
I
366 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
blable à celle que j'ai raportce un peu plus h a u t , il leur prononça l'abfolution & les
cmbrallâ. Ils s'embrafTcrent de même les uns les autres. „ De-là, continue ce voya-
„ geur, j'allai dans une Eglife Allemande, oîi je remarquai que les pénitensfc con-
„ feflbient à l'oreille du Minillre. " Une cliofc bien plus digne de remarque 8c
qui felon les rigides, efl; une efpcce de fimonie, c'efl: la gratification en ar- rt que l'on donne en plufieurs endroits au ConfefTeur, après s'être confef-
O n remarque plufieurs abus que cet u(âge a introduit, comme d'empêcher
les pauvres gens de communier, parce qu'ils n'ont rien à donner au C o n -
fetTeur, d'autoriler l'avarice des ConfelTeurs &c. Quelques favans Lutheriens ont
tâche de julHfier les ConfelTeurs en dilânt, que l'argent qu'ils reçoivent à la C o n -
fellîon efl: comme une partie de leur (alaire.
Apres avoir parlé de la Confellîon & de l'Abfolution, il ne faut pas oublier
que la Reforme Lutbetiene a des jours extraordinaires de pénitence que l'on
paflê i jeûner & à prier Dieu dans les Temples. Autrefois on n'en celebroit
que deux par année en Saxe : depuis l'année 1 7 0 7 on c n a a j o u t é un troilicme,
qui efl; l'anniverfaire de la fortie des Suédois de l'Eleaorat de Saxe. Les autres
Etats Lutheriens ont auflî des anniverfaires (èmblables à celui là. Ces jours
s'annoncent la veille comme les Fêtes, parle fon des cloches, fouvent o n fait
un prêche de préparation la veille, & le Surmundmt, ou le Minillre de la
Cour donnent aux Miniflres des textes & même des formulaires tout imprimés
de prêches pour ces jours folennels. On peut fort bien comparer ces pieces
à ces petites amplifications que l'on donne aux Ecoliers en Rhetorique. Avec
ces formulaires on donne auflî l'ordre qu'il faut obferver dans ces jours de
jeune, & la maniéré de les celebrer. Il n'ell pas nccefl'ure de dire que tout
commerce efl fufpendu & interdit pendant ces jeunes, que les bouriques font
fermées & c . il efl plus néceflàire de remarquer, que l'on fait alors des aumômes
extraordinaires, & que toute la dévotion ell beaucoup plus fervente que
de coutume, ou du moins doit l'être.
Je viens à l'Excammanicarion. Elle elt lîiivie d'une bien rude pénitence en
Dannemarc & en Suede. [a) Le Rituel Danois nous d i t , qu'un excommunié
qui fe préfente à i'Eglife en efl; chafle par un Clerc de la ParoiïTe à la vue
de toute l'aflcmblée des fidelles. Cependant fi l'Excommunication dure quelque
tems, on ne l'empêche pas de fe rendre à l'aflemblée, afin qu'il puifle
écouter les prêches & participer avec les autres à toutes les dévotions : mais
?e'
il efl feparé des fidelles, & lors que le Prédicateur defcend de la chaire, le
même Clerc qui l'a introduit le conduit hors de I'Eglife. A l'égard de la Suede,
on n'y eft pas moins lêvere fur cet article. Un Voyageur (h) racconre
qu'il vit à Lincôping une fille tombée dans quelque defordre, & fiijette par
conféquent à l'Excommunication,expofée à genoux depuis le grand matin j ut
qu'à midi à l'entrée de I'Eglife dans une efpcce de cage à barreaux de bois afles
élevée. Il (ê peut que ce ne fut qu'une peine civile, & non pas une pénitence
ecclefiafl:ique. On punit à peu près de même à la Haye les filles qui
n'ont pas honte de faire profeflion de débauche : ce ne feroit donc nullement
par cet exemple qu'il faudroit juger de la feverité des Lutheriens de Suéde.
Quoique très rigide, leur difcipline renonce, comme celle des autres Etats qui
font profêffion de Lutheranifme, à tout ce qui a la moindre apparence de peine
civile : car felon la d o û r m e commune à tous les Ludieriens, les Mmijlrcs de l'Eghfe
C^) Terpager RltHale DanU cap. 7,
C^) Ogtrius in luntr. Smcice,Da»ico &c. p. 155. Paris i f f j ô.
