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112 IL D I S S E R T A T I O N S U R LA
racles & la Éiinteté des moeurs ont rendu ilkilltes : mais avant que d'en venir
l à , il faut de grans témoignages, & que ces témoignages foient donnes par
des perfonnes irréprochables. Les Patriarches & les Evcques font des informations
très-exaftes, & les font en plein Synode. Malgré cela, qui pourroit dire
à combien de préjuges, d'intrigues Se de cabales on eft expofe î Tel qui parmi
nous fait des miracles à Saint Marcel eft foudroyé comme un hérétique
au Vatican, [a) La Vie d'une Béate du plus haut rang eft tournée en ridicule
(f) par les uns, l'A. . P. . l'eft par les autres. Comment les Grecs,
aujourd'hui fi ignorans, fi deftitués de moyens propres à les éclairer ne
feroient ils pas expofés à ces préjugés de parti, à ces pieufes cabales, qui
ne manquent jamais d'arborer dans leurs étendars la G L O I R E DE
D I E U > .
Après toutes les recherches poffibles, la perfonne, fur laquelle on les a faites
eft reçue dans le Calendrier. On lui donne un jour pour & Fête : tous les ans
on célébré fa memoire, on dit des Meflès à fon honneur, on ht fi vie Se l'hiCtoire
de fes miracles. Enfin l'on chante des Hymnes à fa louange &: il prend
(à place dans le Sytiaxariim, (qui eft comme une Legende) comme il l'a prife
dans le Ciel. Uicaiit ajoute à ces particularités, que les Canonifations ne
pouvant plus fe faire fans de grans fraix , elles font beaucoup moins d'ufage
qu'el-
(4) MarmiHieMari! ylUCsi!«!, ielWleufe delaf^ti«;«»,morteaPati>MaiiskCliarololsentiSpo. Sa
Vie conjpofee par l'EVéque dè SoifTons, depuis Archevêque de Sens, a cté imprimée in 4 . à Palis en I J i p .
Le grand objet de cette Vie eft la devotion aucceurde J e f i i s , ç « e J . C. lui-mUe twoic tlit à eitu ReUgùufi
iC établir^ ijr cjn't felon l'Autem- de la V i e , a coure des peines ^ iies cmrAdimops infinies à la Béate
eU la part de fis fasirs. Cette Devotion, déjà établie pai- le P. E«des, n'a ét<; qu'étendue ^ perfedioiinée
par Soeur MargHerile, ^
f^) Voici quelques traits pris de cette Vie. Pag. I i J . „ La Soeur Marguerite étant devant le
•„ St. Sacrement, Jefus Chrift fe montra à elle fous une forme fenlible & fit repofer doucement
„ la tête de fa fervante fur fa poitrine. _ Dans ce moment il lui découvrit les fecrets inexplicables
„ de fon divin coeur. Enfuite i! lui demanda fon coeur pour le prix du ptéfent qu'il venoit
„ de lui faire. La Religieuie le lui oifrit avec toute l'ardeur dont elle pouvoit' être capable , &
„ il lui fembla alore que Jefus Chrift prenoit eifeftivement fon coeur , qu'il le placotr dans le
„ fien , qu'elle le voyoit éclatant comme le foleil , à travers la playe de fon côté. Notre Sei-
, gneur le retira après tellement embtafé , qu'il fembloit n'ècrc qu'une flamme ; & il le remit
5ans le côcé de fa fervante, à qui il jefta une douleur continuelle, à l'endroit oîi'Jefus Chrift
avoir paru faire l'ouvenure pour en tu-er fon coeur. A cette douleur fe joignit une ardeur
„ très-vive dans la poitrine. Le remede que Notre Seigneur lui enfeigna pour être foulage'e,
„ ce fut la faignée.
„ Page i(Î5^Jeriis Chrift demande à h Religicufe qu'elle fafTe un Teftament par écrit ou une
„ donation enticre de toutes les prieres & biens fpiricueU , que l'on feroit pour elle , foit pendanr
„ fa vie, foit après fa mort. Il lui dit de demander à fa Supérieure, fi elle veut fervir de Notaii-e
„ pom- cet afte j & qu'il fe chai^eoit de la bien payer de fes falaires. L'afte eft rranfcrit tel
„ qu'il fut écrit de la main de la Supérieure j & il eft figné du fang de foeur Marguerite. A h
„ vue de ce Teftament Jefus Chrift témoigne un grand contentement & fait à la Reîigieufc une
„ donation de fon coeur. Il lui di<fle l'acle, qu'elle écrit de fon fang.
„ Cet afie eft rapporté en ces termes : Je te conflime heritiere de mon coeur (fr de tous fis tré-
,, fors pour le ttms é" l'éternité, te fermettam d'en nfer felon ton deftr &c. Marguerite par l'ccon-
„ noiffance prend un canif & forme fur fa poitrine le faint nom de Jefus Chrift en canflieres
, , grands & profonds.
