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136 IL D I S S E R T A T I O N SUR LA
furc ; pour les garçons à 1 5 . ans accomplis & pour les filles à 1 7 . Cela fe pratiqua
ainfi par ordre & du tems de l'Empereur Jullinieii. Dans la fuite les trois
ans forent changes en (ix mois : il eft vrai que fous l'habit de Laïque le poftulant
pratiquoit pendant quelque tems les devoirs de la vie monaftique. Si
après l'épreuve il perfeveroit dans fon deflèin, le Supérieur le menoit à l'Eglife
& lui adreffoit ces paroles ; „ Nous voici en préfence de l'Ange du Seigneur,
„ devant qui il ne faut pas mentir. N'eft ce pas pour éviter le châtiment dé
>> quelque &ute, que vous voulés vous retirer dans cette maifon ! ne leroit-ce
„ pas quelque chagrin domeflique, quelque dépit amoureux, quelque affaire
,, criminelle, qui vous amenetoit parmi nous ? Le Poftulant repondoit, je ne
„ quitte le monde que pour vaquer à mon falut &c. alors le Supérieur lui
„ donnoit l'habit, & après les prieres convenables lui coupoit une trefle de
„ cheveux, qu'il attachoit avec un morceau de cire contre la muraille tout près
„ de l'Autel". Cette ceremonie fe pratique encore de la même maniéré, (èlon
(a) un Auteur Grec moderne; mais cependant la di&ipline eft extrêmement
relâchée. On reçoit fouvent des Religieux de dix ou douze ans : ce font,
dit Tournefort, des fils de Papas à qui on montre à lire & à écrire , & que
l'on employe en même tems aux offices les plus vils, ce qui leur tient lieu
de noviciat. Au refte je ne reviens point à leurs Jeunes & i leurs Carêmes, ni
à leur façon de fe nourrir, qui eft très mefquine , & je ne touche pas non
plus à leur extrême mal propreté, qui,felon les Voyageurs, leur eft commune
avec les autres Eccléfiaftiques.
Pour ne pas diftraire les Moines de leur Office & de leurs autres devotions,'
il y a dans chaque Couvent quelciues fieres Lays qui prennent l'habit monacal
, & s'obligent de vivre felon les regle de la Communauté. On les nomme
les convertis. „ Ce font, dit Ricaut, des perfonnes dégoûtées du mon-
„ de, ou coupables de quelque péché mortel, qui embraflènt l'inftitut aufte-
„ re de St. Bafile, pour mieux vaquer à leur falut. On fe repofe fur eux,
„ continue-t-il, de toutes les affaires domeftiques; ils ont le foin du bétail...,
„ Le foin de la culture de la vigne eft auffi de leur dépendance . . . les Re-
„ ligieux pouv.int boire ce qu'ils ont dans leurs propres caves". Ceci me rappelle
un ufage affés particulier des Moines d'un certain Couvent d'Arcadi.
Tournefort (h) nous apprend qu'ils ont une cave pourvue du meilleur vin ,
auquel on ne touche pas, fans la permiffion du Supérieur, qui jaloux d'une
fi belle abondance la bénit tous les ans après les vendanges.
Les Monafteres ont leur Quêteurs, qu'ils envoient de côté & d'autre, même
dans les pais éloignés pour y recueillir les contributions & les aumônes.
Ricaut nous dit que ces Quêteurs font cinq ans en charge, qu'après s'être acquittés
de leur commiflion, ils s'en retournent au Couvent & fe retirent dans
des cellules particulières un mois entier, qu'ils employent à examiner leur conduite,
& les péchés qu'ils ont commis, afin d'en faire réparation à Dieu.
Selon Tournefort (c) toutes les portions font égales dans les Monafteres
Grecs. Le Supérieur n'eft pas mieux nourri que le dernier de la maifon : ôc
il en eft de même de tout ce qui regarde les autres befoins de la vie. J'ajoute
ici touchant les ufages des Moines au Refeiloire, ce que me fournit (j) Whe-
1er.
(a) Chrißoph, u4ngelMs de Statti Croec. Cap. j 8.
(b) yejages an Levant Lettre I.
fO Tournefort ubi fup. Lettre I IL
(d) Voyage en Dalmatic, Grece 2cc. pag. j t f j . dans b Defcription d'un Couvent de k Beoùc.