' RELIGION DES PROTESTANS. 367
glife ne doivent jamais confondre les peines ecclefiaftiques, c'cn;-à-dire, l'exclufion
de l'alîemblée des fidelles & l'interdiélion de la C o m m u n i o n , avec les
peines que le leul Magiftrat doit infliger, (a) En un mot les Lutheriens n'a-
^mavcnt c^LK l'Excomsmnicaioti mimim, qu'ils a p p e l l e n t (h) liraye ^ Chrétienne.
Qu'on ne croye pas que I'Eglife de Suede palfe les bornes de cette Excommunication
à caulè de cette (<r) loi fevcre qui ordonne, que celui qui demeurera
excommunié au delà d'un an fera prifonnier un mois entier au pain & à l'eau :
ils prétendent que cette Excommunication & la peine qui efl à la fuite appartiennent
au Magiflrat & aux tribunaux du Royaume. Mais dira t'on, pourquoi
la Puillance civile s'attribue r'elle le droit de punir d'une Excommunication
î Je lailfe à d'autres le foin de repondre à cette objeftion.
Luther a donne un formulaire de Baptême en langue vulgaire afin que l'affemblee
des fidelles entende les paroles de la Liturgie qui fervent de préliminaire
au Baptême d'un e n f m t , celles que l'on employe pour le baptilèr, & les
devoirs auxquels s'engagent les parrains & les marraines par cette initiation de
l'enfant au Chriftianifiiie. Voilà en peu de mots les railôns que le Reform:
iteur allégué de ce changement dans la (•/) préface de fon formulaire. Il a
auflî retranché diverfes ceremonies des Catholiques Romains, comme de fouffler
fur l'enfant, de lui mettre du (èl dans la bouche &c. „parce que ces cho-
„ fes, (ej dit i l , ne font nullement cflintielles au Baptême. Ce n'efl: pas là
„ ce que le Diai/e craint : il f u i t l'attaquer plus ferieufement. Ce qui l'effraye
„ ell tout autrement important. " Mais il a retenu l'Exorcifme Se les fio-nes de
croix. ^
M. Maichelius (fi dit ce qui fuit du Baptême de là Communion, & cela
regarde particulièrement le 'Wirtemberg fa patrie. „ Les Lutheriens bapti-
„ fent leurs enfans un ou deux jours après leur naifllnce. Au cas que l'enfant
„ foit trop foible pour être porté à I'Eglife, ils le font baptifer dans la maifon.
„ Ils ont un ou deux p,irtains. I .'F.xorcifme fubfille encore en quelques pais.
„ Une nouvelle ceremonie s'ell depuis peu introduite dans le Wu-tembcrg par
„ les fages confeils de M. Ofiander, qui ayant tait un voyage en Angleterre en
„ qualité d'envoyé du D u c , a trouvé la Confirmation des en&ns, qui s'y
„ pratique quelque tems après leur Baptême, fi bonne, qu'il a conlêillé de
„ l'introduire dans les Eglifes de ce pais. " Avant que de reprendre m o n Auteur Saxon
, voyons les ulâges répandus en quelques autres endroits touchant le Baptême.
Dans un danger évident de mort un Laïque & une fage-femme peuvent
baptifer l'enfant. Dans le droit ecclefiafl;ique de Saxe, il n'efl; permis à une fagefemme
de bapdfer l'enfant mourant qu'après qu'on n'a pil trouver d'homme pour
le baptifer. Je ne tu pas fi cet ufàge efl: general. En Dannemarc (g) on ne
baptife pas les enfans non legirimes en même tems que les legitimes. A u Baptême
des bàtars on n'offre rien fur l'Autel. Pour ce qui ell des enfans trouvés, leur
naifliince étant feulement douteufe, on les baptife à I'Eglife comme les autres:
Se quand même on troiiveroit avec eux un billet tjui porteroit qu'ils ont été
bap-
Crt) V o y . les ArtkUt dt Sm^lcAldt iiitei- Libros Simbolicos à Pfit/jiy calUBas
(i) rin & ClmJlijM. IbLd.
(c) EfV dt U Suéde par JVlylord Rahinfon.
(d) Vide Lilrr. S^mb. à Pj
CO NeefUM m ilU pmif
tß hic feriQ rem geri. Ibid.
(ƒ) Mtimfirit Scc. ubi fup.
(£) Terpager Rituale Dania;.
CBlleUns.
quai Didbobm abkarret ant fiigit, nam hit J
Z z z z
majora fxfiidit. Neceft
S I
I