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mis le fit écrire fur le même fiijet au fucccITeur («) de Clement. Ce fut par un
pareil beibin que Paleologue fucceflèur de Cantacuzene offrit auffi une reunion
Lcompagnée de fa part de l'obédience la plus folemnelle & la plus humble
pour un Souverain. Il envoyoit un de fes fils comme otage & comme g.irand
de fa fidélité au Pape. Ildonnoitau Légat du Pape à Conftantinople un pouvoir
prefquc abfolu dans toutes les affaires Ecclefiaftiques : il s'engageoit à foumettre
abfofument les Grecs à l'Eglife Romaine, & declaroit enfin, que s'il lui amvoet
de manquer à ces promeffes, l'Empire feroit tranfporté à fon fils Andronic , &
6 puiffance paternelle au Pape ; en forte que !e Pape pourroit même acquérir
l'Empire au nom de ce fils &c. Telle écoit la nature d'un engagement confeille
par l'Internonce du Pape à un Prince environné d'ennemis, preflé au dedans
par les fiidions des Grecs qui fe detruifbient mutuellement, tandis que les
Turcs favorifés par ces divifions avançoient leurs conquêtes jufqu'aux portes de
Conflantinople. Qiioiqu'il en foit, il ell remarquable la foumiffion ne produifit rien :
les fccours ne furent point fournis, & la négociation refh fans effet. Toutes les
demarches, qui fuivirent de tems à autre l'engagement de Paleologue envers le
Pape, n'eurent pour objet que d'obtenir des fccours qui n'arriverent jamais.
En l'année 15 f j . ce même Jean Paleologue alla à Rome pour demander
aux Princes Latins leur aOillance contre les Turcs qui le preffoient de tous côtes.
L'Empereur Grec fit une profeflion de foi entièrement Catholique, Se conforme
aux intérêts du Pape. J'ajoute qu'elle n'étoit pas moins convenable à ceux
de Paleologue, & que l'état des affaires de ce Prince le vouloir ainfi. Palcolo-
•nie s'en retourna chez lui muni'des lettres de recommandation du St. Pere, &de
quelques unes de fes graces fpirituelles. Peut être que la politique du tems ne perfiiettoit
pas de lui en accorder de temporelles dont il ne pouvoir fe paffcr. Il y
a même beaucoup d'apparence que le Pape n'avoit pas le credit de mieux faire
au milieu des divifions qui brouilloient alors l'Occident. Enfin ce Prmcé
infortuné s'en retourna chez lui G ) plus puvre Se plus foible qu'il n'en étoit
Te paffe legerement fur l'Ambaffade de Jean Paleologue au Pape Urbain V.
& fur quelques lettres entre Jean Cantacuzene, alors Moine, & le Pape Grégoire
X I au fujet de cette reunion des Grecs. Je ne dis rien non plus des lettres
qu'écrivit à (c) Boniface I X . Manuel Paleologue fucceffeur de Jean, m du
voyage que cet Empereur, réduit à la feule Ville de Conftantinople bloquée
alors par Bajazeth (^i) fiit obligé de faire vers les Princes d'Occident pour obtenir
du fecours. Toutes ces démanches ne produifirent aucun effet, m dans le
temporel, ni dans le fpirituel. Les Scliifmes de l'Eglife d'Occident & le fléau
de la guerre, qui fefaifoitfentir en France, en Angleterre & en Allemagne
ne lui laifferent aucun moyen d'être fecouru, & tout ce qu'il obtint en France
fe reduifit à une penfion. Ce fut alors que divers favans commencèrent de
fe refugier en Italie &c acheverent la decadence de ces Grecs fi diftingues autrefois
dans les arts Se dans les fciences.
Au commencement de l'année 1 4 1 8 . Manuel Paleologue envoya des Ambaffadeurs
au Concile de Confiance avec des propofitions de reunion qui ne
fiirent fuivies d'aucun fuccés, quoique des Ecrivains rapportent que cette Ambaffade
w Irniorant V I . éliien I Î 5 1 .
( i ) On affilie même que fes creinciers le firent arrêter à Vcmfc, & que I
l ' a i e n t pour le délivrer.
( c ) E n l'année 1595.
(d) Vers l'année 1400.
