
D I S S E R T A T I O N S SUR LA
ligions fourmillent de dévots de ce caraflere, parce qu'il n'en eft aucune qui
n ordonne ou no fuppofe la neceffité de fervirDieu : en quoi l'homme fe trouve
combatu, d'un coté parafes paflionsj de l'autre par (es infirmités Attri
buons a cette mallieujrerfe fituation l'indevotion que notre pieux liiltorien teproçhe
a cetK de fa.Cpftniunion ; indevotion qui confifte i fe rendre tard au
lermon,, & a^Jprtir immédiatement après, fans faire cas des prières ni des
cantiques:,,® rire, à fe jetter des oeillades, â jafer indifcretement pendant que
1 on,.^«vroit.fe,recueillir en foi même:, i fortir enfin de l'Eglife avec beaucoup
d^ippatience pout (e rendre a des plaifirs fouvent illicites. Te ne penfe pL
qu^ne Conîijiunion- (pit en droit de rien reprocher à l'autre fur tou^s ces arides.
que l'affcniblee des Kdelles.s'eft formée pour vaquer aux exercices
de. devotiqn,, fo qp',1 y ait prêche ou, feulement k a u r e & prière, on chante
d:a!?ord des Cfewmfs,.^ des Cantiques fpirituels. Les Lutheriens ont beaucoup
de pripi;»: publiques &, de, frequens prêches; fur tout à Drefde & à Lip
F f l K . ^ Ion y fjitles.prieres tous les jours : furquoi le dévot
{a}M, Ger!>er^sm,,he,nmx celm - ^m Habite dans mre -ville oit ton prie Dieu tous les
p m i Je ne.&J|i,C à prefdç.^i i Lipfig il y a beaucoup plus de gens de bien
qu ailleurs , ceux qui ont quelque chofe à deméler dans ces deux villes peuvent
en; jagei: mais quoiqu'il, en foit, il y a generalement prédication deux
ou trois, iois par femâme days toutes les villes de Saxe, & prefque tous
les ,oup wierê.pubiique. Cette priere eft précédée du chant d'un Cantique
ac^de la leclure; qùci fait- le Mimftre de quelques chapitres de la Bible- les
Fidclies prient à gqns>iK.\ Enfuite o n ï h a n t e un autre Cantique, le Mmiftre
ht une College & finsit.pat la bénediâion.
J e ne dis rien de la.î-riere Dominicale repetée fi fouvent, & même chantée
chez les Lutheriens s les'e^sercicés publics & particuliers de devotion, ni des
différentes .leclu^res des évangiles des Epitres, felon les divers tems & les différentes
Fetes de larinep., ^Seulement il: e f t . i remarqoec que le Miniftre chane
remarquerai aufli
es Fidellcs font detc
fouvent. tes Evangilfc!=&_^^IÎpitrcsj a'iîTiëu de iVlirè
.cbmme moitié ufa^e fc woiflé pratique de devotion, que es Fidelias font det
o u t a la M u r e d e l Evangile & cb. l'Epitre, avant la prédication, lorfque la
leflure de 1 Eyangile fe fan en (}) chaire, & lorfque le Miniftre donne la benediaion.
Le.meme u % d'être debout par devotion s'obferve en plufieurs endroits
pendant que.le Minillre cojnmunie les Fidelles.
Le Prêche fc fait au moins deux fois le Dimanche aux grandes Fêtes • affavoit
avant & après midi. L'on prêche auflî le Dimanche fur le Cateclîlfme
a quoi eft annexe l'examen de la jeuneffe. Souvent même on diffère les en'
terremens jufqulaii Dimanche, pour profiter d'une oraifon, ou tout au moins
d'un fermon Kinebre, qui chez les Lutheriens ne manque jamais au mort de
quelque age de quelque condition qu'il foit. Les textes fur lefquels on prêche
font rarement pris dans les livres que les Lutheriens & les Reformés nomment
apocryphes.