A ces deux échandllons on doit ajouter certaines expreCTions tendres qui fe trouvent dans le
livre dont je parle ici. Ces expreflîons, nous dit-on , font capables de divertir les Libertins &
de leur fervir de modèles.
„ Entre piufieurs endroits très-remarquables celui-ci eft furement des plus fingulicrs. La Beate re-
„ cevoir prefque autant de vi fîtes du Diable que de Jefus Chrift. Un jour le malin efprit a voit
„ été plus diligent que le divin époux à faire fa cour à la Religieuie , & avec une corde qu'il
„ tenoit entre fes mains, il faifoït mille rours de foupleffe pour la diftraire de fes prieres. Là-
„ deffus notre Seigneur ayant paru, le malin fans aucun refpeét pour fon Maitrc , lui jetta adroi-
„ temcnt la corde au cou, le preffa vivement,& l'eut étranglé, fi la bonne Margutrite nz {m^: zi-
„ courue, n'eut coupé la corde avec fes cifeaux , & n'eut délivré ainfi fon divin époux".
R E L I G I O N D E S G R E C S . 113
qu'elles ne l'ctoient autrefois. De plus les Grecs étant d'ordinaire audi vicieux
que pauvres, il s'en trouve peu qui (oient en état de mériter l'honneur de la
Canonifâtion.
L E S S A C R E M E N S D E L ' E G L I SE
G R E C QJU E.
J'appelle ici S.icrement tout ce que l'Eglifê Latine reconnoit pour tel, & je
commence par le Baptême. Les Grecs font porter leurs enfans à l'entrée de
l'Egliic le huitième jour après la naiflance. C'eft une coutume fort ancienne
dans leur Eglife, & une imitation de la préfentation de Jefus Chrift au Temple
de Jerulalem. Cepend.ant fi l'enfant le trouve en danger de mort on le
baptifè d'abord, de crainte , difènt- i l s , t^itil lue meure hors de h lumiere. Le
Prêtre s'avance à l'entrée de l'Egliiè, pour recevoir cet enfant & lui donner la
benediftion comme autrefois St. Simeon à Jefus Chrift. Là-même il le marque
d'un figne de croix fiir le front, fur la bouche & (ùr la poitrine. Le voilà
difpofe par cette ceremonie préliminaire à recevoir le Baptême, & cela s'appelle
(0) fcéler un enfant. Cette premiere ceremonie eft fuivie d'une priere du Prêtre.
Enltiite il prend l'enfant entre lès bras ëz l'éleve devant la porte de l'Eglilè,
ou devant l'Image de la lâinte Vierge en fàilânt quelques fignes de croix
ïur kii. Le Baptême {è lait par une triple imnierfion : mais avant que d'adminiftrer
le Sacrement le Prêtre (h) foufle trois fois fur l'enfant, comme pout
l'exorcilèr & le délivrer du Demon, enfuite il le plonge trois fois dans le Baptiftere,
en nommant à chaque immerfion, une perfonne de la Trinité, (c) Les Parens
qui prefentent l'enfant prennent le foin de faire chauftr l'eau du Baptiftere
& d'y jetter beaucoup de fleurs de bonne odeur. Pendant que cette eau lè chauf
e , le Prêtre la bénit par une priere, la foufle ôc y verfc de l'huile. De cette
même huile il oint l'en&nt (d) en forme de croix : l'huile eft le fymbole de la
reconciliation de l'homme avec Dieu. Cette onilion iê f û t par le Prêtre for
le front, for la poitrine, autour des oreilles, & fur les reins, en prononçant ces
paroles, le fermteur de Dieu ejl oint: à l ' o n i l i on de la poitrine, ou de l'eftom
a c il d i t , four la guerifm de tame é" du cùrfs ; à c e l l e des o r e i l l e s , il a j o u t e,
ajin que la foi puijfe' être reçue par fouie.
„ Si c'eft un garçon que l'on baptifc , nous dit Ricaut, le P.irrain fe rend
„ aux fonts, fi c'eft une fille , la Maraine s'y préfente. L'un & l'autre fe
„ croyent indifpenfablement obligés de prendre foin de l'éducation de l'enfant,
„ tout de même que s'ils en ctoient véritablement le Pere & la Mere ". S'ils
cbfetvent exaûement ces devoirs, ils font, du moins en cela, beaucoup meilleurs
Chrétiens qu'on ne l'eft ailleurs. Ceux qui ont préfenté l'enfant au Baptême
ne s'allient point cnfemble. „ Un Parrain, & c'eft encore Ricaut qui
„ parle, ne peut époufer la veuve de fon Compere, ni le fils de celui là la
„ fille de celui-ci . . . Les fimilles qui fe font unies par cette ceremonie ne
„ fati-
(a) Scppaj-iî marque ou fceau, icintiTCppé^i^siv marquer, ou fcéler.
(/t) Sicatti Etat de l'Eglifc Grecque & autres.
( 0 Ciirijloph. Angtlfts & autres.
(,d) Riçmt, Touri/efort &c.
Tome I I I . Part. I. F f