1 fils Manuel emprunta de
R E L I G I O N DES G R E C S. 19
baflâde fut favorablement écoutée. Cependant Manuel confervoit toujours le d e t
fein de fe reunir, & même d'y engager lés fujets par un Concile folemnel. Peur
être qu'alors il agiflbit de bonne toi, & peut être auffi qu'il fè conformoit feulement
à fon. intérêt. Qiioiqu'il en Ibit il agit de concert avec le Patriarche J o -
feph. Martin V envoya un (a) Légat à Conftantinople. On propofâ de la parc
des Empereurs Michel & Je.in Paleologues un Concile libre & oecuménique
dans cette Ville : mais le P.ipe y mit pour condition, que ces Prinees fourniroient
aux fraix & à la dépenfe des Prélats Latins, ce qui rendit la
propofition impraticable. D'autre côté les Grecs s'obftinerent à demander
Conftantinople pour le Concile, déclarant en même tems que leur intention
étoit de fe rendre à ce qu'on y determineroit librement, & non pas
d'adhérer aveuglement à Rome & à la doftrine des Latins. On voit par là
que la même defiance continuoit de part & d'autre ; que la politique & les
befbins conduifbient les uns, que le defir de dominer abfblument & de fè rendre
niaitres des opinions gouvernoit les autres.
A la perfuafîon des Peres du Concile de Balle (h) Jean Paleologue leur envoya
fes Ambaffadeurs pour traiter avec eux de l'union de l'Eglife. Ils convinrent
de quelques articles préliminaires, dont les principaux furent qu'on choi-
Croit pour s'affembler que que Ville d'Italie, auffi proche qu'il fê pourroit delà
mer, ou Bude en Hongrie, ou Vienne en Autriche; que l'Empereur Grec
s'y rendroit avec les Patriarches, les Métropolitains &c. jufqu'au nombre de
fept cens perfonnes que le Concile défrayeroit jufqii'à leur retour en Grèce;
qu'on feroit les fraix de l'aflcmblée du Clergé Grec qui fe tiendroit à Conftantinople
"pour l'éleéfion des Députes qui viendroient au Concile ; qu'on fourhiroit
des liommes Se des g.ileres pour la défenfe de ConftântiHèple pendant
l'abfence de l'Empereur , & cela aux dépens du même Concile. Le Concik
de B.iflc ratifia ces Articles, Se après lui le P-ape Eugene. Cependant il fe
trouva des dé&uts dans les termes, & dans les fornalites, des chicanes êt des
variations de la part des Grecs, des brouilleries entre le Concile Se le Pape Eugene
, qui traverferent encore la negoci-ition de B.îfle, mais qui fe terminèrent
pourtant à la tenue d'un autre Concile çcj i Fcrrare, d'oii il fiit transféré
à Florence. - , ^ - .
Les Grecs arrivèrent à Ferrare au mois de Mars de l'année 1458. Après
qu'on eut réglé le Ceremonial entre le Pape & l'Empereur Jean Paleologue,
qui fê trouvoit en perfbnne à ce Concile, on en fit 'ouverture au mois d'Avril
, Se jufqu'à la premiere çd) feffion qui fê tint au mois d'06tobre les
Grecs Se les Latins difputcrent fur les articles conteftes de part & d'.iutre. Les
fèize Sefïîons de ce Concile ne produifirent que de longs difcours, des difputes
vagues Se des conreflarions vaines qui ne deciderent rien Se ne convertirent
perfônnc. Le Concile fe rouvrit à Florence, Se l'on y tint la premiere fefîion à
la fin du mois de Fevrier de l'année 14; y. Il y en eut dix avec les Grecs.
On difputa vivement, mais les difputes ne gagnant rien fut la plus grande
partie des efprits des Grecs échaufés Se obflinés, on chercha d'autres moyens pour
parvenir à une reunion que l'Empereur Grec vouloir procurer à quelque prix
que ce fut. Divers temperamens fè propofèrent enfûite Se fê terminèrent fans
fruit.
<ii) E n 1410. le Cardinal de St. Ange.
( h En 1 4 Î 4.
( 0 En 14; S.
id) C'eft-i-dire avec les Grecs, car le Concile avoir
de la même année.
icé fes felfions dès le moii de Janvier