:elui
, ; - - - 1 - - I X les iv.erormes nom-
. a f • j " 'S' q"=Jobferverai ici au fujet des prêches,
eft celui des PnàcaUms Circulaires. Les Lutheriens appellent ainfi des prcl
ches que les Pafteurs font obligés de faire en de certains tems dans la Metropole
en prefence du Surintendant, afin qu'il puiffe juger par lui même de
leur methode & de leurs progrés dans le Miniftere, examiner leur doftrine
empêcher qu'ils ne s'écartent de l'orihodoxie &c. '
(«) Auteur dî VIT.ßtfrt J-, dremmes Sic. On
fi) L'Ecrivain SKon dit qu'ordinairement or, lit l'Evangile S: l'Epitre au Pnlpum
)umn. Ou du aufi les CoUeâes & la benediffion au lutriu! ubi fup. pag. 40«, c'eft-à-diie au
RELIGION DES PROTESTANS. 349
On fait après le prêche les fupplications ou recommandations à Dieu , les
avions de graces & les publications. Par les premieres on recommande à
Dieu les malades, les femmes en couche ou en travail, les voyageurs, les perfonnes
affligées &c. En Dannemarc on recommande auffr aux prieres ceux qui
font fur le point de confommer leur manage. Cela n'eft pas mal, & pour
plus d'une raifon, foit phyfique, foit morale toutes les Egli&s Chrétiennes
devroient obferver cet ulàge. En voici un autre qui n'exifte encore nulle part,
mais qu'il ne conviendroit peut être pas moins d'ét.ablir, ce feroit de prier Dieu
pour la reconciliation des Ecclefiaftiques Se des Théologiens, de le fupplier qu'il
leur donnât un efprit de paix & de charité &c. Par les aäions de graces des
particuliers font remercier Dieu des biens qu'ils ont teçu de lui. Les publications
fervent à annoncer des chofes qui regardent l'Eglife , foit devotions
extraordinaires, ou avertiffemens &c. En certains endroits on annonce du haut
de la chaire les ordres du Magiftrat. Dans le Holftein on a la mauvaife coutume
d'annoncer un crime commis &: d'y ajouter la maleditflion du coupable.
Ceux qu'on accufe injuftement s'y fervent du même moyen pour fe purger de
l'accuCltion devant le public, & le formulaire contient à peu près ce qui fuit,
„ N. N. ayant fujet de fe plaindre des mauvais bruits qu'on a répandu contre
„ lui, comme s'il avoit volé, & ne pouvant découvrir la caufe d'une calom-
„ nie fi injufte s'adreffe, ponr recouvrer fon honneur, aux prieres de l'Eglife
„ & prie les Fidelles de demander avec lui à Dieu qu'il puniffe le coupable
„ par la perte de fon honneur, de fa vie & de fes biens, qu'il le fepare é-
„ ternellement des bienheureux &c. "
J'ai fait remarquer que l'Eglife Lutheriene a confervc l'ulâge de l'Autel pour
la Communion; elle a aufli confervc les Cierges allumés dans les temples, l'encens
& le crucifix à l'Autel,. le figne de croix, les Images &c. Plufieurs Docteurs
Lutheriens avouent que ces chofes donnent de la majefté au culte Si
fixent même l'attention du peuple. D'autres fe plaignent que le peuple en fait
trop de cas, que non coûtent de leur donner plus de valeur qu'elles n'en
méritent, il les regarde auiîî comme des parties effentielles du culte religieux;
que les gens même qui devroient être au delTus des idées populaires par l'éducation
ou par la n.ilflance refpeaent tellement ces ufages, qu'ils s'amuferont,
dit l'Auteur Saxon, à fure bâtir un Autel par un principe de devotion malentendue,
ou tout au moins pour laittér après eux un monument de leur
pieté, au lieu de conCicrer cette dépenfe aux befoins des pauvres. „ On ne
„ s'attache que trop, condnue-t-il, â ces chofes qui ne font qu'exterieures :
„ m.iis qu'il y en a peu qui s'élevent julqu'au Sacrement de l'Autel î ou qui
„ voy.ant un crucifix penfent à ce qu'ils doivent au crucifié?
Enfin il faut remarquer que la Reforme Lutheriene a confervé le chant
d'une partie des Litanies dans l'Eglife, c'eft à dire de celles feulement qui s'adreffent
à Dieu & à f. C. La difcipline ordonne de les chanter le Mercredi
& le 'Vendredi .après le prêche. De jeunes écoliers les chantent au Choeur
comme en&ns de Choeur, & le peuple les chante avec eux. On a confervé
auflî en plufieurs endroits où le Lutheranilnie domine une partie du chant en
Latin. Par exemple, on y chante la Préface en Latin à la plupart des grandes
Fêtes; à Noël, l'hymne qui commence , Puer natus in Betlehem-, à Pâques,
Surrexit Chrißus hodie-, à Pentecôte, Sfiritus SanUi gratia ; à l'Autel après la
Communion , Gloria in excelßs.
Les coutumes qui fuivent font bien moins effentielles au culte religieux:
cependant elles font generalement utiles & même néceflàites. ' Dans les Etats
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