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par devant & par derriete. Celle du Prêtre eft étroite & n'a rien dt fingiilicr :
mais felon Toumefort elle eft fort (a) large. Je pafl'e la ceinture, les bouts de
manches, qui fervent aux Prêtres Armeniens de manipules, l'amid , ou le
collier de moire d'or ou d'argent, lèmblable à celui d'un Moine , d'où pend
une toile fur les épaules du Prêtre , & enfin la chape. Le Diacre aide au
Prêtre à {ê revêtir de ces ornemens : ce Prêtre officiant eft aflifté d'un ou
de deux Diacres, fouvcnt auffi d'un plus grand nombre. Les Diacres tiennent
ordinairement à la main un ^échoué. Le (b) ^choué efl: une plaque
ronde de cuivre garni» de fonnettes , qui, par le mouvement qu'on leur
donne, rendent, à ce qu'on nous dit, un fon afles harmonieux. Un bâton
médiocrement long lert de manche à ce §)mchoué. Cet inftrument accompagne
ou regle le chant des Armeniens à l'Eglilè. Je ne m'arrête point à
l'aube des Soudiacres Se des Clercs, ni à toutes ces croix peintes fur le
dos, fur les manches & fur la poitrine de l'aube. Je dirai feulement, que
le Bâton paftoral des Archevêques eft fort haut & terminé en rond , que
la croflc des Evcques, à l'endroit où elle eft recourbée comme les nôtres, a la
figure de la tête d'un fèrpent, ce qui leur apprend (s'ils veulent l'apprendre)
que la prudence eft une vertu Epifcopale. Les Vcrtahiets ont aufli un bâton
pour marque de leur Do6torat. A tout cela je dois ajouter, comme une remarque
importante, que chaque ornement dont le Prêtre fe revêt eft accompagné
d'une priere convenable. En mettant la mitre il demande à Dieu qu'il
lui mette fur la tête le craj^a^ du faliit ; en mettant l'aube, la rohe de redemption ,
ou la tunique de joyej à la ceinture, que la ceinture de la foi fene fan coeur j à l'étole,
que lajußice méfm cou, & ainfi du refte.
La Liturgie des Armeniens, telle que nous la donne le P. k Brun , eft belle,
expreffive, capable d'evrii-er l'arrenrion. _ Ils n'en Ont qu'une, dont ils ïc
fervent en tout tems & aux obfeques même, n'ayant point de Meflè propre &:
particulière pour les morts. On y change, ou ajoute les prieres felon la drconCtance
des Fêtes. On en fait de même du chant. Je laiflè le détail de la celebration
: voici les ufages qu'il faut remarquer, (c) Le pain de l'Euchariftie eft
fait de la farine que les Paroiffiens offrent chacun à fôn tour. Comme chez les
Coptes & autres Orientaux, ce pain doit être fait le jour même de la celebration.
Les Armeniens le font fans levain. Leurs {d) Hofties font rondes, aCfés
épaiflès, avec la figure d'un Crucifix, ou d'un Calice d'où l'on voit fortir le
Corps de Jefus Chrift. On refcrvede ce pain préparé fins le confacrer, & le
Celebrant le diftribue après la MefTe aux perfonnes diftinguées. On chante le
Trifagium avec l'addition de (e) Pierre le Foulon. Dieu Saint, Dieu Saint e f f o r t .
Dieu Saint éf immortel, qui arvts été cruciße &c. Si les Armeniens prenoient
cette addition à la lettre, ils feroient ce qu'on appelloit autrefois (ƒ) Theopafihites.
Suppofôns charitablement, (g) qu'ils prétendent ne parler que de Jefus
Chrift.
Le P. le Bru» dir qu'il a pris l'étole des Maronites pour celle des Armeniens.
( i ) On le voit ici dans la main du Diacre. Dans cette même planche on peut voir les habillemens
des Prêtres, Diacres & Moines Armeniens.
(,c) Le P. le Bnm ubi fup.
{d) Pouréclaircirceci,il fautfereiïouvenirdcla diflinélton qui doit être miCe entre le pain defKnl i
la Communion & les Hofties avec lefquelles on communie les fidelles ; c'eft-à-dire , comme s'expri-»
me le P. Manier, entre l'Hoftie entière & l'Hoftie rempue tn autant dt parnts qu'il y a '
C<) Moine Eutychien, & enfuite Patriarche d'Antioche dans le millieu du V. fiecle.
(ƒ) C'eft-à-dire qui attribuent la PalTion à toute la Trinité. On tiroit cette odieulë conféquence
de la doftrine à'Eutych€S Se de fes Difciples.
( f ) Voye's fur cela quelques extraits remarquables dont le P. U Brm a fait ufage Tom. I I L de
Tome IIL Part. L LU fe.
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