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66 D I S S E R T A T I O N SUR LA
„ lieue de là dans une grande aufterke & qu'ils rcgardoient comme un Saint.
,, C'étoic un Pere natif de Zante, mais qui etoit venu de là fi jeune, qu'il
„ n'avoic point encore goûté les principes qui y regnenti lorfque je lui de-
„ mandai s'il croyoit que le pain & le vin full'ent changés au corps & au fang
„ de Chiill. (o) Il me demanda fi je le croyois affes bête pour croire uni:
„ telle abfurdité.
D I S C I P L I N E ECCLESIASTIQUE.
Je renvoye à la Differtation fuivante quelques autres remarques (ûr la Croyance
des Grecs, & je finirai celle-ci par ce que le P. Simon a écrit de leur D it
cipline Eccléfiaftiqiie, Dans cette Difcipline „ ils ne faivent pas toujours ce
„ qui leur eft prefcrit par leurs Canons. Par exemple , ils ne gardent pas
„ exaftement l'âge qui eft requis pour la Pretrile & pour l'Epifcopat : ils (è
mettent de plus fort peu en peine des interftices , & ils prennent plufleurs
„ Ordres à la bis. L'ekaion de leur Patriarche n'eft pas toujours Canonij,
que ; car celui qui donne le plus au Grand Seigneur eft d'ordinaire préfe-
„ ré aux autres : c'eft pourquoi ils font fouvent pîufieurs qui prennent la quaj,
lité de Patriarche. Mr. de Nointel Ambaflâdeur pour le Roi à la Porte,
„ (&) marque quatre Patriarches vivans en l'année i C y i . Comme les Grecs
„ ont de l'ambition, ils cherchent tous les moyens de parvenir à cette Digni-
„ te, & c'eft ce qui caufe de grands troubles dans cette Eglife.
3, Outre l'argent que le Patriarche clû donne au Grand Seigtieur pour avoir
„ des Lettres, il eft encore obligé d'acheter les voix des Evêques qui l'clifenc.
„ Chacun dans cette occafion eft bien-aifc de vendre ià voix le plus qu'il peut.
,, Mais d'autre part le Patriarche iàit bien s'en recompenlèr quand il fait quelj,
que Evêque"; "ce que les Evêques font aufli à l'égard des Papas, auxquels
„ ils vendent les Ordres Sz les Cures le plus qu'ils peuvent : & tout cela tom-
„ be enfin fur le pauvre peuple, à qui l'on vend bien cher I'-idminiftration
„ des Sacremens j ce qui cft la caufe pourquoi ils en approchent peu.
Le Patriarche de Conilantinople le qualifie Patriarche Oecumni^ue. Comme
il achete fa Million du Grand Seigneur, on ne doit pas s'étonner qu'il
exerce tyranniquement & en Simoniaque un droit qu'il tient par la Simonie,
je renvoye le détail de fon éledion à la Differtation mivante, ne voulant parler
ici que de ce qui concerne uniquement la difcipline Eccléfiaftique.
„ Le Patriarche &: les Evêques ne font point mariés ; mais les Prêtres le ma-
„ rient avant l'Ordination, ôc cet ufage, qui eft general dans tout le Levant,
,, eft ancien. Je n'examine point ici, s'il eft conforme aux premiers Canons
„ del'EgUre, ou fi c'eft un relâchement des anciens Canons. Il eft certain
„ que les Grecs prétendent être fondés en cela fur ceux qu'on nomme les
„ Canons des Apôtres, &c {c) ils accufent les Latins d'avoir contrevenu aux
„ anciennes Ordonnances de rEglife. S'il arrive qu'un {d) Prêtre fc marie
„ après
Xa) Polir juger de cette réponfe il faudroit favoir de quelle façon la queftion fut faite , quel tour
l'on prit en la taifant &c. Au pis aller c'eft, dira-t-on, un Hcrmite tout feul qui parle , & peut ôtrC
un Hermite fort ignorant.
{b) Nointel Tom. III. de la Perpétuité de la Foi.
Ce) Concil. tn Trulh.
