concile 6c la futpenfion
fut declarée le z8. Avril. Il ne fe rouvrit que fous Pie II. en l'année
au mois de Janvier. La guerre finit par le Traité de Paflàu, où l'on
ftipula, qu'au bout de nx mois, à compter du premier d'Août que le Traite
fut conclu dans la même année, on convoqueroit une Diette compofée de pcrfonnes
lavantes &c pacifiques. Catholiques & Lutheriens, qui auroienc plein
pouvoir de conclurre une bonne paix dans la Religion. Vers le même tems
Elizabeth Reine de Hongrie permit le Ubre exercice de la nouvelle Religior»
dans fes Etats, & cette Religion fit de nouveaux progrés en Pologne par les
différens qui s'éleverent entre les Nobles & le Clergé au fujet du droit de juger
ks caufes d'herefie, dont chacun de ces deux Etats pretendoit demeurer fâifi. La
guerre des Auteurs Lutheriens contre les Sacramentaires CQ ralluma aufli par
un certain Miniftre Lutherien, qui for tout avoit (c) beaucoup d'aigreur en
partage. Il faut avofter pourtant qu'il ne rendit nullement fervice aux Sacramentaires
en publiant un (d) Recueil de leurs ohfcuriîés au fujet de l'Euchariftie.
Calvin fc mit fut les rangs ; il écrivit contre le Lutherien Se celui-ci répondit.'
Calvin répliqua par un écrit dont le titre fingulier mérité d'avoir fâ place ici.
Le dernier awrîijfement de Jean Cahin à Joachim IVeJlphale, auquel y s'il n'ohéït,
il fera mis déformais dans l'endroit y ou Saint Paul commande qu'on mette les heretiques
(a) Dans fa jeuncffe il avoit été Dominicain. Etant devenu Reformateur il travailla ardemment pour
le Parti Proteftant, & s'oppofa fortement à ['Jtuerim, contre l'attente des à caufc de fon humeur
douce & tolerante, pour ne pas dire relâchée, qui leur fit craindre qu'il ne cédât aux volontés de l ' E m -
pereur. Cette crainte étoit fondée fur les demarches qu'il fit pour pacifier & reunir les deux partis des
Lutheriens Si des Zwingliens : demarches, où felon les rigides des deux partis, il employa fouvent des
échapatoires, ou des exprelTions vagues & équivoques. Cette maniéré d'agir étoit d'autant plus du genie
de Bucer, qu'il s'étoit affés déclaré pour l'utilité des fraudes pieufes. Voyés une note de Bayle DiSi.
Criliijiie à l'article de Bucer.
{h) Pour mieux s'accrediter dans l'efprit des Proteftans d'Allemagne, le Roi de France leur faifoit accroire,
qu'il ne puniiïbit que les Fanatiques & les Anabaptiftes.
( c ) Cet homme e'toit un Miniftre des Lutheriens rigides, fort brutal & fort emporté. Un Theolo^
gien Proteftant, fon contemporain, difoit de l u i , étoit plus propre 4 pAnfer les chevaux les muleisi
Adminiflrer les Sasremens. Bezc a reproché i ce WcfiphAU qu'il fe moquoit de tous les Martyrs qui
n'avoient pas été Lutheriens, & en lui reprochant cela, le defie afles nettement de twttre feulement It
bout du doit h IA flamme des bûchers, où ces Martyrs ont e'tê braies. Il eft prefque à prefumer, que des
gens fi brutaux & qui fuportenc fi impatiemment les autres ne fuporteroient gueres l'ardeur du feu, î
moins que l'orgueil & l'opiniâtreté ne fe miflcnt de la partie. On peut lite au fujet de ce Weftphale le
Diftionaire de BA)le à l'article qui le concerne : mais fur tout on doit lire dans Hofpinien Hi ft. Sacram.
p. i. pag. 409. & fiùv. les conférences qu'il eut avec des Sacramentaires. C'eft un Chef d'Oeuvre de
paralogifmcs, d'abfurdités Se d'injures de la part de Weftphale , qui finit le Dialogue par urw
brutalité fignalée.
(d) FArrAgo confufinm afmionHtn &C.
Tmm III. Part. II. G g g g
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