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même tems pnr des imaginations affés ridicules, en leur diCint (a) que N.
S. defcend du Ciel la nuit de Nocl avec toutes fortes de jouets. Une imagination
tout aurti folle eft celle d'emmaillotter un petit entant & de le coucher
dans un berceau pour imiter l'enfance de Notre Seigneur. Une au-^
rre enfin cjui n'eft pas moins extravagante c'eft de fe mafeuer & de fe déguifcr
de toutes fortes de maniérés également (i) ridicules & indecentcs,
ïbuvent même dangereufes, le jour qui précédé Noel. N'oublions pas les
Noels cirantes dans les rues par certains prétendus dévots, qui méritent bien
plutôt d'être appellés mendians de protellîon. Ils chantent louvent ces Nocls
en fiiilànt des faitts ridicules & des gelles extravagans. En Hollande cette prétendue
devotion approche d'une mafcarade complette. Les chanteurs choifiiîent trois des
mieux tournés de leur troupe pour reprefenter les trois Rois qui marchent de
front. Celui du millieu marche gravement avec une grande étoile de papier
blanc qu'il porte au haut d'une perche : dans le corps de l'étoile il y a une ou
deux chandelles allumées. Celui qui la porte la fait tourner en chantant. Les
trois Rois font revêtus de chemilcs blanches 8c couronnés d'une maniéré de
bandeau orné de clinquant. Un d'eux porte un mafque noir fur le vilàge,
quelquefois il eft feulement barbouillé de noir, & fouvent ils le font tous les
trois. Cette fuperftiiion commence à peu près à la mi-Novembre & finit aux
Rois. Mais ne nous arrêtons pas davantage à ces folies populaires.
On a trois Fêtes à Pâques & à Pentecôte, comme à Noël. Ces Fêtes n'ont
rien de particulier du côté des ceremonies, mais du côté des fuperftitions il y
a quelque chofe à remarquer, comme par exemple cette Eau Pafcak, qui guérit
le mal des yeux & rétablit les membres rompus. L'eau palcale n'eft autre
chofe que de l'eau commune puifée à la riviere le jour de Pâques avant le
lever du foleil. On a la même fuperftition pour les chevaux : on s'imagine
que les faire nager dans une riviere le jour de Pâques avant le lever du foleil
les préferve d'être boiteux o a éclopes &c
A Drefde, dit notre Saxon, &: generalement par toute la Saxe l'on plantoit
ci-devant des Mays dans toutes les Eglifès le jour de la fête de l'Afcenfion.
On en remettoit d'autres à Pentecôte, & l'on ne les ôtoit que le jour de la
Trinité. Le Roi de Pologne abolit cette coutume en r 7 r 5 parce qu'elle caufoit
la deftruûion des forêts, & qu'il fe comniettoit beaucoup d'infolences fous
ces Mays, qui d'ordmaire étoient les plus gros & les plus hauts boulaux des forêts
; en forte qu'il fembloit que les Eglifès fuilènt, comme dans les premiers tems,
au millieu des bois. Les autres Fêtes des Lutheriens font, le jour de l'an ou
de la Circoncifion, Fête incomparablement (c) moins ancienne que les quatre
précédentes ; la Fête [d] des trois Rois, ou autrement l'Epiphanie ; la purification
de la fiinte "Vierge, ou la Chandeleur, & l'Annonciation. Ces deux dernieres
Fêtes n'ont ni culte, ni office de la S. V. ni proceffions, ni autres
ceremonies en ufage chez les Catholiques. On folemnife la Fête de la Trinité
le Dimanche d'après Pentecôte, celle de St. Jean E.iptifte le 24. Juin,
& la vifitation de la Vierge le 1 Juillet, comme chez les Catholiques. Enfin
en célébré la Fête de St. Michel Archange, ou pkuôt les devotions Luthe
(*() C ' e f t avec les mcmes folies que les Hollandais amufent leur enfans la veille de la Fête de St.
Nicolas.
• (!>) V o y . le détail de ces mafcarades dans la DifTertation d ' u n autetir nomme Drtchlcrî de Litrvts
Natalitiis imprimée i L i p f i g en
(c) D u 15. fîecle, felon queiques-uns.
(rf) Les Mages, q u ' o n trouve nommés dans je ne fai quels auteurs j^rar, Stfer Pcrmrt^s, o u ^MpcUili-t/s
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