R E L I G I O N DES G R E C S. 137
ier. Ils ont plufieurs Offices & plufielirs Ceremonies avant & aprcs le clinen
Avant que de fortir du Refedtoire, ou préfence un morceau de pain dans un
plat &c l'on mcc une coupe de vin devant l'Hegutnewe jC^ui eft aflis au defTus dcf
îés Moines'à une petite table particulière. L'Hegumene fait une efpèce de confécration
de ce pain & de ce vin par quelques prieres. Apres cela on fait le
tour du Rcfeftoirc avec ces offrandes ; chacun rompt tant {bit peu du morceau
de pain, & boit une goûte de vin. La ceremonie finit par quelques prieres,
& chacun retourne à (à cellule.
Pour ce qui eft des Religieufès, il s'en &ut bien, nous dit Tourneforti
quelles ne vivent avec autant dauftetité que les Moines. „ La plupart font des
Magdelaines nutigéesj^ui ftu le retour font voeu de ménager des vertus
„ qu'elles ont fort negligees dans leur jeunefle. Elles fe retirent enfin dans un
j, Monaftere, pour y mener une vie un peu moins fcandaleufe, (bus les yeux d'une
„ [a] Supérieure". Ricant dit auffi que la vie de ces Religieufes n'eft ni fi rigide,
ni fi auftere que celle des Caloyers. Entre ces Religieufes les unes font
des filles devenues pieufes & devotes, qui fe vouant à la pauvreté & à la chat
teté s'enferment dans un Couvent pour Çt detacher du monde, les autres
font des veuves, qui reconnoiflant leurs péchés, & peut être aullî que le monde
commence de les oublier, fongent à fè retirer avec honneur, travaillent à (è
convertir, font pénitence &: s'accoutument enfin à la devotion: car en toutes choies
il y a toujoLy:s je ne (ai quelle habitude, qui rend agrcable & amulânt ce qui paroiCfoit
auparavant incommode & difficile. On pourroit trouver telle devote qui
ne repalle pas moins agréablement fès péchés & ceux des autres à l'âge de foixante
ans , qu'une coquette confommée le nombre de fes galanteries à l'âge de
vingt cinq. De même tel vieillard {è frappe du plaifir de mediter fur les chofes
fpirituelles, comme un jeune homme de celui de fe rappeller fes conquêtes
amoureu(ès. Voilà l'effet ordinaire de ces devotions tardives & de celles qui ne
fuivent que trop fouvent une palTion dépitée, {h) Ces Religieufes fuivent la
regie & la difcipline des Moines. Elles s'occupent dans le Couvenr à plufieurs
fortes d'ouvrages qu'elles revendent aux Turcs, & l'on nous alTure que
ceux-ci ont de grans égars pour elles. L'Abbé du Couvent auquel celui de
ces Religieufes eft foumis leur envoye pour Prêtre & pour Confcffeur un de
fès plus vieux Religieux dont la reputation eft le mieux établie.
J e paffe aux Moines du Mont (c) Athos, que les Grecs appellent la (àinte
Montagne, & qui, pour me fervir de l'expreffion de Belofij eft aux Grecs ce
que Rome eft aux Catholiques. Tournefort nous dit brufquement,que les Couvens
du Mont Athos, quelques réguliers qu'ils paroiflent, fournilTent les fourbes
les plus dangereux, bien loin d'élever des hommes apoftoliques, capables
de rétablir la Diicipline Ecclcfiaftique. On prétend auili que ces Moines (è
font fort corrompus depuis environ l'année 1 4 5 0 . Ricaut parle tout autrement
que Tournefort, {d) „ Ces Religieux, dit-il, font pour la plupart des
, , ames faintes & pieulês, attachées à la devotion & à la mortification.... ils
„ s'entretiennent toujours des chofes celeftes, avec une veneration finguliere. De
,, for-
(d) En Grec vulgaire, Hegumenife.
(») Aliac. de Ecclef. Occid. Orient. Confenj e I . . ITT. C . S
(.b) Cette Montafjiie eft de la Macedoine & fait une efpèce de prefqu'Ile du côté de la mer Egée.
( f ) Etat de l'EgUfi Grecejue Chap. X I . Il commence le Chapitre par dire „ qu'il n ' y a pas de lieu
„ fur la terre que l'on piiifTe mettre en p " r . . . .
„ à l a d o d r i n e d e l a F o iC
parallèle avec cette Montagne , oii l'on conferve rehgieufement
le, & l'ancienne auftériié de la vie.
Tome IIL Part. I. Mm
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