{d) Sur le mariage des Prêtres voici ce que dit Tournefort. Il cft permis aux Prêtre? de fe marier
une fois en leur v i e , pourvû qu'ils s'engagent dans les liens du mariage avant que d'être facre's. Il
l'aut pour cela qu'ils déclarent en Confelfion à un Papas qu'ils font vierges & qu'ils veulent époiifcr
R E L I G I O N DES GRECS. 67
„ après qu'il a été nomme Prêtre, il ne peut plus faire aucune fonition de la
„ Prêmfé; ce qui fe trouve conforme au Concile de Neocefiree, & le maria-
„ ge n'eft point rompu pour cela : au lieu que dans l'Eglifc Latine le mariage eft
„ nul, parce que la Prêtrife eft un empêchement qui le rompt. Je cro^l que
„ Caucus a entendu parler de ces Prêtres qui fe marient après l'Ordination,
„ quand il a dit, [a] que les Grecs croyent que celui qui a été me fois Prêtre
„ peut revenir à l'état des Laïques. En effet, il ne garde plus rien de la Prê-
„ trife, fi ce n'eft qu'il retient encore quelque honneur dans l'Eglife , oij il
„ a fon fiege feparé du rang des Laïques.
Les Pappas ou Prêtres fcculiers ne pouvant fubfifter d'un revenu fixe & honorable
comme en Europe, ils font aufli contraints de fubfifter par la Simonie,
ainfi qu'on l'a déjà retharqué. „ Le Clergé, dit un Auteur (b) eft prefque
„ contraint de vendre les myfteres divins, dont il eft dépofitaire. Ainfi on
„ ne peut, ni recevoir l'abfolution , ni être admis à la confellion , ni faire
„ baptifcr fes enfans, ni entrer dans l'état du Mariage, ni le féparer de là
„ femme, ni obtenir l'excommunication contre un autre, ou la Communion
„ pour les malades, que l'on n'ait auparavant accordé de prix. Les Prêtres
„ font leur marché le meilleur qu'ils peuvent tirant d'un chacun felon fon ze-
„ le & fes facultés ". La rigueur avec laquelle les Papas rançonnent leurs
paroiffiens, va fi loin, qu'à peine jettent ils une goûte d'eau benite, qui ne
loit payée d'avance.
Touchant les Beneficiers le P. Simon (c) rapporte , que l'Eglife Grecque
n'ayant aucun fond pour leur entretien, elle ne peut fubfifter que du provenu
des taxes & des libéralités. Chaque Paroiife eft obligée d'entretenir fon
Curé. Chaque maifon cft taxée à leur payer tant par an en argent ou' en
autre chofe. De même le Diocefe eft taxé pour l'entretien de fon Evêque &c.
Mais r.ivarice &: l'injuftice de ceux qui exigent les taxes autorifent les i-ufes
& les artifices cjue l'on met en oeuvre pour s'en affranchir: & pour ce qui
eft de la charité du peuple, on nous la donne pour fi refroidie, qu'elle peut
prefque fervir à juftifier la Simonie du Clergé. :
,, Le Monachifnie eft en grande eftime parmi les Grecs, comme l'on peut
„ voir par la reponie que le [d) Patriarche Jeremie fit aux Théologiens d'Al-
„ lemagne, qui avoient p.arlé des Moines comme de gens inutiles ; .luxqiiels
„ Théologiens il oppofe Saint Bafile & les autres Peres Grecs, qui ont fait
„ l'éloge de la vie Monaftique , & l'ont confiderée comme une maniéré de
„ vivre toute Angélique t ce qu'il confirme de plus, par l'autorité des Con-
, , ciles où on fit pîufieurs beaux reglemens touchant les Moines. Metropha-
, , nés Critopulus loue auffi («) le Monachifme, comme très-ancien dans l'E-
„ glife, & dit qu'il lui ftrt d'ornement. Leur genre de vie, felon le même
„ Auteur, eft fort auftere, parce qu'ils ne mangent point jamais de chair,
„ fans néanmoins qu'il le foient engagés à cela par aucun voeu, mais (èule-
„ ment
une vierge. S'ils s'accufcnt d'avoir connu des femmes, ils ne faiiroient fe fairï Prêtres, (î ce n'eft qu'ils corrompent
leur Confefleur par argent. Après donc que le Confelfeur a reçu la dépofition dil Diacre,il
certifie i l'Evcqtre, qu'un tel eft vierge, & qu'il 3 detfein(t'époufer une vierge; on le marie & enfuite
on lui conféré l'Ordre de Precrife ; mais il ne fauroit palfer à de fécondés Noces. C'eft pour cela qu'on
lui choifit la plus belle fille du village, & dont le teint promet luic longue vie.
(a) Caucus in Hifi. de Grtcor. erroné.
( i ) Etat de PEgl'fe Grecque, par Ricaut.
(c) Bil'lioike^ue Critique "Tom. I. Chap. 14.
(d) yerem. Patriarch. Rcfp. i . & z .
(e) Aletro^b. Critopul. E^t. LoÊtr. Ecclef. Orim,
R î.